ernauxTitre : Regarde les lumières mon amour
Auteur : Annie Ernaux
Éditeur : Seuil / Raconter la Vie
Nombre de pages : 80
Date de parution : mars 2014

 

Auteur :
Annie Ernaux, née en 1940 à Lillebonne (Seine-Maritime), est une écrivaine française, professeur de lettres. Son œuvre littéraire, pour l’essentiel autobiographique, entretient des liens étroits avec la sociologie.

Présentation de l’éditeur :
Pendant un an, Annie Ernaux a tenu le journal de ses visites à l’hypermarché Auchan du centre commercial des Trois-Fontaines situé en région parisienne. « Voir pour écrire, c’est voir autrement », écrit-elle. On redécouvre en effet à ses côtés le monde de la grande surface. Loin de se résumer à la corvée des courses, celle-ci prend dans ce livre un autre visage : elle devient un grand rendez-vous humain, un véritable spectacle. Avec ce relevé libre de sensations et d’observations, l’hypermarché, espace familier où tout le monde ou presque se côtoie, atteint la dignité de sujet littéraire.

Mon avis :
J’aime beaucoup l’univers d’Annie Ernaux, ses capacités d’analyse en lien avec la sociologie, sa sensibilité et son regard sur la vie. Ses courts romans s’adaptent particulièrement aux collections particulières de maisons d’édition ( Les affranchis, Raconter la vie…)

Habituée à subir la corvée des courses depuis de nombreuses années pratiquement de manière hebdomadaire, je me suis sentie très concernée par cette étude. Hasard géographique, mon lieu habituel est aussi un magasin Auchan, situé au centre commercial des Trois Fontaines mais dans une autre région. Est-ce cette coïncidence qui m’a vraiment fait ressentir les mêmes impressions ?

Dès que je franchis, la ligne de départ, je devine le prochain évènement du calendrier. En ce moment, c’est le foot mais nous allons bientôt, à peine les vacances commencées, voir débouler les fournitures scolaires. Oui, les grandes enseignes nous obligent à respecter un calendrier pour nos achats, nous obligent à penser à l’avenir sans même savourer le moment présent.

Cloisonné dans les rayons et les cerveaux, les jouets garçons et les jouets filles sont bien distincts, les rayons bio et les rayons « hard-discount » sont aussi éloignés que les classes sociales qui les visitent. L’hypermarché nous cloisonne, nous éduque, nous maintient dans nos carcans sociaux. Il n’est qu’un microcosme de la société.

 » Dans le monde de l’hypermarché et de l’économie libérale, aimer les enfants, c’est leur acheter le plus de choses possibles. »

Annie Ernaux, auteur et moi, grande lectrice ne pouvons nous résoudre à jeter un œil au rayon Librairie et nous (en tout cas moi) insurger de constater ce « top 10 » des ventes. La semaine dernière, le tiercé gagnant était encore Marc Lévy, Guillaume Musso et Katherine Pancol. Je ne peux m’empêcher de regarder mais toujours de loin. Alors, moi aussi, il m’arrive de lever la tête, de constater ce dédale de gros conduits et éventuellement quelques vols d’oiseaux perdus. Par contre, je n’ai pas encore vu de souris mais j’ai constaté la forte odeur du rayon poissonnerie coincé chez nous aussi en bout de magasin.

Alors, bien évidemment, j’ai apprécié la plume de cette grande auteure, mais son analyse n’a fait que confirmer mon expérience de femme contrainte à rejoindre cette « communauté de désirs » de manière régulière.
Fort heureusement, l’auteur ne se limite pas à la description et fait prendre conscience au lecteur des risques sociaux (notamment pour les caissières) et humains (pour les ateliers de confection au Bangladesh) de cette course à la diminution des coûts.

Ce témoignage restera un souvenir nostalgique  quand nos « lieux de promenade »  auront disparu  au profit des Drive ou autres solutions qui nous cloisonnent encore davantage dans la solitude. La vieille dame qui profite de vous demander d’attraper un article en hauteur pour lier conversation aura alors perdu une occasion de discuter.

 

 

 

 

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

12 juin 2014 à 11 h 58 min

J’ai un peu de mal avec ces lectures qui nous parlent un peu trop du quotidien banal de nos vies, alors celui ci ne me tente pas trop… Néanmoins tu en parles très très bien et je suis tout à fait d’accord avec ta conclusion, même si j’aime de moins en moins parcourir ses grandes surfaces, je préfère et de loin, les supermarchés à plus petite échelle…



12 juin 2014 à 12 h 53 min

je n’ai encore rien lu de cette auteure… il faudrait…!



12 juin 2014 à 16 h 35 min

Merci pour ton avis qui très réaliste sur ces grandes enseignes de l’hypermarché, je suis plutôt adepte des moyennes surfaces. Ayant envie d’ en savoir plus sur ce sujet de société, je vais
le réservé sous peu.



alexmotamots
13 juin 2014 à 13 h 24 min

Et quand la vieille dame ce sera bientôt nous…..



15 juin 2014 à 20 h 47 min

Il faudra que je découvre cet auteur



13 juillet 2014 à 15 h 40 min

Ce livre est très bien écrit, j’ai beaucoup apprécié l’analyse que nous fait découvrir l’auteur sur le thème de cet ouvrage et qui bien sûr laisse à réfléchir sur la façon dont nous consommons face au pouvoir de l’hypermarché.



    14 juillet 2014 à 8 h 18 min

    Annie Ernaux a une très belle écriture. Analyse sociologique originale par le biais de l’hypermarché. Fine observation de ce que l’on constate et voit sans regarder lorsque l’on fait ses courses.



20 mars 2023 à 15 h 35 min

Pour ma part, bien que l’ayant lu peu après sa sortie, j’ai attendu le Prix Nobel de littérature d’Annie Ernaux pour chroniquer ce livre dans cette édition désormais « collector »…
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *