Titre : La patience des traces 

Auteur : Jeanne Benameur 
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 208
Date de parution : 5 janvier 2022

 

Les mots

Simon est psychanalyste. Dans son cabinet proche de l’ocean, il écoute à longueur de journée les mots qui délivrent les patients venus s’allonger sur son divan. Lui, ces mots qui libèrent, ils ne les prononcent pas.

 

L’amitié et l’amour

Fils unique, Simon a passé son enfance avec Louise qui deviendra sa compagne et Mathieu, son meilleur ami. Aujourd’hui, il en garde des souvenirs, beaux et douloureux, et deux objets, une aquarelle et un bol.
Lorsque ce matin-là, il casse le bol offert par Mathieu à sa mère, il sait qu’il doit partir, faire une pause. Son ami Hervé lui prépare un voyage au Japon.

Tout comme la raie Manta, il faut trouver l’élan qui fait prendre le risque de quitter son lieu.

A l’aéroport, il croise Lucie F., une ancienne patiente qui le hante . Elle pensait enfin avoir trouver son « chez-soi », il l’a contrariée d’une phrase malheureuse. Elle n’est jamais revenue à son cabinet.

Le temps

On ne peut ni prendre ni perdre ni avoir le temps. Le temps n’est pas un objet, on le sait bien pourtant.

Dans les îles Yaeyama, auprès d’Akiko et de son mari Daisuke, le temps s’arrête. Alors Simon découvre la patience nécessaire à la réalisation de pratiques ancestrales. Le bingata, technique de peinture du tissu ou le kintsugi, méthode japonaise de réparation des porcelaines demandent du temps.

Les tissus cousus
La céramique cousue
Et lui, la bouche cousue? Où le fil d’or ?
Daisuke parle. A sa façon lente. Entre chaque phrase, un temps. Le silence dans lequel Simon marche. A pas comptés. S’il comprenait ce que dit Daisuke, il saurait que tout se répare. On ne cherche pas à cacher la réparation. Au contraire, on la recouvre de laque d’or. On est heureux de redonner vie à ce qui était voué à l’anéantissement. On marque l’empreinte de la brisure. On la montre. C’est la nouvelle vie qui commence.

Le chez-soi

Imitant la raie Manta, Simon comprend qu’il doit s’alleger des scories qui alourdissent son corps. Ainsi en réponse aux sourires de ses hôtes, entouré d’une nature luxuriante, le psychanalyste se libère de sa peur de parler. Le corps accompagne la mémoire. Les blessures de Simon reviennent à la surface.

Il y a de longues plaintes tenues parfois longtemps dans nos poitrines. Un jour elles trouvent le chemin et montent jusqu’à nos lèvres.

Ce voyage ouvre un chemin apaisant qui permet à Simon de trouver son histoire, d’accepter à défaut de pardonner. C’est un long voyage qui demande de la patience, du temps, le regard bienveillant de ceux qui ne jugent pas. Mais à la fin, on trouve son « chez-soi », cette paix avec laquelle on pourra enfin s’accorder la liberté d’être.

La patience des traces est un titre magnifique particulièrement bien choisi. Avec la douceur, la poésie et l’élégance de Jeanne Benameur, le lecteur accompagne dans un environnement apaisant et enrichissant la réparation de l’âme de Simon.
Un coup de coeur, bien évidemment.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

7 janvier 2022 à 11 h 31 min

Jeanne Benameur… Une magicienne 🤍



7 janvier 2022 à 18 h 56 min

Coup de cœur aussi pour moi !



belavalflorin
7 janvier 2022 à 23 h 24 min

Je suis fan depuis son premier livre( jeunesse)
Merci de me faire connaître ce petit dernier.



8 janvier 2022 à 0 h 04 min

Déjà lu? eh bien… J’aimerais tenter même si je connais peu l’autrice.



9 janvier 2022 à 16 h 05 min

ah la belle plume de Jeanne Benameur!!! comment résister?



10 janvier 2022 à 13 h 58 min

Après avoir lu ton billet, je retrouverai cette auteure avec plaisir.



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