Mouawad
Titre : Anima
Auteur : Wajdi Mouawad
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 390
Date de parution : Août 2012

 

Où est la frontière entre l’humain et l’animal? Pour Wahhch Debch, le héros de ce roman, les deux termes semblent parois se mêler.
La découverte de sa femme sauvagement assassinée ouvre une brèche dans son passé. Si la police identifie rapidement l’assassin, Welson Wolf Rooney, elle ne se presse pas pour l’arrêter dans la réserve des Mohawks où il est parti se cacher. Wahhch a besoin de le rencontrer pour s’assurer qu’il n’est pas responsable de la mort de sa femme.
C’est donc lui qui part dans la réserve amérindienne. Là, le vieux Coach l’aide dans sa quête.
Meurtres, rencontres, violence animale et humaine, le chemin est douloureux jusqu’à la rencontre de son passé.
«  Que faire des fragments éclatés de son histoire? Fragments qu’il ne cesse de ressasser, incapable d’en raccorder les parties… »

Le récit est violent avec la description insoutenable de meurtres, les combats de chiens, la dure réalité de la loi de la nature.
Mais avec ses yeux faïencés, son silence, son animalité, Wahhch est un être touchant, sous le joug d’une malédiction qui lui interdit à jamais le bonheur.
 » Il y a des êtres qui nous touchent plus que d’autres, sans doute parce que, sans que nous le sachions nous-mêmes, ils portent en eux une partie de ce qui nous manque. »
C’est sombre, noir, violent mais Wahhch possède une vraie bonté en lui, celle qui la lie à des chevaux maltraités, à un chien monstrueux qui devient son plus fidèle ami ou à cette jeune fille Winona meurtrie dans sa chair et son âme.

Rencontrer l’assassin de sa femme, traverser les terres du Canada et des Etats-Unis, fouler des lieux où la guerre de Sécession a fait rage comme Carthage ou Lebanon, Liban en anglais et ville du Missouri et ainsi faire resurgir ce qui s’est passé cette nuit de septembre 1982 où  » des centaines de chrétiens, sous le regard de centaines de juifs, ont massacré des centaines d’Arabes. »
Enterré vivant à l’âge de quatre ans avec des corps de chevaux lors du massacre de Sabra et Chatila où toute sa famille fut massacrée devant ses yeux, Wahhch vit dans le malheur et la douleur engendrée par la permanence de la mémoire. Qui l’a sauvé de cette mort certaine?

Non seulement, l’histoire est forte et prenante mais la construction n’en est pas moins étonnante. Chiens, poissons, oiseaux, serpents, singe, araignée, souris cité par leur nom latin en tête de chapitre sont les narrateurs de cette histoire pendant toute la première partie. Chaque animal a sa façon de s’exprimer, donnant ainsi une forme narrative surprenante.
 » J’ai su alors que cet homme avait lié il y a longtemps, et d’une manière par lui seule connue, son destin à celui des bêtes. »

Si ce récit comporte des scènes insoutenables, l’ensemble est d’une rare densité et d’une grande force tragique en faisant un roman inoubliable.

Je remercie Joëlle et Eimelle qui m’ont accompagnée pour cette lecture.

Retrouvez aussi l’avis de Miriam Panigel

Pal

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

8 février 2017 à 9 h 22 min

On m’en a parlé à Noël et je ne l’avais pas noté (donc oublié). Heureusement, voilà que ta critique ravive ma mémoire. Je le note pour une prochaine fois, car ce que tu en dis me fais bien envie. Merci 😉



8 février 2017 à 10 h 54 min

Une lecture très marquante de l’année dernière. j’ai eu au départ un peu de mal à m’accoutumer au fait que les narrateurs soient des animaux, et puis l’écriture, l’intensité des émotions exprimées, m’ont emportée..



8 février 2017 à 11 h 03 min

Merci pour cette lecture commune qui m’a enfin permis de me plonger dans cet extraordinaire roman que bizarrement je n’arrivais pas à attaquer.
Rdv le 27…



8 février 2017 à 11 h 33 min

Tu l’a bien dit : une lecture inoubliable



8 février 2017 à 12 h 12 min

Ce livre me fait un peu peur bien que je ne doute pas de son immense qualité, il est noté, mais je le lirai à une période « disponible » pour entrer dedans sans le lâcher toutes les 5 minutes ! 😉



8 février 2017 à 14 h 40 min

Quel roman ! D’une puissance inouie !





eimelle
8 février 2017 à 19 h 26 min

ré texte! Je suis ravie de l’avoir enfin lu!



8 février 2017 à 20 h 45 min

J’aime beaucoup Mouawad (surtout son théâtre), donc je suis content qu' »Anima » t’ait plu. Mais parmi ses deux romans, je préfère son premier : « Visage retrouvé » (que je te recommande). Dans « Anima », il y a quelque chose que j’ai trouvé inabouti dans la traque épique de Wahhch Debch, et si le procédé narratif est ingénieux, j’ai fini par m’en lasser un peu vers la fin. Mais ça reste un bon roman. =)



8 février 2017 à 22 h 08 min

En effet, c’est un roman que je n’oublierai pas de sitôt, il m’avait beaucoup marquée.



10 février 2017 à 9 h 50 min

J’ai trouvé ce roman très fort



11 février 2017 à 0 h 22 min

Je crois qu’il est sorti en poche, je note ce texte si puissant !



19 février 2017 à 14 h 32 min

Je viens de lire le billet d’Eimelle qui m’a également beaucoup intriguée… Il faut que je retienne ce titre, et c’est une bonne idée cette lecture commune de PAL !! 😉



MYRIAM HAUET
10 avril 2019 à 13 h 27 min

Bonjour,
Pouvez-vous svp mettre les numéros de page lorsque vous faite une citation. Je recherche en fait la référence exacte de la citation: « Il y a des êtres qui nous touchent plus que d’autres, sans doute parce que, sans que nous le sachions nous-mêmes, ils portent en eux une partie de ce qui nous manque.  »

Merci d’avance.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *