Titre : Petites scènes capitales
Auteur : Sylvie Germain
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages :
Date de parution : 22/08/2013
Auteur :
Depuis presque trente ans Sylvie Germain construit une œuvre singulière imposante et cohérente. Couronnée de nombreux prix littéraires : Prix Femina en 1989 pour Jours de colère, Grand Prix Jean Giono en 1998 pour Tobie des Marais, Prix Goncourt des lycéens en 2005 pour Magnus, Prix Jean Monnet de littérature européenne en 2012 et Grand Prix SGDL de littérature 2012 pour l’ensemble de son oeuvre, elle a publié aux éditions Albin Michel trois romans : Magnus (2005), L’inaperçu (2008), Hors champ (2009), un hommage à ses parents : Le monde sans vous (2011) et un retour sur son parcours d’écriture : Rendez-vous nomades (2012). Elle vit et travaille à Angoulême. Elle voyage souvent, invitée pour des conférences aux quatre coins de France et du monde.
Elle vient d’être élue à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique au fauteuil de Dominique Rolin. La date de sa réception sera connue ultérieurement. (Source Éditeur)
«L’amour, ce mot ne finit pas de bégayer en elle, violent et incertain. Sa profondeur, sa vérité ne cessent de lui échapper, depuis l’enfance, depuis toujours, reculant chaque fois qu’elle croit l’approcher au plus près, au plus brûlant. L’amour, un mot hagard.»
Tout en évocations lumineuses, habité par la grâce et la magie d’une écriture à la musicalité parfaite, Petites scènes capitales s’attache au parcours de Lili, née dans l’après-guerre, qui ne sait comment affronter les béances d’une enfance sans mère et les mystères de la disparition.
Et si l’énigme de son existence ne cesse de s’approfondir, c’est en scènes aussi fugitives qu’essentielles qu’elle en recrée la trame, en instantanés où la conscience et l’émotion captent l’essence des choses, effroi et éblouissement mêlés.
Mon avis :
Difficile de parler de ce roman de Sylvie Germain qui, en a peine de 250 pages, évoque tant de vies. Tout commence par Lili, cette jeune enfant dans les bras de sa grand-mère Nati, qui entend plus qu’elle ne comprend » C’est qui là ? » sur cette photo où bébé, elle est dans les bras d’une mère qu’elle n’a pas connue.
Comment se construire avec ce visage d’une absente, puis plongée au cœur d’une famille recomposée. Son père Gabriel s’est remarié avec Viviane, une ancienne mannequin mère de quatre enfants nés de père différent.
Comment trouver sa place ? Elle, la seule vraie fille de Gabriel mais aussi chacun des autres enfants. L’aînée Jeanne- Joy, si sage, avait été placée dès sa naissance, Paul ne connaît pas son père et les jumelles, Christine et Chantal sont si différentes. Chantal si intelligente et vivante est la préférée des parents. Enfin, c’est ce que ressentent tous les enfants.
Lorsqu’un drame bouleverse survient, » le radeau familial en perdition » va jusqu’au naufrage complet. Chacun le vit à sa manière entraînant les autres encore plus loin dans le malheur. Ces êtres fragiles, marqués par les difficultés de la guerre pour les parents, ou incomplets par le mystère de leur naissance pour les enfants, vont souffrir de ces failles qui déchirent leur être, leur identité.
Bien évidemment, l’auteur se pose des questions sur le sens de la vie, le croyance en un Dieu.
» Comment surtout rester croyant face à l’absurdité, à la cruauté qui si souvent distordent la vie? »
Cette lecture qui pourrait nous plonger dans une grande mélancolie est cependant parsemée de contemplations de scènes capitales (extase devant un crépuscule, un ciel, un lac qui a envahi les villages d’enfance), de légendes (Bilboc, le roi qui fait un thé de ses larmes, Dioscore brûlant sa fille Barbara convertie au christianisme), de chansons de Barbara, de subtiles références au contexte ( guerres, accords d’Evian, mai 68).
J’ai retrouvé en ce roman tout ce que j’aime en Sylvie Germain. Tout d’abord un style lyrique maîtrisé, un univers habituel un peu mystique ponctué de contemplations de la nature, de légendes et une histoire de famille qui donne à réfléchir sur le sens de la vie, sur le besoin de savoir d’où l’on vient, d’avoir un reconnaissance affective pour mieux construire son avenir.
» Faut-il que tout soit consommé, consumé d’un vivant, pour que de l’invisible où il s’en est allé une lumière nouvelle, à la fois ténue et très pure, commence à sourdre, à s’épancher, bouleversant en secret le visible? »
Commentaires
Je l’ai à lire dans ma pile. Bientôt certainement.
Une grande auteur au féminin, c’est sûr.
J’avais lu « L’enfant méduse », c’était poignant, le poids du passé était aussi un thème très présent. Je ne doute pas que j’aimerais ce roman aussi, mais son écriture m’avait tant déstabilisée, car elle dépeint avec précision la dureté de la vie, que je ne me sens pas prête à rentrer de nouveau dans son univers. Il se peut aussi que j’aie commencé avec un roman à l’histoire particulièrement pénible.
Il me semble ne pas avoir lu celui-là. Mais je suis devenue fan de l’auteur avec Magnus, que je te conseille si tu ne l’as pas lu.
Ai-je envie de lire ce livre ? j’aurais tant besoin de légèreté
N’as-tu pas Ratburger dans ta pile d’Entrée Livre ….
tiens je devrai retenter avec cet auteur… au style parfois un peu alambiqué, non?
Je ne dirais pas alambiqué mais élaboré, sûrement. J’aime son univers et son style. Une auteure qui fait rêver et réfléchir.
Une auteure que j’aime beaucoup.
Et ce roman est particulièrement bon.