Titre : Un bout de chemin
Auteur : Ali Smith
Littérature écossaise
Titre original : Companion piece
Traducteur : Laetitia Devaux
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 240
Date de parution : 5 mars 2025
Entre deux confinements
Angleterre, 2021, entre deux confinements, beaucoup souffrent de solitude, de perte de repères.
Je pense que nous subissons tous une énorme pression, ai-je dit. Je pense qu’il y a des sentiments à vif partout, pas seulement à cause de tous ces malades. Je pense qu’il y a beaucoup de désespoir, et encore plus de colère, qu’auparavant.
Sandy Gray est d’autant plus perdue que son père vient d’être hospitalisé. Alors qu’elle est seule avec le labrador de son père, elle reçoit l’appel de Martina Ingles Pelf, assistante du conservateur en chef d’un musée national. Autrefois, elle fréquentait la même faculté qu’elle mais elle se connaissait à peine. Martina sollicite sa sagacité légendaire afin de résoudre une énigme relative à une œuvre d’art, la serrure de Boothby.
Alors qu’elle était enfermée dans une salle de contrôle de l’aéroport, Martina à entendu une voix : « Oiseau de feu ou couvre-feu. À vous de choisir. »
L’histoire de cette vieille serrure avait déverrouillé quelque chose en moi.
Des sables mouvants
A la faculté, on surnommait Sandy Gray « sables mouvants ». Aujourd’hui elle gagne sa vie en peignant des tableaux à partir de poèmes. Élevée par son père, Sandy a appris de lui le sens des mots et de la réflexion. Si il la soutenait lors de son entrée à l’université, il a depuis des doutes sur son métier.
A la manière de sa peinture qui superpose les couleurs en fonction des mots d’un poème, la vision de Sandy Gray se perd dans les confusions. Entre imagination et réalité, l’artiste revisite son passé et y mêle l’histoire de cette jeune femme qui autrefois créa la serrure de Boothby.
Sans doute, Sandy Gray cherche-t-elle une réponse à ce qu’elle est dans les profondeurs du passé.
Les personnages se confondent, s’immiscent dans les différents temps de l’histoire. La famille de Martina envahit son espace. Une enfant sauvage marquée d’une lettre sur la clavicule investit sa chambre avec son oiseau au long bec.
Tout ce qui refuse de plier, il faut y appliquer de la chaleur.
L’univers exceptionnel d’Ali Smith
Vous l’avez peut-être saisi, ce roman ne plaira pas à tout le monde. Pourtant on y retrouve tout ce qui fait qu’Ali Smith est une auteure exceptionnelle.
L’auteure a une façon très vivante de jongler entre la surface et la profondeur. Elle nous accroche avec des petites du quotidien, des choses qui nous parlent comme tout ce que l’on entend à la radio. Mais elle nous emporte aussi vers des analyses littéraires, des remarques étymologiques, des choses exceptionnelles.
Quand on s’amuse à réfléchir, on en sort toujours gagnant.
Il faut signaler le travail remarquable de la traductrice, Laetitia Devaux. Par exemple, dans ce roman, Ali Smith joue avec la proximité des mots curlew et curfew ( respectivement courlis et couvre-feu). Avec l’accord de l’auteure, la traductrice a choisi de remplacer le courlis par l’oiseau de feu ( le Phenix). Ainsi elle a dû adapter les poèmes de référence, troquant un poème de Dylan Thomas par un sonnet de Shakespeare. Très belle collaboration artistique pour notre plus grand plaisir de lecteur.
Commentaires
j’adore cette autrice et je te rejoins sur son immense talent
Ce dernier roman est peut-être un peu moins facile à aborder. Mais depuis le quatuor des saisons, elle fait partie des mes auteurs incontournables
Ton billet me donne envie de découvrir sa plume.
Je te conseille vivement de découvrir l’univers de cette auteure. Peut-être dans un premier temps avec un livre du quatuor. Le premier par exemple