perrignonTitre : Les faibles et les forts
Auteur : Judith Perrignon
Éditeur : Stock
Nombre de pages : 160
Date de parution : 21 août 2013, Livre de Poche en août 2014

Voici pour moi une première lecture (coup de cœur) de Judith Perrignon et je n’en resterai sûrement pas là. Dés les premières lignes, j’ai ressenti une force d’écriture d’une grande cohérence avec le thème abordé, la ségrégation.
Judith Perrignon s’inspire d’un fait divers : la noyade de six adolescents dans la Red River en août 2010, pour faire comprendre la responsabilité commune de ce drame.  » Aucun ne savait nager »
La Rivière rouge, en Louisiane, c’est là que s’apprêtent à aller pique-niquer la famille de Mary Lee, une grand-mère de soixante-quatorze ans et la famille voisine, les King. Le départ est toutefois retardé par une descente de police. Marcus, le plus âgé des petits-enfants est soupçonné de trafic de drogue. La peur revient en force saisir chaque membre de la famille qui s’exprime en ce roman choral.
Dana, mère de cinq enfants de trois pères différents ploie sous ses espoirs envolés. Elle préférerait que Marcus s’engage dans l’armée. Wes est plus malicieux. Déborah découvre son corps et les plaisirs avec son jeune voisin. Jonah voue une admiration sans bornes pour Marcus. Et la petite Vickie n’a que trois ans.
Mary Lee reste toutefois le fil conducteur de cette histoire. Petite fille d’esclave, elle porte en elle toute l’histoire du peuple noir. Elle garde cette fierté, cette droiture ancestrale et n’accepte pas que la jeune génération sombre dans la délinquance.
 » Tiens-toi droit, Marcus, ne donne pas à ceux qui nous méprisent depuis la nuit des temps de quoi justifier encore cette vieille haine contre nous. »
C’est son histoire et celle de son frère Howard qui expliquent pourquoi 60% des Noirs ne savent pas nager, et même pourquoi ils sont persuadés que leur corps n’est pas fait pour l’eau.  » La peur est inscrite en eux. » Et elle se transmet de génération en génération.

Ce roman est d’une grande force encore accentuée par le témoignage du sauveteur, Peter lors d’une émission de radio suite à la noyade des adolescents. Outré par les clichés assénés par certains présentateurs et auditeurs, cet hispano-américain hurle sa rage.
 » Je vais vous raconter à quoi ça ressemble six gamins noirs au fond de la rivière, je vais leur dire aux salopards qui demandent combien ça pèse dans l’eau un Noir, qu’ils étaient légers quand on les a ramassés au fond, c’était des enfants des mômes. »
Judith Perrignon passe du roman choral à la narration classique puis au récit d’une émission radio avec ce témoignage puissant, faisant ainsi un récit complet et poignant.
New Pal 2016 orsec2016 contre-courant

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

31 mars 2016 à 9 h 51 min

Je ne l’ai pas lue depuis L’Intranquille co-ecrit avec G. Garouste (j’avais adoré). Elle a une plume magnifique, je note celui-ci… 😊





31 mars 2016 à 12 h 54 min

Je suis ravie de lire un tel avis, je me le suis offert il y a peu !



Brigitte
31 mars 2016 à 13 h 03 min

J’ai lu Victor Hugo vient de mourir de cette auteure, passionnante description de la vie politique autour de cet événement national, aspect de la chose que j’ignorais complètement.



31 mars 2016 à 14 h 53 min

Une cruelle réalité méconnue de moi avant la lecture de ce roman.



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