Titre : Le clou
Auteur : Zhang Yueran
Littérature chinoise
Traducteur : Dominique Magny-Roux
Éditeur : Zulma
Nombre de pages : 592
Date de parution : 22 août 2019

 

Li Jiaqi et Cheng Gong se retrouvent à Nanyuan, le village de leur enfance. Ils ne se sont pas vus depuis vingt-huit ans. Elle revient sur les traces du passé, au Pavillon blanc, là où agonise son grand-père, un ancien cardiologue réputé, honoré par l’Académie. Ce grand-père, elle ne l’a jamais aimé car, sans cesse il rejetait son fils, le père de Li Jiaqi. Pourquoi? Nous le découvrirons au fil des pages. Ainsi,  Li Jiaqi a développé un amour inconditionnel, pour ce père qui a épousé une paysanne défiant ainsi sa famille et n’a ensuite pensé qu’à fuir son foyer sans s’occuper ni de sa femme ni de sa fille. Adulte, sa vie sentimentale sera éternellement perturbée par le  besoin de se rapprocher d’un père idéalisé.

Cheng Gong,lui, n’a jamais quitté le village. Quand sa mère est partie, son père l’a confié à sa grand-mère, une femme autoritaire et méchante. Il a vécu entre sa tante aimante et son grand-père, réduit à l’état de légume dans une chambre de l’hôpital dont il était le directeur. C’est là qu’enfants, Li Jiaqi et Cheng Gong se retrouvaient.

En alternant les récits de Li Jiaqi et de Cheng Gong, aujourd’hui deux adultes en souffrance, lestés par le poids du passé de leur grand-père, Zhang Yueran nous dévoile lentement comment l’histoire du pays a brisé les relations entre ces deux familles.

«  C’était un secret, un secret d’avant nous, qui faisait obstacle entre nous. Nous vivions de la chasse comme certains animaux – la chasse au secret…Nous avancions au cœur de l’immense brume formée par le secret, nous pressions le pas en cadence dans l’ignorance, sans rien distinguer de la route devant nous ni même savoir où nous allions. »

Cette phrase illustre bien le climat de ce roman. La neige omniprésente, lourde et froide. Les chambres de mourants, la tour des morts où enfants, Li Jiaqi et ses amis venaient se faire peur en découvrant des morceaux de ces criminels exécutés, réserve de cadavres pour l’université. La violence des rapports dans les couples, l’amitié mise à mal par les non-dits. Pour Li Jiaqi ou Cheng Gong, tout amour ne peut qu’être voué à l’échec.

Avec ce récit à deux voix, Zhang Yueran tourne autour de la détresse de deux jeunes adultes en quête d’identité. Chacun devra recomposer le passé auprès de ceux qui l’ont vécu, comprendre le secret tragique qui liait leurs grand-pères. A l’image de Li Jiaqi et Cheng Gong, la jeune génération doit assumer l’histoire de leurs ancêtres dans un pays troublé afin de pouvoir avancer dans leur propre vie.

Un roman plutôt sombre et lourd malgré une écriture fluide et une excellente traduction. Une belle découverte de la littérature chinoise.

 

 

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

18 juin 2020 à 19 h 55 min

Je note, très intéressée



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