IrvingTitre : Avenue des mystères
Auteur : John Irving
Littérature américaine
Titre original : Avenue of Mysteries
Traducteur : Josée Kamoun et Olivier Grenot
Éditeur : Seuil
Nombre de pages : 515
Date de parution : 6 mai 2016

John Irving, grande figure de la littérature américaine, est un spécialiste de romans denses, sinueux dans un monde selon bien des personnages.
L’auteur aime à retrouver les mêmes ingrédients dans ses différents romans. On retrouve donc ici un cirque, un orphelinat, les années sida, Shakespeare, la religion et quelques moments surnaturels.
Écrire un roman : «  on a l’impression de faire un long parcours, parce que cela représente beaucoup de travail, mais en réalité, on revient sur d’anciens sujets, on se traîne en terrain familier.« 

Juan Diego, né au Mexique, vit aux États-Unis depuis quarante ans. Professeur d’université retraité et écrivain, à cinquante quatre ans, il est conscient d’avoir vécu deux vies : une vie mexicaine pendant l’enfance et l’adolescence à Oaxaca et une vie américaine dans l’Iowa.
«  Il vient toujours un moment, dans l’enfance, où la porte s’ouvre pour laisser entrer l’avenir. » Pour Juan Diego, cette phrase de Graham Green est erronée car ce moment n’est pas unique.
Quels événements ont fait basculer sa vie à quatorze ans. Aujourd’hui contraint à la prise de bêtabloquants, il souffre de ne plus se souvenir. Contre l’avis de son médecin, Rosemary Stein, il n’hésite pas à s’arranger avec ce traitement afin de contrer les effets indésirables.
 » Tes bêtabloquants, ils me bloquent aussi la mémoire, ils me volent mon enfance, ils me volent mes rêves!« 

En voyage vers Manille, afin de tenir une promesse faite à un objecteur de conscience hippie réfugié autrefois à Oaxaca, Juan Diego rencontrent deux femmes étranges, Miriam et sa fille Dorothy. Pour rêver et pour satisfaire ses deux dames gourmandes, l’écrivain jongle entre bêtabloquants et viagra. A chaque rêve, le lecteur plonge dans son enfance…
«  le passé était le vrai domicile de Juan Diego. Il revivait encore et toujours, les pertes qui l’avaient si profondément marqué. »

Juan Diego est un enfant de la décharge. Avec sa jeune sœur, Lupe, ils vivent chez El Jefe, le patron de la décharge. Leur mère est une prostituée qui travaille aussi à l’Église de la Compagnie des Pères Alfonso et Octavio.
L’enfant a appris à lire seul en mexicain et en anglais grâce aux livres récupérés dans la décharge. Il est aussi le seul a comprendre le langage de Lupe, enfant télépathe et voyante, même si elle lit mieux dans le passé que dans l’avenir.
Lupe déteste cette vierge monstre qui trône dans l’Église des pères jésuites. Elle préfère la vierge de Guadalupe qui, toutefois les décevront lors d’un voyage à Mexico dans l’avenue des Mystères.
 » le tour de passe-passe catholique avait fait du sanctuaire une véritable ménagerie. »

Un accident de voiture qui le rend boiteux, la fin de la mère tuée par la chute du nez de la vierge monstre, sa crémation avec un chiot, un gringo et le nez de la vierge, l’impossibilité de devenir un acrobate, le destin de Lupe ou celui d’une jeune acrobate, ce voyage raté à Mexico et ses déceptions religieuses, son adoption par un jésuite défroqué tombé amoureux d’un travesti, leur mort pendant les années sida, lequel de ces événements l’a conduit à l’âge adulte, lui a ouvert ce destin et pas un autre.
 » L’enchaînement des événements, la trame de nos vies, ce qui nous mène sur le chemin, vers les buts que nous nous sommes fixés, ce que nous ne voyons pas arriver et ce que nous faisons…autant de mystères, autant d’angles morts. Autant d’évidences, aussi.« 
Avec des allers-retours entre la vie un peu décousue de l’homme adulte qui aime encore contrer son ancien élève trop catégorique, notamment sur les interdictions de l’Église, qui croise les fantômes de soldats américains apeurés par les tortures de la guerre du Vietnam et qui prend du plaisir auprès de ces étranges succubes et le passé très coloré du jeune mexicain, John Irving nous emmène sur l’avenue des mystères d’une vie. Celle de Juan Diego qui jamais n’oubliera d’où il vient.
Ce dernier roman de John Irving n’est certes pas le plus facile à lire.  » La vie est un modèle trop bordélique pour un roman. » Toutefois, l’imagination, l’extravagance et le regard sur de grands sujets comme la religion, la charité ou la tolérance comblent largement l’habituelle sinuosité du récit narratif. Si je ne me suis pas vraiment attachée au personnage de Juan Diego ( la personnage adulte rompt le charme de l’enfance), les personnages secondaires comme Lupe, Eduardo, Flor et Vargas sont remarquables.

Auteur

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