Titre : Heimska, la stupidité
Auteur : Eirikur Örn Norddahl
Littérature islandaise
Titre original : Heimska
Traducteur : Eric Boury
Editeur : Métailié
Nombre de pages : 160
Date de parution : 5 janvier 2017

Eirikur Örn Norddahl, jeune poète et traducteur islandais s’est imposé en Europe comme romancier particulièrement inventif et ambitieux avec Illska, le mal, premier de ses quatre romans traduit en français.
Après le mal, l’écrivain poursuit son étude des bassesses de l’humanité avec la stupidité. Son univers complexe s’intensifie dans cet opus avec un recours à la dystopie puisque nous sommes dans un monde où des caméras rendent publics les faits et gestes de tout individu en permanence. A tel point qu’il n’y a plus aucune gêne à être filmé mais que la crainte vienne du fait de ne pas être regardé.
 » C’était peut-être ça, le plus terrifiant, l’idée d’être seul sans que personne vous voie, l’idée que tous pouvaient vous observer, mais que personne ne s’y intéressait. »
Le programme de suRveillance accentue le besoin du rapport à autrui. Aki et Lenita, tous deux écrivains, sont séparés depuis trois ans, depuis que se pillant l’un l’autre, ils ont écrit quasiment le même livre portant le même titre, Ahmed. Leur roman, comme une mise en abyme raconte l’histoire d’un réfugié installé en Islande depuis l’adolescence parti en Syrie pour rejoindre l’Etat islamique. Rivaux sur le plan professionnel, mais toujours amoureux l’un de l’autre, ils s’envoient régulièrement des poke et des videos de leurs ébats amoureux.
Jusqu’au jour où un groupe terroriste, en fait un groupe d’étudiants en mal d’avenir, décide de changer le cours de l’histoire.
«  Le moyen le plus sûr d’agir sur le monde, c’est de nuire aux autres. Ou de détruire ce qu’ils possèdent. »
Imprégnés de leur lecture d’Ahmed, ils décident de saboter le réseau électrique et de couper ainsi le programme de suRveillance.
L’objectif principal de ce roman est de montrer que le fait de se savoir épier change profondément le comportement.
 » Si on ne se défend pas quand on est attaqué, on perd une partie de son humanité, de même on ne peut pas vivre sans parader, on est l’esclave des travers d’autrui. »
Le problème de l’homme ayant toujours été d’ «  entretenir des relations avec autrui sans se perdre soi-même. »

J’ai trouvé dans ce roman un foisonnement d’idées mais j’aurais aimé les voir plus clairement et intensément développées. Le récit non linéaire composé de chapitres inscrits dans les saisons ( « un peu plus tard, mais pas trop non plus« ) mêle l’histoire du couple de Aki et Lenita avec cette action terroriste contre le système de suRveillance. Chaque chose peinant à se mettre en place dans cet univers sans éclats, avec des personnages rendus finalement banals . J’aurais aimé m’appesantir sur les failles de Lenita, ses liens avec Tilda, sa soeur jumelle, son étrange fusion intellectuelle avec Aki. J’aurais voulu entrer davantage dans l’histoire inventée d’Ahmed. J’aurais souhaité trouver plus clairement l’échappatoire à ce monde moderne désabusé vers l’art et le pouvoir de la création.


 » Mais sérieusement, j’ai l’impression de comprendre enfin le pouvoir et le devoir de la littérature. Et il me semble que je suis à la hauteur de la tâche.
Alors, quel est le devoir de la littérature? le taquina Lenita.
Prendre des risques. Elle ne doit surtout pas être gratuite. »

Eirikur Örn Norddahl sait prendre des risques avec des sujets audacieux, des sujets contemporains ancrés dans la fine analyse de la société qui poussent le lecteur à la réflexion.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

6 janvier 2017 à 15 h 28 min

Il faut dire que le sujet avait déjà été traité magistralement au début du siècle dernier.



6 janvier 2017 à 20 h 46 min

Ton billet exprime de la déception…. dommage, j’avais beaucoup aimé Illska.



    6 janvier 2017 à 21 h 19 min

    Ce n’est pas facile d’entrer dans cet univers. Mais je pense que les avis seront assez différents suivant les lecteurs.
    Illska était un pavé, quelquefois c’est un avantage. Ici je suis un peu rester en attente.



6 janvier 2017 à 21 h 12 min

Pourtant, le sujet, l’argumentaire est bon



8 janvier 2017 à 16 h 00 min

N’ayant pas du tout accroché à Illska, je passe mon tour pour celui-ci !



8 janvier 2017 à 16 h 41 min

J’avais repéré Ilska à sa sortie et finalement je ne l’ai jamais lu. Les thématiques de ce roman me tentent aussi pas mal… mais je te sens mitigée… Finalement, tu en recommandes la lecture ou pas ?



22 janvier 2017 à 19 h 08 min

Les critiques sont très enthousiaste mais je ne le sens pas pour moi et ce que tu en dis me confirme que ce ne serait sans doute pas un bon choix pour moi.



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