Titre : Entrez dans la danse
Auteur : Jean Teulé
Editeur : Julliard
Nombre de pages : 160
Date de parution : février 2018

 

Est-il encore utile de présenter Jean Teulé? Malgré sa haute stature, l’auteur reste un grand enfant qui s’amuse en écrivant et entraîne son lecteur amusé dans un univers burlesque. Toujours à l’affût d’une anecdote historique ou locale, Jean Teulé déploie son imagination sous un langage fleuri pour illustrer ironiquement sa version des faits.

Lorsque Julien Bisson, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le 1, lui parle d’une danse frénétique qui décima la ville de Strasbourg au XVIe siècle, l’imaginaire de Teulé se met en branle. Il retrouve la véracité des faits dans une chronique alsacienne de 1518, se documente, retrouve le nom des vrais protagonistes et écrit cette histoire en mêlant réalité historique et vocabulaire contemporain.

A cette époque, Strasbourg appartient au Saint Empire romain germanique et connaît toutes les misères du monde : épidémies, déraillement de la météo et du ciel, menace d’une invasion turque. Le peuple meurt de faim. Plus un seul animal ou insecte dans les rues, les parents sont acculés à manger leur progéniture.
Enneline , la femme du graveur Melchior, traverse la rue du Jeu-des-Enfants, s’arrête au milieu d’une passerelle et jette son nourrisson à peine sevré dans la rivière. De retour chez elle, sa peine est si grande que ses membres se mettent mécaniquement en mouvement, entamant une danse frénétique qui durera des mois.
«  Danser, est-ce taire un cri? »
Bien vite, mille danseurs, tous aussi misérables et désespérés la rejoignent dans une « techno parade » macabre . Comment arrêter ces « agités du cul » qui envahissent les rues de la ville?
Andreas Drachengels, le maire à la moustache expressive, convoque l’évêque, des médecins, un astrologue pour trouver une solution à cette épidémie qui se propage plus vite que la dysenterie.
Pour les médecins, c’est du jamais vu. Chacun propose sa solution jusqu’à celle cruelle et radicale de l’évêque, Guillaume de Houstein.
Jean Teulé ne rate pas cette occasion d’épingler cette Eglise richissime qui impose aux fidèles misérables de payer pour le rachat de leurs péchés et s’offrir une place au Paradis. Rien à faire de ce peuple qui a perdu l’espoir, l’évêque garde ses privilèges.
Dans tout roman historique, il y a souvent une réflexion actuelle. La misère est toujours plus lourde pour les gens de la rue sous l’indifférence de certains notables ou religieux.

Mais ce court récit n’est en rien polémique. Sa légèreté, son humour et le talent narratif d’un auteur égrillard en font surtout un plaisir de lecture. Son langage fleuri fait sourire même dans les situations les plus dramatiques et scabreuses. Jean Teulé a commencé par la bande dessinée, l’image a son importance. Ses descriptions précises, imagées nous donnent à voir les scènes de cet évènement historiques.
N’en attendez pas davantage qu’un immense sourire. Mais si la danse, le mouvement sont l’ultime élan du désespoir, le sourire est sans aucun doute le meilleur moyen de ne pas y sombrer.

 

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires



16 février 2018 à 21 h 19 min

Il n’est malheureusement pas (encore ?) sur le site de la bib départementale



17 février 2018 à 12 h 55 min

J’aime bien Teulé lorsqu’il se fait chroniqueur du fait divers historique, c’est toujours réjouissant…



19 février 2018 à 12 h 12 min

Malgré tout, ayant été déçue par certains romans de l’auteur, je passe mon tour pour ce titre.



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