Titre : Déviation
Auteurs : Béa et Michel Constant
Editeur : Futuropolis
Nombre de pages : 72
Date de parution : 12 mars 2025
Une déviation providentielle
Nous sommes dans le Lancashire en juin 2016. Mary prend la voiture de son mari pour aller lui chercher des bières. Elle est stressée, se fait klaxonner par d’autres chauffeurs. Le chien de son mari est dans la voiture et elle le craint.
Soudain, une déviation perturbe son itinéraire. Elle entend déjà les remontrances de son mari pour son retard, pour un kilométrage excessif sur le compteur de la voiture. D’ailleurs, il ne tarde pas à la harceler au téléphone.
Et si cette déviation était providentielle ?
Sous emprise
Mary est partie sans rien. Elle n’a même pas ses lunettes. Elle fait un saut dans un supermarché. Mais où va-t-elle dormir ? Où va-t-elle trouver refuge ?
Fort heureusement, il y a de nombreux samaritains sur sa route. Toutefois, Mary est toujours sur la réserve. Car une voix intérieure ne cesse de la dévaloriser. Et il y a toujours ce maudit téléphone avec les SMS menaçants de son mari.
En suivant Mary et ce chien qui, finalement devient son meilleur ami, nous croisons des personnes formidables. Mais le chemin est long avant que Mary puisse se confier et se libérer de l’emprise de son mari violent.
La société anglaise en image
Béa et Michel Constant sont belges. Mais ils nous plongent ici dans la société anglaise. Cette peinture sociale a débuté avec La dame de fer ( 2017) puis Lady Jane ( 2022). Mais Déviation, troisième tome de la trilogie, peut se lire indépendamment.
Le sujet est ici universel et finement traité. Les auteurs évoquent la démarche de mise sous emprise ( séduction, isolement, violence) mais surtout le mécanisme mental qui paralyse Mary et son cheminement vers la libération.
Le style et les illustrations se marient agréablement. Il y a du rythme ( onomatopées ou caractères en majuscule), du suspense ( teintes sombres, pluie, grimaces sur les visages) et parfois des moments d’abandon avec de belles illustrations de la campagne anglaise.
Les personnages secondaires sont d’une belle richesse, notamment ce couple âgé qui accueille Mary. Face à la violence du mari, cette solidarité réchauffe les cœurs.
Une très intéressante mise en image d’un sujet de société capital.
Commentaires
C’est un sujet dont il faut parler évidemment mais là j’avoue que je sature un peu. Cela dit, une BD, ça peut passer.
Oui c’est vrai que c’est un sujet largement traité. Mais ici, on est dans la tête de cette jeune femme, pas dans la violence du couple. Et puis, tu as raison, en BD c’est moins dur. Et ce genre touche un public différent, c’est bien aussi