Titre : Sombre dimanche
Auteur : Alice Zeniter
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 288
Date de parution : janvier 2013
Auteur :
Née en 1986, Alice Zeniter est normalienne, doctorante en études théâtrales et chargée d’enseignement à Paris III. Elle a publié un premier roman à l’âge de 16 ans, Deux moins un égal zéro (Prix littéraire de la ville de Caen 2003) et un second très remarqué chez Albin Michel en 2010, Jusque dans nos bras.
Présentation de l’éditeur :
Les Mandy habitent de génération en génération la même maison en bois posée au bord des rails près de la gare Nyugati à Budapest. Le jeune Imre grandit dans un univers mélancolique de non-dits et de secrets où Staline est toujours tenu pour responsable des malheurs de la famille. Même après l’effondrement de l’URSS, qui fait entrer dans la vie d’Imre les sex shops, une jeune Allemande et une certaine idée de l’Ouest et d’un bonheur qui n’est pas pour lui.
Roman à la poétique singulière, tout en dégradés de lumière et de nostalgie, Sombre dimanche confirme le talent d’Alice Zeniter, révélée par Jusque dans nos bras.
Mon avis :
Voici un livre qui a obtenu plusieurs prix littéraires (le Prix du livre Inter, le Prix des lecteurs de l’Express et le Prix de la Closerie des Lilas) et qu’il me tardait de lire suite aux nombreuses chroniques de lecteurs.Et je peux vous assurer de suite qu’il a tenu ses promesses puisque j’ai beaucoup aimé l’histoire du jeune Imre.
Imre, un prénom que l’on donne au premier garçon de la famille Mandy depuis des générations. Autant dire que le poids du passé est difficile à porter. C’est un des premiers facteurs d’intérêt du roman. Nous sommes en Hongrie, pays associé au nazisme pendant la seconde guerre mondiale, puis sous le joug des russes et enfin confronté à une révolution des années 1956 à 1961. Il faudra attendre 1989, l’effondrement du bloc communiste pour vivre dans un environnement plus libéral.
Le roman est superbement construit puisqu’il amène petit à petit l’histoire des personnages, qui ont tous un charme particulier.
Le grand-père Imre est bougon et rebelle depuis qu’il a perdu sa jambe en Octobre 1956, lors du déboulonnement de la statue de Staline. Son fils, Pal est très discret, rejeté par ses deux sœurs lors de son enfance suite au mystère de sa naissance (parce qu’il y a aussi des secrets de famille à découvrir dans ce beau récit).
« Cette maison a toujours été mauvaise pour les femmes. » Vous découvrirez les destins de Sara et d’Idliko, les épouses du vieil Imre et de Pal mais aussi les galères d’Agnès, la sœur du narrateur.
Les familles vivent depuis des générations dans une vieille maison le long de la voie ferré, un cadre plutôt sinistre sali par les voyageurs de passage.
Le jeune Imre va découvrir la vie, l’amour, les secrets de sa famille, les déboires de sa sœur, la paternité dans cette Hongrie bouleversée.
« Il avait la certitude que Dieu ne s’intéressait à la Hongrie en général et à sa famille en particulier qu’au moment de leur envoyer des catastrophes. »
J’ai apprécié le contexte mais aussi la tendre bizarrerie de Pal, la confession du vieil Imre, la résignation désabusée du narrateur, le jeune Imre. L’auteur parvient à mêler le tragique de l’histoire du pays avec les anecdotes plus légères allant parfois jusqu’à l’humour décalé ( la mort peut être grotesque dans certains cas particulier alors qu’ elle devient « naturelle » pendant la révolution, initiation du jeune Imre).
Un contexte, de beaux personnages, un style maîtrisé avec un peu d’humour, une bonne construction qui laisse petit à petit découvrir l’histoire de la famille, tous les ingrédients sont en place pour assurer un bon moment de lecture.
Alice Zeniter est une très jeune auteure qui me réservera sûrement d’autres belles lectures.
J’ai emprunté ce livre à la bibliothèque municipale.
Commentaires
Il est dans ma PAL car Alice Zeniter était présente lors du dernier « Salon des Dames » à Nevers et, très tentée, je l’avais acheté
Il ne reste plus qu’à le lire.
Voilà qui est intéressant !
L’attribution de prix n’est pas toujours un critère mais cette fois le roman me paraît effectivement intéressant et l’auteur prometteur.
J’avais déjà envie de le lire, mais ton avis m’influence encore davantage. Je le lirai donc.
Un titre plutôt sombre, mais au final un roman qui a l’air lumineux.
Oui, tout de même. Ce sont les femmes qui ont la vie dure dans ce roman. Le narrateur est assez « zen »