lisboaTitre : Bleu corbeau
Auteur : Adriana Lisboa
Éditeur : Métailié
Littérature brésilienne
Traducteur : Béatrice de Chavagnac
Nombre de pages : 224
Date de parution : 19 septembre 2013

Auteur :
Adriana Lisboa est née en 1970 à Rio de Janeiro où elle a passé la majorité de sa vie.
Elle a vécu en France et partage aujourd’hui son temps entre le Brésil et les Etats-Unis.
Après des études de musique et de littérature, elle devient enseignante puis auteur et traductrice. En 2001, elle publie Des roses rouge vif. Salué par la critique, ce roman l’élève au rang des auteurs les plus importants de la nouvelle génération littéraire brésilienne, Elle a reçu en 2003, le prestigieux prix José Saramago.

Présentation de l’éditeur :
Après la mort de sa mère, Evangelina décide de quitter Rio pour les États-Unis, où elle est née treize ans auparavant, et d’y retrouver son père. En compagnie de Fernando, l’ex-mari de sa mère, et d’un petit voisin salvadorien, Carlos, elle recueille les souvenirs des autres pour organiser sa propre histoire. Au cours de ce voyage à travers le Colorado et le Nouveau-Mexique, en écoutant les récits de Fernando, qui a fait partie d’une guérilla maoïste en Amazonie dans les années 70, elle prend conscience du passé du Brésil.
Dans un style sobre et élégant, Adriana Lisboa nous propose une réflexion sur l’appartenance et la construction de soi. Tous ses personnages sont en transit, ils habitent tous des lieux précaires, mouvants, parlent des langues qui ne sont pas les leurs, les mêlent. Elle raconte ces mémoires provisoires, faites de souffrance bien sûr mais aussi remplies d’amitiés sincères, et termine ce roman au moment où la vie de son héroïne commence vraiment, où elle occupe dans le monde un espace qui lui appartient.

Mon avis :
Quand on lit beaucoup, on apprécie un ton, un style différents. Est-ce pour cette raison que je fus conquise pour ce roman ?
Le scénario est simple. Evangelista, jeune fille de treize ans qui vient de perdre sa mère, Suzana, quitte le foyer de sa tante  et le Brésil pour rejoindre dans le Colorado, Fernando, l’ex-mari de sa mère. Son objectif est de retrouver la trace de son géniteur.
La narratrice, Evangelista a aujourd’hui grandi mais elle raconte ces années d’adolescence en quête de ses racines.
La construction est étonnante. C’est un vrai puzzle qui mêle le récit de cette quête, le passé de Fernando et celui de sa mère que la jeune fille reconstitue grâce au souvenir des discussions  avec sa mère ou au fil des confessions présentes de Fernando, mais aussi quelques bribes du futur puisque la narratrice est aujourd’hui adulte.
Avant de rencontrer Suzana, Fernando était un jeune communiste, engagé dans l’Académie militaire de Pékin dans les années 60 puis guerillero dans la forêt amazonienne. C’est l’occasion de revenir sur le passé du Brésil avec la dictature militaire, les tortures subies par les membres de la guerilla. Et c’est aussi une vision de l’exil puisque Fernando a dû quitter le Brésil,  ce fut aussi le cas pour Suzana à une époque et c’est la vie de nombreux habitants sans papiers venus d’ici ou d’ailleurs comme le jeune et touchant Carlos, le petit voisin de Fernando.
L’attrait de ce récit réside dans un subtil dosage des choses, une façon d’amener une révélation puis de passer à l’évènement suivant et y revenir avec l’essentiel. La perception d’une adolescente donne à la fois de l’humour simple, de l’évidence et de la naïveté aux évènements. C’est une jeune fille qui découvre la poésie, la neige, la torture, le vieillissement, l’amour, les conditions des immigrés, la mort, la vie.
 » Pourquoi les gens passaient ainsi de la vie d’une personne à celle d’une autre, changeaient de ville, changeaient de pays et gagnaient de nouvelles nationalités? »
 » Je me demandai si l’espace qu’une personne occupe dans le monde lui survit. »
L’émotion est présente, sans être lourde, dans chaque rencontre. Tous les personnages (sauf les militaires) sont aimables et bienveillants.
Fernando, au passé si complexe, est un être calme, vieillissant, un peu désabusé, content de pouvoir aider Vanja en mémoire de sa mère.
 » Quand l’ennemi avance, on recule, et quand on doit reculer, on trébuche parfois sur soi-même. »
Carlos, ce jeune immigré salvadorien, est touchant par sa naïveté d’enfant, sa volonté d’apprendre et son attachement à Vanja.
On rencontre aussi Florence, une grand-mère artiste perdue dans son monde lunaire,ou  June et Isabel, deux anciennes amies de Suzana lors d’un voyage au Nouveau-Mexique.

Je vous recommande cette lecture que je classe en coup de cœur pour sa différence, sa construction certes un peu complexe mais maîtrisée, son émotion retenue.
 » Puis il détourna les yeux, ni lui, ni moi, nous n’aimions les paroles à l’eau de rose, même celles qui n’arrivaient pas à la surface de l’eau et restaient en embuscade. La simple possibilité, la seule chance qu’une telle chose puisse exister risquait de rendre le monde mou et douceâtre, or dans un monde mou et douceâtre, les gens ne vivent pas, ils ne font que glisser et se lamenter. »

RL2013 plume  13 auteurs

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

14 novembre 2013 à 12 h 05 min

Quand on croit avoir fait le tour des bouquins intéressants de la rentrée, il y en a toujours un de plus à découvrir… Celui-ci me semble particulièrement attirant, merci d’en avoir parlé !



15 novembre 2013 à 6 h 10 min

Merci de nous faire découvrir une nouvelle auteure ! je le note.



clara
15 novembre 2013 à 7 h 42 min

Coup de cœur? Noté !!!!



alexmotamots
15 novembre 2013 à 12 h 17 min

Que de bons arguments pour me donner envie de lire ce roman.



15 novembre 2013 à 18 h 20 min

Je vais essayer de le trouver, ta chronique donne envie de découvrir cet auteur



12 mars 2015 à 12 h 33 min

J’ai hâte de le lire ! Et apparemment l’auteure sera au Salon du Livre de Paris cette année !



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