Titre : Avalanche
Auteur : Raphaël Haroche
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 224
Date de parution : 12 janvier 2023
Un adolescent rebelle
Léonard prend le train avec son petit frère, Nicolas. Sur le quai, sa grand-mère, une vieille dame mal habillée, moitié russe, moitié yiddish, lui fait ses recommandations. Elle est touchante avec son mauvais français mais elle fait honte à l’adolescent de quinze ans.
Grâce au don exceptionnel de Nicolas pour le piano, les deux garçons ont été acceptés dans un institut suisse pour les enfants de riche famille.
Je balaie du regard la cour de l’internat, enfants d’oligarques, de généraux, de marchands d’armes ou de pétrole, de financiers apatrides, corrompus à tous les étages, corrompus en famille, corrompus dans la solitude, jusque dans leur sommeil.
Léonard est un adolescent en crise. Son comportement et son langage choquent par sa vulgarité. Alors il se laisse emporter par les excès de Stefano ou les avances d’Alexia. Ce sont des jeunes qui croient davantage au sexe qu’à l’amour.
Voilà le rêve des jeunes générations, être une brute capable de tuer à coups de poing, le même rêve depuis la nuit des temps.
Au milieu de cette violence, l’innocence et la fragilité de Nicolas sont émouvantes.
La blessure derrière l’armure
Le récit commence avec beaucoup de vulgarité. Mais, derrière cette volonté de choquer, la sensibilité est à fleur de peau. Lors de l’accident qui a coûta la vie à sa mère, Léonard était dans la voiture. Il en sort avec un tympan crevé et une fêlure au crâne. Mais surtout avec la douleur enfouie de la disparition de sa mère, une femme belle, extravagante et bipolaire. Si Nicolas croit à la présence immatérielle de sa mère, tout en souffrant de cauchemars et d’énurésie, Léo reste seul face au manque.
De plus, ils ne peuvent pas vraiment compter sur leur père qui travaille en Amérique du Sud. Léo sait qu’il doit veiller sur son frère même si ce n’est pas facile tous les jours. C’est dans cet amour tacite que l’on sent poindre toute la gentillesse et la souffrance de Léo.
La violence, un rempart contre les émotions
Ce roman qui commence sur un récit choquant trouve toute sa sensibilité au fil des pages. Cette sensibilité sous-jacente, cette façon de nous conduire vers la lumière et l’humanité font de cette lecture un coup de cœur.
Raphaël Haroche trace aussi en filigrane toute la violence du monde en cette période où les adolescents se retrouvent dans l’Institut du Rocher. Dehors, au loin, la guerre, la chute du mur de Berlin, Pinochet, le procès des Ceausescu. Dans l’Institut, le bizutage, un combat de boxe et la lutte des classes.
Chacun n’est qu’un enfant perdu face à la violence du monde.
Quand on est sous une avalanche, il y a deux possibilités : sortir par le haut vers la lumière ou s’enfoncer dans les ténèbres.
Peut-être que c’est cela guérir de l’enfance ?
Commentaires
La violence, un rempart contre les émotions. J’aime beaucoup ta conclusion ! Je pense que la littérature a pour mission d’aider à sortir par le haut contrairement à certains qui m’ont assuré que la littérature n’avait aucune mission que continuer à exister.
La conclusion m’est inspirée par l’auteur. Bien sûr, la littérature est essentielle pour « sortir par le haut ». Les livres sont des voyages immobiles qui aident à comprendre l’autre. Ainsi naît le respect, la tolérance. Un remède indispensable pour notre société
Une scène d’ouverture qui n’a pas entamé ton envie de lire ce roman.
Contrairement à Pussy suicide, l’auteur ne se limite pas à la volonté de choquer l’entourage. Il va chercher la vérité derrière le masque de la vulgarité