Titre : La femme qui tuait les hommes
Auteur : Eve de Castro
Editeur : Robert Laffont
Nombre de pages : 288
Date de parution : 4 janvier 2018

Un siècle sépare les deux héroïnes de ce roman. 

Lena vit en Russie à la fin du XIXe siècle, elle a intimement connu le jeune Lénine. Nous la rencontrons en prison, à Saint- Petersbourg en 1909, elle attend son exécution.

Jeanne était couturière à l’Opéra de Paris. Retraitée , mise au rebut, oubliée de la société, elle s’ennuie dans sa vie routinière. Jeanne passe ses après-midi à attendre dans le métro. Un jour, elle y croise Lucie, une jeune trentenaire en pleurs. Lucie vient d’être abandonnée par Paul, son amant, un écrivain qui collectionne les aventures amoureuses. Elle voulait lui inspirer le roman qui lui vaudrait le Goncourt, devenir unique à ses yeux. Il ne la regarde plus. Lucie demande à Jeanne de rendre à Paul sa clé enveloppée dans un mouchoir bleu. 

Lena et Jeanne ont de nombreux points communs. Elles ne sont pas particulièrement belles, elles sont habituées à occuper la place qu’on leur assigne, à se contenter de peu.

Chacune, à un moment donné de leur vie, a atteint ce point de bascule, cet instant où lassée des insultes et des coups, elle décide de réagir, de changer de vie. Elles se sentent investies d’une mission de vengeance, s’inscrivent en sauveur des femmes bafouées.

A Samara, la jeune Lena est mariée de force à Sergueï, un homme rustre qui boit et frappe fort. A la fin  du XIXe siècle en Russie, les coups ne sont rien à côté de la faim. Le jeune Lénine, terrassé par l’exécution de son frère et la mort de sa soeur apprend à Lena l’importance d’avoir une volonté de fer.

«  Tu vois: il suffit de choisir ce qu’on vise, puis d’assortir les moyens aux fins. Rien d’autre ne doit exister que le but à atteindre. »

Lena se répète cette leçon pour sauver femmes et enfants de la violence des hommes. Le meurtre de son mari sera le premier de deux cent soixante-douze vengeances. Dans sa prison, elle écrit le nom de ses victimes et se souvient de Lénine, son ambition politique, son exil, ses amours.

Jeanne est fascinée par les faits divers tragiques. Alors qu’elle travaillait dans un cirque, régulièrement violée par les mâles de la troupe (tout comme à l’Opéra de Paris), elle rencontre à Samara celui qui sera son protecteur et l’homme de sa vie. Toute sa vie, elle ne cessera de l’attendre. Sa rencontre avec Paul est fascinante. Suspicieux l’un envers l’autre, ils apprennent à se connaître. Il comble sa solitude, elle l’inspire.

En alternant les deux récits, Eve de Castro éclaire le destin des deux femmes. Deux femmes bafouées, humiliées, violentées qui atteignent leur point de bascule et agissent sans aucun scrupule, aucun sentiment de culpabilité. Les contextes sont ébauchés, de la situation en Russie à l’aube du XXe  au Paris contemporain, des vies de Lénine, des parents des uns et des autres. Peut-être trop rapidement pour s’immerger dans l’histoire. D’autant que le ton reste léger malgré les situations tragiques.

L’alternance des deux sujets m’a parfois perdue. Au départ, je me suis passionnée pour Lena, au détriment du passé de Jeanne. Puis la rencontre avec Paul a modifié l’équilibre de mes sentiments.

Si j’ai une petite réserve sur la construction, je suis toujours aussi conquise par le ton ( il est ici parfois ironique) et le style ( l’auteur est une excellente conteuse).

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

17 août 2018 à 12 h 27 min

Deux points positifs pour un qui t’a moins plu.



18 août 2018 à 21 h 57 min

J’ai lu ce roman cet hiver et ton avis rejoint le mien !



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