Titre : Ce n’est pas un fleuve
Auteur : Selva Almada
Littérature argentine
Titre original : No es un rio
Traducteur : Laura Alcoba
Editeur : Métailié 
Nombre de pages : 128
Date de parution : 14 janvier 2022

Une partie de pêche entre hommes

Enero et Negro, deux cinquantenaires, amis depuis l’enfance, ont emmené le jeune Tilo â la pêche sur un fleuve peuplé de raies géantes, non loin de Santa Fe. Sous une chaleur accablante, ils s’affairent justement à remonter un très beau spécimen.
Passe quelques jours entre hommes, camper sur cette île, est aussi une manière d’honorer la mémoire de leur ami Eusebio, le père de Tilo.

Si l’un d’eux s’en allait, il emmenait avec lui un peu des deux autres.

L’ombre de la mort

La chaleur accablante, les corps fatigués, la nature envahissante, les décors  de Selva Almada sont toujours surchauffés et ensorcelants. La mort plane avec la chaleur accablante. Il y a d’abord cette raie abattue sauvagement puis dépecée. Puis le souvenir de la mort d’Eusebio, vingt ans plus tôt. Une mort qui, bien avant qu’elle n’arrive, hantait déjà le jeune Enero.

Parfois les rêves sont les échos du futur.

Un territoire

Les habitants de l’île n’apprécient pas la manière dont ces étrangers ont tué une raie géante de leur fleuve. Aguirre sent sa terre, sa forêt, son fleuve souillés par les intentions de ces trois hommes qui, sereinement, viennent boire des bières à la buvette du village et suivre leurs filles au bal.
Comme sa soeur qui purifie ses peurs par le feu, Aguirre défend son territoire.

 

Une nature tropicale

Bercée par les grands auteurs sud-américains, élevée dans cette nature tropicale et luxuriante, Selva Almada installe ses histoires dans une ambiance bien particulière où présent, souvenirs et fantômes se mêlent. Ses personnages sont pétris de cette force brute, nécessaire à la survie dans cette nature puissante et belle.
L’auteur va à l’essentiel. En une centaine de pages, elle parvient à nous familiariser avec le passé, les regrets, les blessures de ses protagonistes et à nous plonger dans un monde fascinant où la nature est le plus pregnant des personnages.

Le vent se faufile entre les arbres et tout est si silencieux à cette heure que le murmure des feuilles grandit comme la respiration d’un animal immense. Il écoute sa respiration. Un souffle. Les branches remuent comme des côtes, se gonflent et se dégonflent avec l’air qui s’introduit  dans ses entrailles.
Ce ne sont pas seulement des arbres. Ou des mauvaises herbes.
Ce ne sont pas seulement des oiseaux. Ou des insectes.
Le quitilipi n’est pas un chat sauvage, même s’il en a l’air, parfois.
Ce ne sont pas des cochons d’Inde. C’est ce cochon d’Inde-là.
Ce serpent yarará.
Cette plante caraguatá, unique, avec son coeur rouge comme le sang d’une femme.
S’il étend son regard, dans la direction où la rue descend, il parvient à voir le fleuve. Un éclat qui mouille le yeux. Et là encore : ce n’est pas un fleuve, c’est ce fleuve-là. Il a passé beaucoup plus de temps en sa compagnie qu’avec quiconque.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

18 janvier 2022 à 14 h 47 min

Pas pour moi qui ne suis pas fan du tout de nature-writing.



18 janvier 2022 à 15 h 59 min

Je suis à l’inverse très tentée… et je garde le lien pour le récap du futur mois latino, on n’est pas à 2 semaines près !



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