Titre : L’homme qui arrêta le désert
Auteur : Damien Deville
Editions : Tana
Nombre de pages : 144
Date de parution : 20 janvier 2022

 

Le village de Gourga

Gourga est un petit village à l’ouest du Burkina Faso où cohabitaient sereinement chrétiens et musulmans. L’industrialisation et les sécheresses ont provoqué la désertification de ce petit village. Des forêts ont été sacrifiées pour les cultures et les constructions, des lacs se sont retrouvés asséchés.

A quoi les gens peuvent-ils se fier quand tout ce qui a de la valeur à leurs yeux est broyé sous le poids des impératifs économiques?

Yacuba Sawadogo

Yacuba est né dans ce village. Ses parents, tisserands, ont préféré l’inscrire à l’école coranique plutôt qu’à l’école coloniale qui fait l’impasse sur les légendes ancestrales. Si il y a appris l’altérité, il en sort sans savoir lire ni écrire. Ensuite, il ouvre une petite quincaillerie. Suite à la sécheresse de 1980, il compatit face au désarroi d’un pauvre homme qui ne peut plus vivre de son champ. Alors, il vend son commerce et achète du matériel agricole.

Les enseignements fondateurs

Pendant ses études, Yacuba s’est imprégné des préceptes des cheikhs, des maîtres coraniques et figures familiales. Tous dépositaires de savoirs ancestraux. Il rend visite aux aînés et s’inspire d’un conte sur les arbres.

Dans des temps anciens, les arbres peuplaient des étendues infinies et savaient marcher sur la terre. De temps à autre, ils se retrouvaient en grande assemblée et parlaient le vieux langage. Une nouvelle arrivée sur Terre, la dernière d’une grande lignée, avait motivé une assemblée exceptionnelle. Les premiers bébés humains naissaient, et les arbres se proposaient de devenir leurs parrains et marraines.

Chaque arbre fait don d’une vertu. Et si un jour nous les perdions, les arbres en souffriraient. Mais peut-être, alors, un humain aurait à son tour l’idée de protéger les arbres. Car nos futurs sont liés.

Yacuba est cet homme. Les arbres sont le salut de son village pour contrer les sécheresses. En faisant renaître la pratique du zaï qui consiste à creuser manuellement des trous pour y collecter de l’eau et des matières organiques, il plante une forêt.

Un message universel

Les arbres sont sources de qualités et de résilience pour les sociétés humaines. Car, vivre, sans relations, sans racines, conditionne souvent la mort de l’être et les ténèbres de l’âme.

Yacuba a vaincu les réticences de tous ceux qui ne croyaient pas en son projet. En observant la nature, il a amélioré la circulation de l’eau, l’apport des insectes, des oiseaux et des petits animaux.
Le vieil homme, lauréat 2018 du Right Livelihood Award, donne des conférences pour rappeler l’importance de la nature et du lien social.

Les crises environnementale et sociale peuvent être comprises avant tout comme des crises de la relation, des crises du respect de l’autre.

Damien Deville met en pages cet hommage mérité à un homme de tradition orale qui représente un espoir pour notre humanité. En plantant une forêt pour arrêter le désert, en utilisant les techniques ancestrales, il nous rappelle combien il est important de préserver notre terre qui nous nourrit, nous soigne et nous relie.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

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