Titre : Petite, je disais que je voulais me marier avec toi
Auteur : Mehtap Teke
Editeur : Viviane Hamy
Nombre de pages : 256
Date de parution : 17 août 2022
Une déclaration d’amour
Devant la tombe de son père, un homme, bouleversé mais digne, force l’admiration de sa fille. Elle l’observe discrètement avec timidité et respect. Un jour, elle aussi, devra quitter celui qui a sacrifié sa vie afin que ses enfants aient une vie meilleure.
La narratrice évoque alors le passé de son père avec un récit à la seconde personne du singulier comme une incantation. Une véritable déclaration d’amour.
J’ai appris à t’idolâtrer.
La vie du père
Contraint de quitter l’école pour aider son père dans les champs de coton, le garçon subit la violence d’un pays où ses soeurs sont mariées de force et les bagarres sont sanglantes. Au service militaire, le jeune homme apprend l’humiliation et la soumission. Son père lui conseille de quitter le village dès qu’il le pourra.
Donne la possibilité à tes enfants d’obtenir le respect de ces gens qui nous dénigrent, lorsqu’ils nous voient passer et raser les murs.
Parti sur les routes d’Europe, l’homme troque son uniforme pour une toile bleue. Le travail sur les chantiers de construction est rude et le racisme ne facilite pas l’intégration.
Mais cet homme courageux, généreux et digne n’a qu’une ambition : offrir du bonheur et une bonne éducation à ses enfants.
La reconnaissance d’une fille
La narratrice est consciente de tous ces sacrifices. Elle reprend tous ces petits instants de bonheur simple auprès de son père. Un voyage familial en voiture, un acte de générosité envers une voisine en détresse, sa précipitation à venir au secours de sa fille malade à l’université, sa fierté lors d’une remise de diplôme, sa clémence envers un client raciste dans l’épicerie qu’il a fini par ouvrir.
N’est-ce pas la seule manière survivre, après tout? Accepter les déboires de l’existence quand ils vous frappent, apprécier le bonheur chaque fois qu’il se présente.
Un amour qui occulte tout
La plus belle récompense de cette vie de sacrifice est sans doute la réussite des enfants. La narratrice a une belle situation à l’étranger. Mais elle ne sait comment exprimer sa reconnaissance. Aider en retour ce père à réaliser ses rêves. Mais en a-t-il encore? Ne s’est-il pas trop habitué au sacrifice?
Je regrette que cette déclaration d’amour occulte tout ce qui gravite autour du père. Il n’y a aucune indication de lieu, de temps. La narratrice ne parle d’aucun autre membre de la famille. Bien sûr, elle n’a d’yeux que pour cet homme qu’elle idolâtre.
Seule la biographie de l’auteure nous donne quelques indications. Mehtap Teke est née en 1982 dans une famille ouvrière kurde, émigrée en Belgique.