Titre : Les putes voilées n’iront jamais au paradis
Auteur : Chahdortt Djavann
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 208
Date de parution : 6 avril 2016

 » Beaucoup de filles ont été abusées sexuellement très jeunes, souvent par l’oncle maternel ou paternel, et presque toutes ont été battues par leur père et humiliées dans leur féminité. Sans parler du fait que leur mère elle-même les a traitées de pute dès l’enfance. »

Une enfant née fille en Iran n’a-t-elle d’autre avenir que celui de vendre son corps? C’est ce que tend à montrer Chadortt Djavann avec les destins croisés de Zahra et Soudabeh et les témoignages de ces femmes de différents milieux assassinées, lapidées ou pendues pour prostitution.

«  Être une fille dans la pauvreté est une malédiction. Un garçon, même drogué et trafiquant, prend au moins plaisir à vivre certaines choses, par exemple la sexualité. »

A dix ans, les filles sont vendues en mariage à un homme trois fois plus âgé qu’elles. La seule question est déjà « combien? » pour la dot.  » il n’y a qu’un pas entre se prostituer et se marier. »

Les femmes semblent alors se soumettre à ce qui est leur destin. Lorsqu’elles se retrouvent seules avec des enfants à élever, elles deviennent prostituées ou bonnes « à tout faire et à tout sucer« .

Le pays est devenu si misérable,  » trop de pauvres, trop de miséreux, trop de drogués« , seul dix pour cent de la population détient les richesses.

Alors, même avec une licence ou une maîtrise, par nécessité, par plaisir, par évidence, par obligation, les femmes se prostituent, deviennent escort-girl pour les plus belles ou contractent des « CDD sexuels », ces sigheh ou mariages temporaires autorisés aux hommes qui ont déjà quatre épouses.

Chahdortt Djavann ne nous épargne rien avec des scènes particulièrement sordides, un langage cru qui est toutefois nécessaire pour comprendre l’humiliation. Les parcours de Zahra et Soudabeh que nous suivons de l’enfance à l’âge adulte permettent de mesurer l’inévitable destin. L’attachement à ces deux personnages suscite l’émotion. Les témoignages d’autres femmes, prostituées, assassinées, pendues ou lapidées confirment les propos en les généralisant. Certaines, plus instruites, permettent d’avoir un regard plus large sur la société iranienne.

Je ressors de cette lecture avec un profond dégoût pour cette société où les femmes ne sont  » plus que des proies sacrifiées à des maîtres indifférents et salaces, des sadiques que notre humiliation et notre souffrance excitaient« , je peine encore à croire que de telles choses soient possibles.

Je remercie l’auteur de nous laisser croire que finalement c’est  » l’ignorance qui crée l’espérance. »
Une lecture choc, une écriture courageuse qu’il est difficile de faire partager mais qu’il faut lire absolument.
Avec cette lecture, je participe à la découverte commune de cette auteure courageuse qu’est Chahdort Djavann dans le cadre du challenge Lire le monde.

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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

6 juillet 2016 à 9 h 21 min

Ton avis est saisissant. J’ai vu ce bouquin un peu partout sans lui donner l’attention qu’il mérite. Un livre coup de poing qui glace le sang mais qui semble incontournable. Il me le faut sinon je vais passer à côté. merci!



Sandrine
6 juillet 2016 à 14 h 11 min

Pour cette lecture commune, j’ai choisi « Big Daddy » et ne regrette pas mon choix. S’il ne manque pas lui aussi de scènes pénibles, rien à voir avec la réalité de ce roman…



6 juillet 2016 à 15 h 35 min

Tout comme toi j’ai été écœurée par cette vision de la femme et toujours comme toi il me semblait nécessaire que Chahdortt Djavann soit crue dans ses propos afin de renforcer la puissance de cet écrit.
Merci de m’avoir inciter à participer également à ce challenge Lire le monde 🙂



6 juillet 2016 à 20 h 03 min

J’ai aussi entendu parler de ce roman, mais je pense que je ne pourrai pas le lire suite aux différentes critiques ( sujet très sensible, écriture choc )



    8 juillet 2016 à 8 h 23 min

    Il est vrai que le récit peut paraître cru et violent. Mais un roman me semble toujours moins choquant et plus informatif qu’un reportage télé, par exemple. Et il me semble essentiel de témoigner sur ce sujet.



7 juillet 2016 à 6 h 54 min

Je le note mais pas pour tout de suite
…il me fait peur ce bouquin ..et toute la réalité qu’il raconte …



    8 juillet 2016 à 8 h 27 min

    Je comprends ton appréhension. L’auteur me semble avoir trouve une bonne approche pour témoigner sur ce sujet en alliant les histoires de ces deux jeunes filles et les interviews d’autres femmes. Mais cela provoque indéniablement l’indignation.





7 juillet 2016 à 21 h 38 min

J’aimerais le lire aussi mais peur qu’il suscite/réveille des traumas…



7 juillet 2016 à 23 h 26 min

Je l’ainoté et j’au une furieuse envie de le lire, envie augmentée par ton commentaire



7 juillet 2016 à 23 h 45 min

Édifiant oui… Je note ce titre…!



8 juillet 2016 à 17 h 14 min

Une thématique douloureuse mais ô combien intéressante… après une première incursion dans l’oeuvre de cette auteure avec Big Daddy, roman noir sans aucun rapport avec ses écrits habituels, j’ai bien l’intention de me pencher sur le reste de son oeuvre, envie confortée par les billets que l’activité Lire le monde m’a donnée l’opportunité de découvrir…



8 juillet 2016 à 22 h 54 min

Le titre aussi est choc. De prime abord, il ne m’aurait pas tenté.



valmleslivres
10 juillet 2016 à 21 h 26 min

J’aime ce qu’écrit cette auteure (engagée). Elle n’était pas chez Albin Michel avant?



11 juillet 2016 à 19 h 13 min

Je connais ce livre « de vue » et je ne l’ai jamais lu, mais je crois bien que ta chronique va me faire changer d’avis ! Même s’il s’agit d’une lecture choc, je pense comme toi qu’il est essentiel de lire des témoignages concernant ce sujet… Merci pour cette découverte !



12 juillet 2016 à 7 h 39 min

Quel livre en effet! Un livre essentiel écrit par une femme très courageuse. Je vais continuer la découverte de cette auteure avec « la muette » qui m’a été conseillé.



17 juillet 2016 à 19 h 50 min

quel titre pour un livre marquant j’imagine…



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