Titre : Une femme en contre-jour
Auteur : Gaëlle Josse
Éditeur : Noir sur Blanc
Nombre de pages : 160
Date de parution : 7 mars 2019

 

Vivian Maier ne pouvait qu’inspirer Gaëlle Josse. Sortir une femme de l’ombre, une femme qui, d’un regard capturé sur une pellicule photo, d’un œil posé sur la vie, mettait à jour la détresse des exclus et des marginaux.

Vivian Maier est morte en 2008 à Chicago, inconnue, seule et pauvre. Des milliers de ses photos prises et entassées dans des cartons au garde-meuble n’ont jamais été dévoilées.

« Humbles existences qui ne savent que traverser le monde, voir le monde, dire le monde sans s’en emparer, en vainqueurs ou en conquérants. »

Autodidacte, la photographe de rue a pourtant un style, un talent inouï mais, sa jeunesse et sa vie l’ont toujours conduite à la limite de l’effacement.

John Maloof, agent immobilier, a acheté aux enchères le contenu du garde-meuble de Vivian Maier. Tout d’abord déçu, il a ensuite été touché par la bouleversante humanité de certaines photos.

Les professionnels n’ont pas voulu y croire. Sans eux, il a monté son exposition au Centre Culturel de Chicago. L’engouement fut immédiat.

Crédit Vivian Maier, extrait du documentaire A la recherche de Vivian Maier

De quelques jalons, de traces légères dans son existence, Gaëlle Josse relie les pointillés pour donner vie, sans la trahir, à cette « effacée magnifique. »

Pour cela, elle remonte à la naissance de la mère de Viviane, Maria Jaussaud dans les Hautes-Alpes. Bâtarde abandonnée par Eugénie, sa mère partie tenter sa chance à New-York , maria sera une éternelle dilettante, incapable de se fixer sur une identité ou un travail. Avec Charles, un homme violent, Maria aura deux enfants, Karl et Vivian, trop souvent livrés à eux-mêmes ou éduqués par d’autres. Vivian gardera à jamais une peur des hommes et la conviction que les grandes espérances se changent vite en illusions perdues.

Après la crise de 1929, Maria et Vivian partent en France, à Beauregard. Vivian restera attachée aux paysages de Alpes.

«  La vallée des Alpes et ses souvenirs heureux, ses escapades, demeurent enfouis en elle, comme de lointaines consolations. »

C’est là, à vingt-quatre ans, héritant de sa grand-tante qu’elle achète son premier Rolleiflex.

 » Dès lors, Vivian va inventer, trouver son style, installer son regard. »

Pour cette femme solitaire qui gardent le silence sur ses émotions, photographier est un geste vital. Pour vivre, elle devient garde d’enfants. Une nurse qui, au gré des ses promenades, capte le regard des gens de la rue.

 » Écrire, c’est se rêver Shéhérazade. » Gaëlle Josse pourrait me tenir éveillée des nuits entières en me racontant ces vies oubliées, émergeant de la lueur d’un tableau, d’une photo, d’une mélodie qui ont su capter son attention.

Pour visualiser quelques magnifiques photos de l’artiste, je vous conseille cet article de WTTW

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

10 avril 2019 à 15 h 50 min

J’hésitais de le lire mais suite à ta chronique, je n’ai plus d’hésitation. Il est noté sur ma liste.



10 avril 2019 à 17 h 09 min

Comme je l’ai dit chez Myriam, j’apprécie cette auteure énormément et il m’attend.



11 avril 2019 à 11 h 59 min

J’ai pratiquement tout lu de cette auteure que j’aime beaucoup, je reconnais tout de suite son style, sa sensibilité mais celui-ci m’a moins convaincue, une sorte d’inachevé mais ce n’est que mon ressenti…. Il faut avouer qu’il y avait très peu d’éléments pour savoir qui était vraiment Vivian Maier…..



11 avril 2019 à 14 h 49 min

Merci pour le lien en fin de billet.



12 avril 2019 à 15 h 32 min

cette autrice excelle apparemment! Je le lirai, c’est en projet…



franckartbeagmailcom
8 janvier 2023 à 22 h 05 min

Comment raconter la vie d’une inconnue qui n’a de cesse de scruter le visage des autres tout en s’effaçant elle même.
Cette femme « en contre-jour » c’est Viviane Maier dont l’oeuvre photographique est retrouvée par hasard dans des cartons au fond d’un garde meuble.
Gaëlle Josse esquisse une biographie exemplaire, discrète et subtile.
C’est un livre très attachant parce que la romancière superpose son propre regard à celui de la photographe.
Une même passion des visages – de ce qui s’y lit, de ce qui le dérobe.



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