Titre : Ubasute
Auteur : Isabel Gutierrez
Éditeur : La fosse aux ours
Nombre de pages : 128
Date de parution : 19 août 2021

 

La fosse aux pépites

Si vous cherchez un court roman poétique, plein de force et d’humanité, vous trouverez forcément votre bonheur chez La fosse aux ours. Avec son premier roman Ubasute, Isabel Gutierrez a trouvé sa maison.

Ubasute

L’ubasute est une coutume ancestrale au Japon qui consiste à porter un infirme ou un parent âgé sur une montagne ou un endroit isolé afin qu’il attende la mort. Marie sent son corps l’abandonner, la douleur en son ventre est plus vive. Mais elle ne veut plus des traitements et des séjours à l’hôpital. Elle convoque pierre, son fils, lui dit qu’il est temps de l’emmener sur la montagne pour son dernier repos.

J’irai sur ton dos, en silence. Une dernière fois, au sommet. Je me suis souvent demandé quel objet j’allais emporter. Quelle forme prendrait ma pierre de patience.

Marie, un personnage lumineux

Si la maison regorge de livres, elle n’emportera qu’un bol et une natte tissée sur laquelle s’allonger. En chemin, sur la chaise à porteur dans le dos de son fils, elle raconte en silence ses souvenirs. Elle a toujours été une enfant solitaire et taiseuse. Démarrant dans la vie avec la solitude immense d’un être jumeau disparu, elle affronte le départ de son père, excédé des crises de la mère. Plus tard, c’est le corps de son mari qui disparaît en montagne.

La conscience d’avoir ne pesait rien au regard de la peur de le perdre.

Ses récits sont grandioses, empreints d’histoire et d’amour. Ce sont les voix d’un grand-père qui a fui la guerre contre Franco, le souvenir d’une période de confinement, sa fuite à quarante-cinq ans quand elle se sent seule sans ses trois enfants partis vivre leur vie. Ce sont les mots d’une enfant, d’une femme, d’une mère. de belles histoires d’amour avec leur versant sombre.

Le Taj Mahal

Ce monument de marbre blanc est pour tous le symbole de l’amour. Il fut construit par l’empereur moghol musulman Shâh Jahân en mémoire de son épouse. Pourtant, les légendes soulignent la cruauté et la misogynie de l’empereur. Un pan de l’histoire peu connu des couples qui s’immortalisent devant ce monument.

Le Taj Mahal est un leurre, certes parfaitement équilibré, mais si dénué de douceur et d’amour, si loin de la beauté.

Cette histoire rédigée par la jeune Marie dans un petit livret bleu peut sembler superflue dans le récit de ses souvenirs mais elle est très intéressante.

Tu sais, Pierre, en vieillissant, je me suis aperçue d’une chose assez étrange; les gens s’imaginent que la perte, celle d’un être ou d’un objet, nous rend plus sensible. C’est faux, notre sensibilité se nourrit de ce que l’on nous donne et certainement pas de ce que l’on nous prend.

Un premier roman réussi

Ubasute, ce rite ancestral est intime et beau. Faire corps avec la nature, cheminer auprès d’un fils, confesser ses derniers legs et souvenirs, témoigner de la véritable beauté de la vie. Quelle douceur et quelle lumière! Les citations en début de chapitre, la langue, les récits et les ressentis de la mère et du fils, tout contribue à faire de ce premier roman une petite pépite.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

19 août 2021 à 10 h 48 min

Ah oui votre article donne très envie de lire Isabelle Guiterriez, merci , très bonne journée



22 août 2021 à 14 h 48 min

très belle chronique, je le note 🙂



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