Titre : Lorsque le dernier arbre

Auteur : Michael Christie
Littérature canadienne
Titre original : Greenwood
Traducteur : Sarah Gurcel
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 608
Date de parution : 18 août 2021

 

2038, une forêt cathédrale

Le récit commence en 2038 sur Greenwood Island, une île acheté en 1934 par Harry Greenwood, un magnat de l’industrie du bois.  Ce territoire de la dernière forêt primaire est devenu un lieu de villégiature pour touristes fortunés. Ailleurs, depuis le Grand Dépérissement, tout est embrumé de poussière. Jacinda Greenwood, apprentie dendrologue acculée par le remboursement de son prêt étudiant, y travaille comme guide forestier. Alors qu’elle pensait que son nom n’était qu’une coïncidence avec celui de l’île, un ancien ami avocat lui laisse entrevoir un lien de parenté.

Une grande saga familiale

A l’image des cernes qui composent le tronc d’un arbre, l’auteur nous embarque dans les différentes couches du passé de la famille Greenwood en 1908, 1934 1974 et 2008.  Une famille créée en avril 1908 lorsque deux gamins, seuls rescapés d’une collision de trains, sont recueillis par un village. Bien différents, on en fait pourtant des frères. Jaloux et bagarreurs, un seul pourra recevoir une éducation. Harry deviendra un homme d’affaires, un négociant en bois, responsable de la décimation des forêts. Everett, après le traumatisme de la guerre, sera vagabond puis condamné à la prison après avoir tenté de sauver un bébé abandonné dans les bois.

Un enchevêtrement de racines

Tel un réseau arboricole, Michael Christie enchevêtre les récits des personnages liés par leurs racines et unis par l’univers forestier. Harry et Everett forment le premier cerne, le coeur du tronc de l’arbre généalogique. En 1934, Everett nous passionne avec son périlleux parcours pour sauver un bébé de l’emprise de RJ Holt, un riche entrepreneur. Willow, devenue adulte, devient une activiste en opposition à Harry qui l’a élevée lorsqu’Everett fut en prison. Puis ce sera au tour de Liam, le fils de Willow, ébéniste, de nous raconter son chemin, toujours en lien avec la forêt et les membres de sa fille. Pour finalement boucler le récit en revenant à Jacinda (Jake) sur l’île aux arbres millénaires, le refuge des Greenwood.

Et si la famille n’avait finalement rien d’u  arbre? se dit Jake tandis que le duo marche en silence. Si c’était plutôt une forêt ? Une collection d’individus mettant en commun leurs ressources via leurs racines entremêlées, se protégeant les uns les autres du froid, des intempéries et de la sécheresse – exactement ce que les arbres de Greenwood Island ont fait pendant des siècles.

L’auteur maîtrise parfaitement son récit, particulièrement captivant et humain. Il y ajoute quelques personnages secondaires comme Lomax, homme de confiance de RJ Holt pour densifier l’histoire, la rendre encore plus passionnante. J’ai beaucoup aimé aussi le personnage de Temple, soucieuse de nourrir les affamés de vivres et de lectures.

 

Saga et roman écologique

L’arbre est au coeur de ce récit. En entamant ce roman dans un futur proche, il est inévitable de tenir compte de l’impact de la surexploitation humaine sur l’environnement. Quelque soit l’époque, la recherche du pouvoir, du profit des uns s’oppose à l’humanité des autres. Si la saga familiale l’emporte largement sur le roman écologique, l’ambiance du Grand Dépérissement est là. Et l’auteur glisse habilement quelques réflexions sur la folie des hommes, irrespectueux du monde qui les fait vivre.

S’il est vrai que les Etats-Unis se sont construits sur l’esclavage et le violence révolutionnaire, songe-t-elle en regardant les hommes travailler, alors assurément son propre pays, le Canada, est né d’une indifférence cruelle, vorace, envers la nature et les peuples autochtones.

Un grand premier roman qui ne manquera pas de susciter l’intérêt de producteurs cinématographiques et de mettre en attente bon nombre de lecteurs ( dont je fais partie) à l’affût d’un prochain livre.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

20 septembre 2021 à 10 h 17 min

Il commence à me tenter celui-ci….. 🙂





21 septembre 2021 à 13 h 02 min

J’ai l’impression, à tord sans doute, que le propos est téléguidé (le titre dit déjà tout).



21 septembre 2021 à 14 h 18 min

Il est dans ma liste des envies depuis que j’ai lu la première critique qui lui était consacré… Je voulais lire « l’arbre monde » avant
cette rentrée est vraiment pleine de tentations…



Choup
23 septembre 2021 à 17 h 12 min

voilà qui m’intrigue. Je suis bien tentée par cette lecture.



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