Titre : Romain Gary s’en va-t-en guerre
Auteur : Laurent Seksik
Éditeur : Flammarion
Nombre de pages : 228
Date de parution : 18 janvier 2017

 Dans cette biographie romancée, Laurent Seksik nous fait vivre vingt-quatre heures de la vie de Roman Kacev, celui que nous connaîtrons plus tard sous le nom de Romain Gary. Nous sommes en 1925 dans le ghetto de Wilno. Roman a onze ans et il vit un moment crucial de son enfance, pris dans la tourmente des sentiments entre l’amour étouffant d’une mère explosive et son amour inconditionnel pour Arieh, un père absent.

«  Dans mes rêves, je marche à côté de mon père. »

Roman, Nina et Arieh prennent tour à tour la parole. 

Nina, modiste, est une femme de tempérament, possessive, passant du rire aux larmes, capable de haine et d’amour. Abandonnée par Arieh, parti vivre avec une femme plus jeune, peinée par la mort du fils de son premier mariage, dévalisée par les huissiers, elle reporte son besoin d’amour éternel sur son fils et rêve de partir en France. 

Roman est un enfant calme, il voudrait simplement voir son père rentrer à la maison. 

«  On lui reprochait parfois de ne pas avoir des préoccupations de son âge. Mais quand on a connu l’exil à six mois, la séparation de ses parents et la mort d’un frère, l’enfance était une terre inconnue, un continent lointain. »

Une journée d’école buissonnière et une sortie hors du ghetto lui montrent toute la violence d’un monde où l’antisémitisme se renforce.

Arieh ne veut pas décevoir son fils mais il ne supporte plus depuis son retour de la guerre le comportement de Nina. Il se sent apaisé auprès de la douce Frida. Mais aujourd’hui, il a un secret à avouer à son fils.

Le récit est peut-être trop court pour s’attacher pleinement aux personnages. J’ai simplement eu l’impression de les croiser. Quelques passages intéressants ont retenu mon attention comme la conversation entre Roman et le rabbin Abraham Ginzburg ou celle finale des années plus tard entre Arieh et un officier allemand. C’est ce qui donne un peu de substance, de réflexion sur cette période troublée pour les juifs du ghetto et sur le sens d’une religion parfois vécue comme une contrainte.

«  Pourquoi nous hait-on? »
 » La haine peut être l’expression d’une grande souffrance, mais elle renforce nos désespoirs, nous rend prisonniers du passé, fait de nous des spectateurs impuissants de nos actes. L’amour de nos proches est fait de sentiments contradictoires qu’il faut savoir admettre. Tu as le droit de haïr même ton père. Mais cette haine doit rapidement faire partie de tes plus mauvais souvenirs. Je suis sûr que tu te reproches déjà ces mauvaises pensées. »

Romain Gary s’est ensuite inventé un père. Ceci est expliqué en quatrième de couverture mais aurait pu aussi être abordé en épilogue afin d’ancrer davantage le récit  de ces vingt-quatre heures dans la vie de Romain Gary.

Je remercie Laure de m’avoir accompagnée pour cette lecture. Son avis est ici.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

31 mai 2018 à 13 h 53 min

Que de romans, en ce moment, autour de Gary.



Laure Micmelo
31 mai 2018 à 23 h 08 min

C’est vrai que le roman est assez court et se lit assez vite. Il a beaucoup moins de profondeur que dans la Promesse de l’Aube – que oui, oui, oui, je t’invite vivement à lire – ceci étant, je ne regrette pas du tout cette lecture. Merci 🙂



6 juin 2018 à 15 h 03 min

J’ai lu d’autres titres de Laurent Seksik et notamment sur Einstein, je n’avais pas entendu parler de la sortie de celui-ci, sans doute moins bon… on verra si il croise ma route !



10 juin 2018 à 12 h 17 min

J’avais eu un sentiment mitigé aussi.



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