hustonTitre : Danse noire
Auteur : Nancy Huston
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 368
Date de parution : août 2013
Auteur :
Née à Calgary au Canada, Nancy Huston, qui vit aujourd’hui à Paris, est l’auteur de nombreux romans et essais publiés chez Actes Sud et chez Leméac, parmi lesquels Instruments des ténèbres (1996 ; prix Goncourt des lycéens et prix du Livre Inter), L’Empreinte de l’ange (1998 ; grand prix des Lectrices de Elle), Lignes de faille (2006 ; prix Femina), Infrarouge (2010), Reflets dans un œil d’homme (2012) et Danse noire (2013).
Présentation de l’éditeur :
Sur un lit d’hôpital, Milo s’éteint lentement. À son chevet, le réalisateur new-yorkais Paul Schwarz rêve d’un ultime projet commun : un film qu’ils écriraient ensemble à partir de l’incroyable parcours de Milo. Dans un grand mouvement musical pour chanter ses origines d’abord effacées puis peu à peu recomposées, ce film suivrait trois lignes de vie qui, traversant guerres et exils, invasions et résistances, nous plongeraient dans la tension insoluble entre le Vieux et le Nouveau Monde, le besoin de transmission et le rêve de recommencement.
Du début du xxe siècle à nos jours, de l’Irlande au Canada, de la chambre sordide d’une prostituée indienne aux rythmes lancinants de la capoeira brésilienne, d’un hôpital catholique québecois aux soirées prestigieuses de New York, cette histoire d’amour et de renoncement est habitée d’un bout à l’autre par le bruissement des langues et l’engagement des coeurs.
Film ou roman, roman d’un film, Danse noire est l’oeuvre totale, libre et accomplie d’une romancière au sommet de son art.

Mon avis :
Paul Schwarz, réalisateur américain est au chevet de son scénariste et amant, Milo Noirac. Ils composent leur dernier scénario en tressant les vies de trois générations des Noirac/Kerrigan.
Milo a contracté le sida à Rio dans les années 80, c’est l’ultime épreuve d’une vie mouvementée passée de foyers d’accueil en pension, où il connaît coups, enfermement dans un placard et viols.
Sa mère, Awinata, une prostituée indienne, l’a abandonné à sa naissance. Son père, Declan Noirac est un ivrogne né au Canada d’un père irlandais et d’une mère prolifique, canadienne française. Awinata s’étiole aux rythmes des passes incessantes, des grossesses non désirées, des défonces à l’héroïne.
Neil Kerrigan, le grand-père de Milo fut sûrement son seul repère lui prodiguant morale, culture et tendresse.
 » Le pire crime n’est pas de voler, Milo. Si ça l’était, tous nos chefs politiques seraient derrière les barreaux. Le pire crime c’est la trahison, car c’est un crime contre sa propre âme. »
Fils de juge, membre du Sinn Féin, Neil a participé à la rébellion de Pâques à Dublin en 1916 avec son cousin Thom mort pendant les combats. Après avoir dénoncé un leader du groupe de rebelles, Neil est exclu du barreau et du Sinn Féin. Il s’exile au Canada où il rêvera toujours de devenir un écrivain comme ses amis Yeats et Joyce.
 » Ma mère m’a gavé de la bouillie bien-pensante des prêtres, mes profs y ont ajouté l’eau-de-vie du folklore irlandais; j’ai englouti de mon propre gré Shakespeare, Milton et Browning, et là je me sens mûr, plus que mûr. »
Les trois vies composent la personnalité de Milo. Il intègre la culture de Neil, sa douleur de l’exil mais aussi les légendes indiennes, les excès de sa mère et bien évidemment les cicatrices de son propre parcours chaotique.

Nancy Huston fait participer le lecteur à l’avancée du scénario en glissant les remarques de Paul Schwartz sur sa vision des plans. La trame est rythmée par le tempo de la capoeira.
 » Faut raconter comment les esclaves noirs du Brésil ont réveillé les musiques de tout le continent africain et les ont mélangées avec les rythmes amérindiens. Pour eux, bouger comme ça, c’était une arme. Pour eux, c’était un langage. »
Le mélange des vies se fait aussi avec le mélange des langues, passant du français, à l’anglais parfois traduit en patois canadien. Toutes les traductions se lisent alors en bas de page.
La richesse du récit se fait surtout grâce aux thèmes récurrents de l’auteure : le mélange des cultures et l’exil.
 » Ce qu’il y a avec l’exil…c’est qu’il vous ramène de force à l’enfance. »
Les volontés d’indépendance contre l’emprise britannique relie ici à des décennies d’intervalle l’ Irlande et le Canada.
 » Nous autres, on a volé cette terre avant vous autres! Voilà, résumé en une phrase, le message du mouvement nationaliste des Canadiens français. Pareil en Irlande, pour peu qu’on remonte assez loin.« 

Danse noire est le symbole de la capoeira en miroir avec cette dernière danse de Milo. Cet homme, riche de sa lignée et de son expérience, allie l’histoire et les légendes des peuples, la sensualité, la force de l’ancien boxeur et du jeune délinquant.
Ce roman peut sembler difficile par l’enchevêtrement des histoires et surtout les mélanges de langues qui obligent à se référer en bas de page,mais c’est un récit d’une grande richesse rythmé par les « montagnes russes des âmes » des personnages et par les vibrations des langages.

contre-courant New Pal 2014

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

29 décembre 2014 à 16 h 29 min

Pourquoi pas. En plus il rentrerait dans le challenge petit bac !



29 décembre 2014 à 19 h 52 min

il dort dans ma pal depuis sa sortie…



29 décembre 2014 à 22 h 14 min

Je n’ai la ta critique qu’en diagonal pour ne pas trop me spoiler. J’ai ce roman depuis un moment dans ma PAL, il faudrait que je le sorte! Ta conclusion donne envie en tout cas!



29 décembre 2014 à 23 h 57 min

Ce roman n’a pas l’air gai du tout mais le titre le laisse présager pourtant il me tente. Peut être pour 2015…



alexmotamots
30 décembre 2014 à 10 h 51 min

Même si je ne suis pas fan de capoeira, j’aime beaucoup cette auteure.



30 décembre 2014 à 18 h 45 min

J’aime beaucoup Nancy Huston mais ce livre ne me tente pas vraiment.



30 décembre 2014 à 21 h 57 min

Un des meilleur Nancy Huston pour moi avec une réflexion autour de la langue qui donne encore plus d’ampleur au texte. Un bijou! (Et pour les non-anglophones, la gymnastique vers la trad en bas de page peut paraître un peu fastidieuse au départ, mais après on l’oublie et ça vaut vraiment le coup.)



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