Nair1Titre : Dans les jardins du Malabar
Auteur : Anita Nair
Littérature indienne
Titre original : Idris, keeper of the light
Traducteur : Dominique Vitalyos
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 440
Date de parution : 2 juin 2016

Anita Nair me ramène à la période des empereurs Moghol ( Les ravissements du Grand Moghol de Catherine Clément) mais cette fois avec les aventures d’un marchand africain sur les côtes du Malabar ( sud ouest de l’Inde) au XVIIe siècle.

Idris, encore jeune garçon somalien, perd son œil droit lors d’un ouragan qui surprend la caravane de son père, Samataar Gulid, marchand de la route de la soie. Trente cinq ans plus tard, de nouveau en Inde et devenu marchand itinérant, il assiste à la fête du Mamangam, grande foire organisée par le nouveau Zamorin. Là, il rencontre un jeune garçon, aussi noir que lui qui rêve de devenir Châver, ces guerriers dont l’objectif est d’assassiner le Zamorin. Très vite, Idris devine que Kandavar, ce jeune garçon de neuf ans n’est autre que son fils, issu d’une relation éphémère avec Kuttimalu, femme nayar, noble de caste inaccessible à Idris.

 » Idris Maymoun Samataar Gulid, Originaire de Dikhil, éternel voyageur qui cherche la mesure de la Terre et de l’homme. » se retrouve imperceptiblement tiraillé entre  » son besoin de vagabonder jusqu’alors irrépressible de ses pieds et de son esprit » et sa nouvelle responsabilité de père.
«  On pensait à soi à travers son enfant, on réprimait ses autres projets, cessant d’accorder la priorité à celui que l’on voulait être. »

De haute stature, parlant plusieurs langues, avec son œil d’or et ses multiples connaissances, Idris charme naturellement son entourage. Il convainc l’oncle de Kandavar de le laisser emmener l’enfant un an à travers le pays, l’éloignant ainsi de ses instincts guerriers qui le poussent vers une mort inéluctable.
Même si la religion hindoue interdit de traverser la mer, Idris embarque Kandavar sur un bateau vers Ceylan en compagnie d’un jeune Khalasi ( marin), Sala Pokkar.
«  il avait entraîné le garçon loin de ses repères afin de lui inculquer une notion d’émerveillement face à la vie, de l’initier aux splendeurs d’un monde situé par-delà son horizon. »
Pour Kandavar ( et le lecteur) commence l’aventure. Apprendre à lutter contre le mal de mer, à naviguer avec les étoiles, découvrir la pêche aux perles vers Tûttukuti, l’extraction de diamants à Kollur. Chaque fois, Idris se débrouille pour entrer sur les marchés dominés par les colons portugais puis néerlandais.

Anita Nair crée un personnage énigmatique, ensorcelant et captivant avec Idris, cet homme qui donne de  » la profondeur au plus infime détail. » Ses périples placent ce roman sous le signe de l’aventure avec une découverte de l’Inde de l’époque marquée par les règles des castes, les lois et coutumes.
Dans cette quête incessante de l’aventure et de la bonne affaire, Idris commence à percevoir grâce à son fils le souvenir, la compassion, le repos apaisé de l’homme qui peut trouver son foyer.
 » Depuis de nombreuses années, Idris s’abstenait d’avoir recours au réconfort de la mémoire…Or voilà que ce passé revenait le hanter de plus en plus souvent. Était-ce à cause de Kandavar? Le passage à la paternité du nomade qu’il était avait-il déclenché un bouleversement... »

L’époque complexe et le vocabulaire ( recensé dans un glossaire en fin de roman) issu des langues parlées par Idris ( malayalam, somalien, arabe) compliquent la plongée du lecteur dans cette grande aventure. Les voyages, les péripéties qui s’enchaînent ne laissent pas de répit mais éloignent aussi des sentiments des personnages. Le lien père-fils se situe davantage dans la découverte des événements que dans la compréhension mutuelle, donnant, à mon grand regret, une prédominance de roman d’aventure.

Toutefois, ce roman est le premier volet d’une trilogie et je perçois très bien ( peut-être à tort) comment le côté humain et l’histoire du pays peuvent venir intensifier la force des personnages, tant pour Idris que pour les personnages secondaires auxquels le lecteur s’attache en seconde partie du roman.

Même si la lecture de ce premier tome ne m’a pas totalement séduite, l’envie d’en savoir davantage et de densifier cette première partie est évidente. Anita Nair est parvenue à faire miroiter une belle promesse.

J’ai lu ce titre dans le cadre d’une Masse critique spéciale et je remercie Babelio et les Editions Albin Michel pour cette découverte.

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Auteur

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Commentaires

Sandrine
7 juin 2016 à 9 h 57 min

Anita Nair semble avoir bien des cordes à son arc. Je l’ai découverte grâce au roman policier, et je ne doute pas de la relire dans d’autres genres.



7 juin 2016 à 11 h 53 min

Effectivement pas si convaincue que cela. Anita Nair a pourtant la réputation d’offrir des voyages très humains, tu as donc raison de persévérer.



7 juin 2016 à 13 h 36 min

Il me faisait très envie celui-là !! Je vais sans doute le garder pour l’été, lire à l’ombre





8 juin 2016 à 8 h 52 min

Je n’ai jamais été très emballée par ses romans, j’ai donc abandonné !



8 juin 2016 à 10 h 12 min

Il a l’air compliqué mais j’aime bien ce que tu en dis… Je me laisserai bien tentée du coup !



10 juin 2016 à 23 h 58 min

Les premiers livres traduits en français, dont Compartiment pour dames, ont été publiés chez Picquier. Ils étaient au nombre de 3 ou 4 et étaient très bien (envie de les relire). Les suivants ont été publiés par Albin Michel, Picquier s’étant détourné de l’Asie du Sud. Et je suis plus mitigée. Je ne lirai pas ce nouveau roman.



    11 juin 2016 à 7 h 57 min

    C’est bien pour cela ( reprendre des anciennes publications) que j’ai choisi la nouvelle édition de Compartiment pour dames dont j’ai entendu le plus grand bien.
    Quelque soit l’éditeur, l’auteur garde sa qualité, non?
    Même si côté lecteur, j’ai davantage d’affinités avec la ligne éditoriale de certains éditeurs.
    Mais je fais confiance à ta connaissance de la littérature indienne.



      11 juin 2016 à 21 h 39 min

      Le premier roman publié par Albin Michel n’avait pas les qualités de ceux publiés par Picquier. J’ai trouvé qu’il était vraiment destiné à un public occidental. Le suivant, « L’inconnue de Bangalore », était mieux. Celui qui vient de paraitre ne me tente pas.



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