Titre : Il n’en revint que trois
Auteur : Gudbergur Bergsson
Littérature islandaise
Titre original: Prír sneru aftur
Traducteur : Eric Boury
Editeur : Métailié
Nombre de pages : 208
Date de parution : 11 janvier 2018

Islande, « paysage désert et vide: ces dunes de pierre, ces roches, ces champs de lave, ces montagnes, leurs éboulis et cette végétation éparse qui semblait vouloir remonter les pentes. » Là, dans un champ de lave entre montagnes et océan se trouve une ferme isolée. Y vivent un vieux couple, un fils obsédé par la chasse au renard et trois filles qui, suite à une expédition en ville pour assurer un petit boulot dans un village de pêcheurs, se retrouvent enceintes. L’aînée, couverte de honte disparaît. Les deux autres s’enfuient après avoir laissé leurs filles à leurs parents.
La vieille les élèvera avec simplicité, dévotion, leur faisant l’école et leur inculquant les bonnes manières. Ce qui ne les empêchera pas de partir dès la fin de leur communion, étape de leur émancipation. Ne reste que le gamin, le fils abandonné d’une mère agonisante et d’un père parti avec sa maîtresse.
Cette vie paisible, rude et ennuyeuse va être bouleversée par la guerre. L’Islande est une zone stratégique bientôt envahie par les Américains. Cette guerre est une aubaine. Les paysans s’enrichissent à ramasser les balles de caoutchouc s’échouant sur le rivage, à récupérer les ordures des camps américains et les filles s’évadent dans les bras des soldats. Héberger une installation militaire rapporte davantage que le travail de la terre.

Sur le champ désert de la ferme passeront un allemand qui se cache, deux anglais et bien sûr des soldats américains.
Par ce roman sombre, complexe, empreint du naturel sauvage des islandais isolés dans une nature hostile, Gudbergur Bergsson montre l’évolution de ce pays suite aux années de guerre.
«  Aucun homme, aucune femme, aucun enfant ne prend autant conscience des caractéristiques de sa nation qu’en temps de guerre. »
La guerre métamorphose le paysage mais elle révèle aussi la cruauté des hommes. A-t-elle perverti les âmes simples de cette ferme islandaise isolée ou révélé leur vraie nature?
«  Si Hitler n’existait pas, les Amerloques ne seraient pas venus ici et nous serions encore des Esquimaux à la périphérie de la planète. »

Le titre du roman est celui d’un livre que le chasseur de renards lit chaque soir au gamin. Des naufragés se retrouvent sur un radeau, là où «  la cruauté et la violence ont un pouvoir purificateur. » Chair à requins, il n’en restera finalement que trois. Personne ne saura la fin. Qui survivra pour écrire cette histoire? Le parallèle est évident. Qui pourra raconter la vie de cette ferme isolée, son terrible tumulte sur l’océan de la guerre? «  Pour continuer à vivre en vain…»

Roman brut (à part la vieille et peut-être le gamin, les sentiments des uns et des autres sont assez primaires), roman sombre sur un pays isolé du monde, à la nature sauvage transformé par les conséquences de la seconde guerre mondiale. Un roman pour mieux comprendre l’évolution de l’Islande et l’histoire de son peuple.
«  Au loin, les convois de navires passaient, fantomatiques, dans la quiétude du soir, écrivant la réalité noire de la guerre avec la fumée de leurs cheminées sur la voûte céleste. »

Avis de Lettres d’Irlande ou d’ailleurs

Auteur

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Commentaires

25 janvier 2018 à 11 h 20 min

Il est sur ma table de chevet pour une prochaine lecture



25 janvier 2018 à 11 h 44 min

Un beau roman islandais, semble-t-il. Je le note, merci de ta participation !



25 janvier 2018 à 12 h 05 min

j’en ai eu la même vision que toi, très intéressant sur ce qu’est et fut l’Islande



25 janvier 2018 à 15 h 17 min

L’histoire de l’Islande ? Pourquoi pas.



26 janvier 2018 à 14 h 26 min

J’aime généralement beaucoup les romans islandais… et les éditions Metaillé. Je note donc ce livre…un de plus à lire!
Daphné



27 janvier 2018 à 10 h 28 min

J’aime beaucoup ta chronique ! Tu as effectivement mis le doigt sur ce qu’il m’a manqué pendant cette lecture 🙂



Laure Micmelo
27 janvier 2018 à 20 h 48 min

C’est brut, sombre, c’est l’Islande, a priori, tout ce que j’aime.



31 janvier 2018 à 15 h 12 min

j’ai un faible pour l’Islande alors je note 🙂



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