Titre : Leurs enfants après eux
Auteur : Nicolas Mathieu
Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 432
Date de parution : août 2018

 

En cette rentrée littéraire 2018, Nicolas Mathieu est un des chouchous des critiques littéraires. Après un passage par le roman noir, il s’impose même parmi les quatre finalistes en lice pour le Prix Goncourt 2018.

Bien évidemment, suite à ces retentissants échos, il me tardait de lire ce roman. Et on le sait quand la barre est mise si haute, la déception reste souvent possible.

Chose promise, ce roman est une remarquable fresque sociale. En suivant le jeune Anthony sur quatre étés, de ses quatorze à vingt ans, Nicolas Mathieu dresse le bilan d’une génération élevée dans les zones de sidérurgie sinistrées, pleine de rêves mais condamnée au déterminisme social.

Roman sombre, non! Car il y a la fraîcheur de la jeunesse. Mais tragique, sans aucun doute, le destin est implacable.

Le bourg d’Heilange est à l’abandon depuis la fermeture des hauts-fourneaux. Pères au chômage, les familles d’ouvriers se démantèlent sous l’effet de l’alcool et de la dépression.

Dans un si petit village, les jeunes des différents horizons, enfants de notables, ouvriers ou immigrés, se côtoient lors de soirées où tournent les bouteilles d’alcool et les joints fournis par Hacine, fils d’immigré, caïd des immeubles de la ZUP.

Il n’est pourtant pas facile pour Anthony de séduire Steph, fille d’un dirigeant de la mairie. Son éducation, sa classe sociale le pénalisent davantage que son œil difforme. Pourtant cet amour le guidera pendant toute l’adolescence. Elle, préfère un fils de bourgeois à celui qui galère à trouver sa place dans la société.

Avec force de détails, Nicolas Mathieu nous invite à connaître chaque famille en nous relatant les ambitions et désillusions des père et mère d’Anthony, Steph et Hacine. Bourgeoisie, monde ouvrier et famille d’immigrés, tout est parfaitement campé. Comment les enfants de chacun peuvent-ils vivre ensemble, grandir?

Nicolas Mathieu s’inspire de son monde, l’Est de la France pendant les années 90 pour camper avec réalisme les rêves d’une génération désenchantée qui sera pourtant réunie le temps d’une victoire de la France lors de la Coupe du Monde de football. Leurre d’un moment, plongeant ensuite chacun dans la réalité d’une société dans laquelle ils sont irrémédiablement soumis à leurs origines. Comme leurs parents avant eux.

Diamant brut? N’est-ce pas un tantinet exagéré? Nicolas Mathieu est un excellent narrateur, parfois un peu trop disert, un fin observateur de la société dans laquelle il a grandi.
Si les personnages sont marquants, ce roman d’initiation reste pour moi une belle histoire. Un scénario au style relativement classique qui laisse entrevoir une possible adaptation cinématographique. Un film français  qui ne manquera pas d’intéresser un large public.

Un bon roman mais pas un Goncourt.

J’ai lu ce titre dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire de Rakuten ( #mrl18)

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

3 novembre 2018 à 21 h 02 min

Tu es donc plus enthousiaste que moi, mais je suis complètement d’accord pour dire que c’est une très bonne fresque sociale.



5 novembre 2018 à 11 h 53 min

J’ai trouvé très bon ce livre qui m’ a ferrée



5 novembre 2018 à 12 h 56 min

Des avis vraiment différents sur ce roman. Il va falloir que je me le lise à mon tour….



8 novembre 2018 à 23 h 56 min

Et bien finalement, il l’a eu ce Goncourt… C’est amusant de lire ton article écrit avant ! Je l’ai emprunté à la médiathèque… Affaire à suivre…



25 novembre 2018 à 11 h 57 min

Merci pour cette participation ! Délibérations en cours pour le choix de la chronique gagnante !
Et vive le Goncourt de cette année ! 😉



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