Titre : Le répondeur
Auteur : Luc Blanvillain
Editeur : Quidam
Nombre de pages : 260
Date de parution : janvier 2020

 

A sa sortie, j’avais été alertée par les bonnes critiques sur ce livre. Malgré mon attachement aux parutions des Editions Quidam, le titre et la quatrième de couverture ne m’attiraient pas vraiment. Mais, à la suite de deux lectures denses et sérieuses ( Apeirogon de Colum McCann et Abraham ou la cinquième alliance de Boualem Sansal), cette lecture fut une pause agréable et rafraîchissante. Non pas que le sujet est frivole, car sous un vaudeville théâtral, Luc Blanvillain traite de grands sujets universels, la création artistique et la communication sociale.

Baptiste est un imitateur de talent mais ses prestations dans le petit théâtre associatif de son ami Vincent n’attirent pas les foules et le laissent largement insatisfait. Alors qu’il doute de ses capacités, Pierre Chozène, un écrivain primé du Goncourt, l’engage pour répondre à sa place, en imitant sa voix, à ses nombreux appels téléphoniques qui l’empêchent de se concentrer sur son nouveau roman, une autobiographie difficile sur son père avec lequel il n’a jamais su parler.

Si la voix de Chozène est facile à imiter pour Baptiste, le jeune homme peine à engager la discussion avec des interlocuteurs inconnus, même en s’appuyant sur les notes personnelles de Chozène griffonnées dans un carnet.

Pourtant, au fil des entretiens, stimulé par son attirance pour Elsa, la fille de l’écrivain, Baptiste se prend au jeu, d’autant plus qu’il est très bien payé.

« Chozène avait-il songé à l’infléchissement des rapports avec ses proches qui résulterait fatalement de leur petite mise en scène ?»

Baptiste doit souvent improviser. Comme une machine qui intègre petit à petit des données sur son employeur, il commence à prendre des initiatives. Si elles ne déplaisent pas à Chozène, elles servent aussi parfois ses propres intérêts.

En partant d’une idée un peu farfelue, Luc Blanvillain compose une comédie pleine de rebondissements. Embarqué dans une histoire réjouissante, le lecteur se trouve face à la difficulté de la création artistique souvent liée au manque de reconnaissance. Si l’écriture du roman intime sur son père est si laborieuse, est-ce un manque de talent, de concentration ou le résultat du défaut de communication et de reconnaissance d’un père pour son fils? Quel homme donnera la stabilité nécessaire à Elsa pour affirmer ses talents de peintre? Baptiste doit-il passer par cette expérience sans public pour enfin monter sur scène ?

Chacun est lesté de son passé, de ses expériences insatisfaisantes en matière de relations familiales et sociales. Baptiste, en prêtant sa voix au père et son corps à sa fille, ose ce que les autres n’auraient jamais pu se permettre, englué dans leur Moi social. Avec un oeil neuf et une voix empruntée, l’imitateur remet en perspective les relations familiales et amicales de la famille Chozène.

Un roman bien agréable à lire, un sourire bien utile en cette période parfois un peu sombre.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

23 décembre 2020 à 10 h 15 min

Oui comme toi je l’ai vu passer mais toujours pas trop envie de le découvrir….. 🙂



23 décembre 2020 à 19 h 15 min

Une lecture légère qui a l’air sympathique.



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