Titre : Troll
Auteur : Eiríkur Örn Norddahl 
Littérature islandaise
Titre original : Hans Blaer
Traducteur : Jean-Christophe Salaün
Editeur : Métailié 
Nombre de pages : 380 
Date de parution : 26 août 2021

 

Norddahl, un troll littéraire

Depuis Illska, son premier roman où il épinglait le fascisme, Eiríkur Örn Norddahl continue à s’attaquer sans concession aux dérives de nos sociétés modernes. Avec l’émergence  des réseaux sociaux, notre époque regorge de trolls prêts à balancer des insanités pour scandaliser, se faire une notoriété. Croyant ainsi améliorer notre société, la plupart ne font que la pourrir.

Un vrai troll- un troll avec de l’ambition, le seul qui mérite ce qualificatif – était une performance visant à révéler les contradictions d’une époque, l’hypocrisie et la bienveillance teintée d’arrogance, tout en divertissant les masses.

L’auteur est plutôt ce type de troll, observateur et audacieux. Mais qu’en est-il du personnage dans son nouveau roman?

Hans Blaer

Hans Blaer est né hermaphrodite. Sa mère, désemparée, a refusé de couper « ce petit sphinx » que la petite fille, baptisée  Ilmur,  avait entre les jambes. Jusqu’à quinze ans, Ilmur le vivra très bien. Puis, une mauvaise expérience sexuelle dans un camp de vacances la traumatise jusqu’à scarifier son corps.

A vingt-cinq ans, Ilmur se lance sur Internet et travaille pour une émission de radio. Iel refuse la notion de genre. Mais, même après son opération en Thaïlande, iel ne se définit pas comme trans. Iel, jonglant avec testostérone ou œstrogènes,  défend sa liberté d’être plutôt femme un jour puis homme le lendemain.
Ses prestations sont subversives, choquantes er ses publications lancent de fausses rumeurs. Puis très vite, le scandale l’ennuie. Iel décide d’ouvrir le Refuge, un centre d’accueil pour femmes violées.

La construction du roman

Quand nous découvrons Hans, iel est recherché(e) par la police à la suite d’un scandale au Refuge. D’une part, Hans, en fuite, écrit et raconte son histoire. D’autre part, Lotta, la mère de Hans exprime son point de vue depuis la naissance de sa fille jusqu’à ce jour où le scandale éclate. Le passé s’immisce ainsi dans l’actualité pour éclairer le parcours de Hans Baer. Si l’auteur laisse entrevoir les fêlures du personnage, ses discours subversifs et comportements odieux restent en mémoire.

Le style de l’auteur est lui aussi assez perturbant. Hans écrit son histoire en utilisant les pronoms non binaires ( iel, lea, ellui…). Les paragraphes concernant Lotta sont écrits au passé simple, une utilisation peu courante et déroutante.

Une claque à la bien-pensance

L’impuissance qu’Ilmur ressentait en privé se transforme en pouvoir absolu dès lors qu’elle devient célèbre. Sur les réseaux sociaux, iel peut cracher sa fureur, son irrespect. Rien ne l’arrête.

Elle voulait que son identité de genre bouscule les étroits d’esprit.

En plus d’un sujet poignant, l’auteur montre le côté malsain de la communication sur les réseaux sociaux. Le Net est une fosse à serpents où il est facile pour ceux qui se sentent trahis par la société de vider son amertume. L’auteur nous en montre ici une facette réaliste mais particulièrement nocive.

Plus concret que les deux derniers romans ( Heimska et Gaeska) de la trilogie précédente, Troll reste un roman qui dérange mais c’est ce que l’on aime chez cet auteur.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

aifelle
16 décembre 2021 à 7 h 34 min

Illska était déjà perturbant. Je n’ai pas relu l’auteur depuis et j’hésite. (en lisant le début de ton billet, je me demandais si c’était l’auteur ou toi qui utilisait « iel ». J’ai ma réponse plus bas).



16 décembre 2021 à 14 h 05 min

Des auteurs utilisent donc le fameux pronom….



16 décembre 2021 à 18 h 29 min

Sur le même sujet, j’ai aimé Middlesex . mais après la mauvaise expérience d’Illiska, je n’essaierai pas celui-ci . un lien vers mon billet très énervé sur Illiska :https://netsdevoyages.car.blog/2019/10/17/illska-erikur-orn-norddahl/



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