zenattiTitre : Jacob, Jacob
Auteur : Valérie Zénatti
Éditeur : Éditions de l’Olivier
Nombre de pages : 168
Date de parution : 21 août 2014

Auteur :
Valérie Zenatti est née à Nice en 1970. En 1983 elle part vivre avec sa famille en Israël. De retour en France en 1990, elle étudie la langue et littérature hébraïque, exerce différentes activités, dont le journalisme et l’enseignement. Elle publie des livres pour la jeunesse à l’École des loisirs (dont Quand j’étais soldate et Une bouteille dans la mer de Gaza, prix Tam-Tam 2005), traduit les œuvres d’Aharon Appelfeld, et a publié trois ouvrages aux éditions de l’Olivier : En retard pour la guerre (2006), Les Âmes sœurs (2010) et Mensonges (2011).

Présentation de l’éditeur:
« Le goût du citron glacé envahit le palais de Jacob, affole la mémoire nichée dans ses papilles, il s’interroge encore, comment les autres font-ils pour dormir. Lui n’y arrive pas, malgré l’entraînement qui fait exploser sa poitrine trop pleine d’un air brûlant qu’elle ne parvient pas à réguler, déchire ses muscles raides, rétifs à la perspective de se tendre encore et se tendant quand même. »
Jacob, un jeune Juif de Constantine, est enrôlé en juin 1944 pour libérer la France. De sa guerre, les siens ignorent tout. Ces gens très modestes, pauvres et frustes, attendent avec impatience le retour de celui qui est leur fierté, un valeureux. Ils ignorent aussi que l’accélération de l’Histoire ne va pas tarder à entraîner leur propre déracinement.
L’écriture lumineuse de Valérie Zenatti, sa vitalité, son empathie pour ses personnages, donnent à ce roman une densité et une force particulières.

Mon avis :
Jacob, un même prénom répété par ce jeune tirailleur algérien enrôlé pour défendre la France lors de la seconde guerre mondiale, pour apaiser  » l’angoisse du jour qui se lèvera sur une nuit blanche ».
Jacob, ce prénom redonné à un fils après la mort du nourrisson précèdent comme un destin qui se répète.
Jacob, Jacob comme deux facettes d’une vie basculée à cause d’une guerre.
Jacob Melki est le plus jeune fils de Rachel et Haïm, le petit dernier d’une mère déjà vieille, le plus doux, le plus intelligent de la famille.
Ce jeune garçon qui a  » quelque chose en plus par rapport à ses autres enfants, c’est indéniable, une gentillesse qui n’est jamais de la soumission, une faculté à être aimé de tous, à réussir là où les trois autres ont échoué, dans les études bien sûr, mais aussi dans la vie, tout simplement, privilégiant des relations aimantes et douces, contrairement à ses frères qui ont toujours l’air d’être en guerre les uns contre les autres, contre eux-mêmes... »
Sans rancune pour cette France qui l’a exclu de l’école française des juifs d’Algérie, Jacob part en juin 44 servir l’armée française. Ses nouveaux amis, Bonnin, Attali, Ouabedssalam, Haddad seront les seuls liens avec son pays au cœur des conflits dans le Sud de la France puis dans les Vosges.
 » Ils disent d’où ils viennent, ils ne savent pas où ils vont, ils jouent à être des soldats fringants, mais la chaleur sous la bâche les alourdit et leur impose le silence qui a déjà gagné ceux qui se taisent, ceux qui savent qu’ici n’est pas leur place, pas parmi ces jeunes gens, pas dans l’armée, qu’elle soit française ou non, mais ils ont honte même de le penser, ils roulent plusieurs heures entre le ciel et les rochers, dans un pays désolé qui les assigne à leur solitude nouvelle. »
En chantant les airs de Cheikh Raymond, en récitant des vers de Victor Hugo, en découvrant l’amour, il va toutefois voir surgir en lui une haine inattendue et tirer pour la première fois sur des êtres humains pour simplement essayer de rester en vie.

Valérie Zénatti élargit le récit d’un jeune algérien parti servir une France qui le refuse dans un conflit armé, à la découverte d’une famille de 1944 à la guerre d’Algérie. Les horreurs de la guerre côtoie aussi les violences familiales avec l’exploitation de Madeleine, la femme du fils aîné et l’éducation au fouet du jeune Gabriel.
Dans un style passionné, lumineux (comme l’annonce la quatrième de couverture) l’auteur montre combien les guerres peuvent anéantir la fraîcheur et l’innocence des jeunes hommes ( la photo de ce militaire en couverture en est un exemple touchant) et la paix de leur famille. Jacob et le jeune Gabriel ont cette candeur, cet appétit de vie ( Jacob vers l’altruisme et Gabriel vers l’indépendance) qui donnent à la fois espoir mais aussi le vertige comme sur la passerelle du pont Sidi M’cid de Constantine.

Pour terminer, je recopie ces vers de Victor Hugo cités par Jacob :
 » Vous qui ne savez pas combien l’enfance est belle.
Enfant! N’enviez point notre âge de douleurs
Où le cœur est tour à tour esclave et rebelle
Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs. »

Retrouvez l’avis de Mimi pour cette lecture commune.

rentrée bac2014

 

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

12 septembre 2014 à 8 h 14 min

Merci pour ce bel avis Jostein. Il a rejoint ma PAL récemment.



12 septembre 2014 à 8 h 33 min

Décidément, on ne lit que du bien de ce roman ! Il est déjà noté…



    12 septembre 2014 à 8 h 57 min

    Normal, c’est une très belle écriture. C’est si bien écrit que l’innocence des jeunes hommes ou enfants éclate d’une belle lueur au milieu de cette guerre ou violence familiale.
    A lire sans aucun doute



12 septembre 2014 à 13 h 30 min

Moi aussi j’en dirai beaucoup de bien…le temps de rédiger mon avis



12 septembre 2014 à 14 h 07 min

Une auteure à découvrir pour moi…!



valmleslivres
12 septembre 2014 à 20 h 23 min

Je trouve qu’étrangement, la presse en parle peu.





alexmotamots
13 septembre 2014 à 21 h 57 min

Un titre qui ne me tentait pas, mais finalement…..



Micmelo
14 septembre 2014 à 20 h 11 min

Très bon livre, très bon livre !



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