HarchiTitre : A l’origine notre père obscur
Auteur : Kaoutar Harchi
Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 176
Date de parution : 20 août 2014

Auteur :
Née à Strasbourg en 1987, de parents marocains, Kaoutar Harchi, titulaire d’une licence de lettres modernes, d’un master de socio-anthropologie et d’un master de socio-critique est, depuis 2010, doctorante-monitrice à la Sorbonne, où elle assure des enseignements en littérature et sociologie. Elle vit aujourd’hui dans la région parisienne.
Elle est l’auteur des deux romans : Zone cinglée (Sarbacane; 2009) et L’Ampleur du saccage (Actes Sud ; 2011).

Présentation de l’éditeur :
Enfermée depuis son plus jeune âge dans la “maison des femmes”, une bâtisse ceinte de hauts murs de pierre où maris, frères et pères mettent à l’isolement épouses, sœurs et filles coupables – ou soupçonnées – d’avoir failli à la loi patriarcale, prise en otage par les mystères qui entourent tant de douleur en un même lieu rassemblée, une enfant a grandi en témoin impuissant de l’inéluctable aliénation de sa mère qu’un infini désespoir n’a cessé d’éloigner d’elle.
Menacée de dévoration par une communauté de souffrance, meurtrie par l’insondable indifférence de sa génitrice, mais toujours aimante, l’abandonnée tente de rejoindre enfin ce “père obscur” dont elle a rêvé en secret sa vie durant. Mais dans la pénombre de la demeure du père, où sévit le clan, la guette un nouveau cauchemar où l’effrayant visage de l’oppression le dispute aux monstrueux délires de la névrose familiale dont il lui faudra s’émanciper pour découvrir le sentiment d’amour.
Entre cris et chuchotements, de portes closes en périlleux silences, Kaoutar Harchi écrit à l’encre de la tragédie et de la compassion la fable aussi cruelle qu’universelle de qui s’attache à conjurer les legs toxiques du passé pour s’inventer, loin des clôtures disciplinaires érigées par le groupe, un ailleurs de lumière, corps et âme habitable.

Mon avis :
Après deux romans privilégiant les personnages masculins, Kaoutar Harchi donne ici la voix à une femme. Toujours fidèle aux problématiques de son pays d’origine, elle s’est nourrie des combats, des blessures et des sourires des femmes pour construire un roman de souffrance mais aussi d’espoir.
La narratrice est née dans la maison des femmes, cette bâtisse aux chambres sans fenêtres qui enferment simplement par leur soumission des femmes jugées fautives par leur mari ou leur famille. Elle vit sa jeunesse et son adolescence auprès d’une mère bafouée mais toujours amoureuse du Père, sans jamais recevoir la tendresse espérée d’une femme qui est une mère pour toutes les autres sauf pour sa fille.
Des conversations, des carnets intimes, elle reconstruit toutefois l’ombre de ce Père  » qui avait fait de notre quotidien une succession d’instants suspendus. »
Et l’on écoute les voix de ces femmes en une seule prière de soumission à l’homme idolâtré et souverain dans cette  » maison des délits du corps où l’on ne châtie ni ne violente mais rééduque« .
Puis, orpheline de tendresse, la jeune fille ne peut que remonter à la source du malheur pour comprendre ou tenter de trouver cet amour idolâtré, cette famille mondaine qui les a rejetées par jalousie, pour provoquer à travers elle le retour de l’homme vers la femme châtiée qui n’a cessé d’attendre.
Des phrases courtes parfois tronquées donnent une respiration haletante à ce récit. L’auteur nous transporte parfois dans une irréalité volontaire, transformant l’histoire en un mythe qui montre que ce pays n’est pas réduit à la réalité avec  » les soldats qui combattent et les femmes qui se sacrifient » mais peut aussi espérer la force et la beauté d’une scène d’amour entre un père et sa fille.

Kaoutar Harchi, très jeune romancière, a le style et l’univers d’une tragédienne.

 

rentrée

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

20 août 2014 à 8 h 45 min

Je ne connsias pas du tout cette auteure qui visiblement est à découvrir !



20 août 2014 à 9 h 10 min

J’aime la tragédie, alors ça me va ! 😀



20 août 2014 à 12 h 54 min

Depuis le temps que je dois lire « L’ampleur du saccage » ! C’est une bonne piqûre de rappel que tu me fournis là 😉



20 août 2014 à 15 h 05 min

J’avais été dévastée par L’ampleur du saccage… Il me faut celui là !



20 août 2014 à 16 h 38 min

Je l’avais identifiée pour cette rentrée 2014. Tu confirmes mon intérêt pour ce titre.



20 août 2014 à 17 h 31 min

Je ne connaissais pas du tout cette auteur. Je note !





20 août 2014 à 18 h 30 min

Un autre livre de la rentrée qui me tente 🙂 très belle chronique !



20 août 2014 à 22 h 06 min

Je le note de suite. Je ne connais pas du tout et tu me tentes vraiment



22 août 2014 à 9 h 33 min

Le premier livre de la rentrée qui me tente vraiment



22 août 2014 à 19 h 16 min

J’ai découvert Kaoutar Harchi avec ce roman (billet à venir). Quelle atmosphère ce roman et quelle écriture! J’ai aimé mais je l’ai trouvé très oppressant.



valmleslivres
11 octobre 2014 à 14 h 53 min

C’est bizarre ce que tu dis sur les phrases courtes, j’ai plutôt eu l’impression inverse.



    11 octobre 2014 à 16 h 41 min

    Je reprends le texte car effectivement chaque lecteur a son impression. Toujours est-il que ce roman est très rythmé, syncopé. Je vois beaucoup de phrases courtes entre les paragraphes
     » Gorge nouée. Suffocation. Vertiges. Nausées. »
     » Dévorée jusqu’à l’os. D’être ça, l’os des chiens. »
     » De tout abandonner. La famille n’existe pas. »
     » Détruire ce que j’ai construit. Imposer leur règne. »
     » Il est parti. Mais un malaise demeure. »…
    Lorsque les phrases sont plus longues (et il y en a effectivement), elles sont coupées par des virgules ( par exemple sur une phrase de 13 lignes au hasard, je compte 16 virgules et deux tirets) ce qui redonnent le rythme de la phrase hachée, et me laisse une impression de phrases courtes qui claquent.
    Phrases courtes ou longues, nul doute, c’est rythmé.
    Tu m’as trouvée bizarre sur deux articles ce samedi…comme c’est bizarre. N’y vois aucun reproche, j’aime que l’on me fasse à nouveau réfléchir sur ce que je peux écrire.
    Et puis, je ne suis malheureusement pas un fin critique littéraire, je n’écris que ce que je ressens.



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