abbottTitre : Fairyland
Auteur : Alysia Abbott
Titre original : Fairyland
Littérature américaine
Traducteur : Nicolas Richard
Éditeur : Globe
Nombre de pages : 320
Date de parution : 12 mars 2015
Auteur :
Alysia Abbott est la fille unique du poète Steve Abbott. Journaliste et critique, elle vit actuellement à Cambridge, dans le Massachusetts, avec son mari et leurs deux enfants.
Présentation de l’éditeur :
1974. Après la mort de sa femme, Steve Abbott, écrivain et militant homosexuel, déménage à San Francisco. Avec sa fille de deux ans, Alysia, il s’installe dans le quartier de Haight-Ashbury, le centre névralgique de la culture hippie.
Mon avis:
 » Car il n’était pas facile d’être un père célibataire homosexuel dans les années 1970. Il n’existait pas de livres à ce propos, pas de logiciel Listserv, comme il y en aurait quelques décennies plus tard. Il n’y avait pas de modèle. Pour le meilleur comme pour le pire, mon père inventait les règles au fur et à mesure. Son seul guide était la conviction solide qu’il ne voulait pas que je sois élevée comme lui l’avait été. »Dans sa jeunesse, Steve Abbott n’a jamais pu affirmer ce qu’il était. Son mariage avec Barbara ressemble à un piège qui « pompe toute son énergie » d’auteur. Alors, lorsqu’elle lui annonce qu’elle est enceinte, il préfère la dissuader mais cette fois, Barbara veut vraiment être mère. Et pourtant, même si Steve n’était pas prêt à être père, il décide à la mort de sa femme de s’occuper seul de la petite Alysia.
Alysia Abbott nous confie le quotidien de cette relation fusionnelle, éclatante d’amour exclusif et réciproque, entravée parfois d’une envie de liberté de chacun à différentes époques de la vie, mais durable grâce à cette volonté à prendre soin de l’autre même si les objectifs personnels sont souvent différents.
Steve Abbott peine à travailler, à trouver des amants, à faire durer une relation en présence d’une petite fille dépendante et avide de réconfort suite au décès de sa mère. Alysia est élevée dans un milieu atypique régi par l’amour et empreint d’une grande liberté. Confiné dans cette vie de bohème, la scolarisation est difficile. Elle aussi, a très vite l’impression d’être différente. La peur et la solitude l’accompagnent.
Chacun fait toutefois de son mieux. Steve trouve des travaux d’appoint pour vivre sa passion de la poésie et entretenir le foyer. Alysia prend le bus seule dès huit ans pour aller à l’école, accompagne son père lors des lectures de groupe, se plaint rarement.
« Toutefois, en grandissant, au fur et à mesure que je me mettais en phase avec le monde alentour, ce à quoi j’aspirais le plus, plus que tout autre chose, c’était à être acceptée. Son côté homo affiché est devenu mon point faible, mon tendon d’Achille. » ( personnellement j’aurais traduit talon d’Achille…)
Elle, en crise d’adolescence. Lui, en crise de manque suite à une période de désintoxication. Les relations sont parfois difficiles mais l’amour est souvent plus fort que les petites querelles.
Elle, découvre la musique New Wave, trouve de nombreuses amies, part étudier à New York puis à Paris. Lui, continue à valoriser la littérature d’auteurs et poètes homosexuels, puis est très vite confronté à l’épidémie de sida qui décime ce milieu. A l’été 1986, Steve est détecté positif. Ce sont souvent les organisations homosexuelles qui interviennent en lieu et place du gouvernement auprès des malades isolés et abandonnés. Steve passera tous ses vendredis auprès d’un jeune sidaïque SDF de vingt-cinq ans.
 » lui tenir compagnie tous les vendredis et observer son courage et sa dignité face à cette maladie a été l’une des expériences les plus intimes, les plus stimulantes de ma vie. »
Les relations avec sa fille sont exclusivement épistolaires.  » Chaque lettre soigneusement composée devenait un acte de foi, une pièce de monnaie jetée dans un puits, accompagnée d’un souhait fervent gardé secret. »
Sachant ses jours comptés, assagi par une maladie qui devient son « professeur spirituel« , Steve enrichit ses relations avec Alysia, prodiguant conseils et réconfort.
Puis, affaibli par la maladie, ses lettres deviennent plaintives, égoïstes, réclamant un juste retour des choses, un sacrifice de sa fille. A vingt ans, la tête pleine de projets, de liberté et d’insouciance, le confinement auprès d’un malade est difficile.
Derrière cette tendre et mouvementée relation entre un père et sa fille, Alysia Abbott dresse le portrait du quartier hippie de San Francisco, évoque Harvey Milk, le tremblement de terre d’octobre 89. San Francisco fut la première ville à connaître des niveaux épidémiques de la maladie du sida.
Avec un style très épuré, d’une grande simplicité, Alysia Abbott percute pourtant le lecteur avec la puissance de cet amour entre elle et son père et donne même une certaine magie aux lieux .
Fairyland est ce repère de bonheur partagé pourtant empreint des réalités de l’existence d’un père, gentil Peter Pan poète et de sa Wendy au milieu des enfants perdus de la génération sida.
 » Quand je repense à papa aujourd’hui, c’est avant tout son innocence qui me revient à l’esprit. Sa gentillesse. La douceur de ses manières. Ce n’était pas un dur. Aucune des tragédies qu’il avait vécues – la perte de sa femme, le fait de se sentir rejeté par sa famille et ses amants- ne l’avait endurci de façon visible. ses mains étaient soyeuses. Il avait une peau pâle et des taches de rousseur.  »
« Mon père est mort le 2 décembre 1992, deux mois après avoir emménagé au centre de soins palliatifs, quatre jours avant mon vingt-deuxième anniversaire et trois semaines avant Noël, date à laquelle j’avais dit que je voulais m’en aller. »
Ce livre sera adapté au cinéma par Sofia Coppola.
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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

17 avril 2015 à 17 h 34 min

Bon, tu m’as définitivement convaincue, Je vais l’acheter très vite!



17 avril 2015 à 20 h 23 min

Je l’ai aperçu en passant en coup de vent dans ma librairie l’autre jour… Je n’ai pas eu le temps de me pencher dessus, mais tu me donnes terriblement envie d’aller l’acheter !



    18 avril 2015 à 7 h 37 min

    La couverture accroche mais ne déclenche pas vraiment l’envie de lire. L’auteur explique d’ailleurs en fin de livre que cette photo est celle prise pour la couverture du premier roman de Steve Abbott.



17 avril 2015 à 21 h 41 min

Pour cette fois je ne suis pas convaincue. Mais je croyais que tu devais publier un article sur La dictature des ronces ? J’attendais avec impatience ton avis sur ce roman qui me tente énormément.



18 avril 2015 à 9 h 50 min

Je l’ai noté… reste à ce que je trouve l’occasion !



18 avril 2015 à 12 h 27 min

Je l’ai repéré je ne sais plus où mais je pense qu’il pourrait vraiment me correspondre alors c’est noté 😉



18 avril 2015 à 14 h 43 min

Je veux le lire aussi. Je ne connaissais pas et avant de voir le film qui en sera tiré, j’aimerais bien mettre la main sur le livre. Noté.



19 avril 2015 à 17 h 47 min

Adapté par Sofia Coppola ? Excusé du peu…..



19 avril 2015 à 19 h 17 min

C’est assez bouleversant. j’imagine ce qu’a du être la perte d’un tel père…



21 avril 2015 à 10 h 46 min

Oh, ce livre a l’air très bien. Harvey Milk, Sofia Coppola et San Francisco à cette époque cruciale. J’ai très envie de le lire.
merci pour ce billet
Oui erreur dans la traduction, les deux existent (le talon d’Achille et le tendon d’Achille, mais l’un est lié à la mythologie et signifie le point faible (Achilles’ heel) et l’autre est un terme anatomique qui désigne le tendon calcanéen au-dessus du talon du pied) …



24 août 2016 à 13 h 47 min

une très belle déclaration d’amour que j’ai eu plaisir de lire !



10 janvier 2018 à 12 h 26 min

Il y a quelques liens avec Dizzy de Claire Veys : la paternité, la musique, et les conditions de vie marginales des pesonnages, c’est vrai…



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