Titre : Les enchaînés
Auteur : Franck Chanloup
Editeur : Au vent des îles
Nombre de pages : 224
Date de parution : 18 mars 2021
Victor Chartieu, apprenti cordonnier chez André Chenaval, récite à ses moments perdus la liste chiffrée des outils à acheter pour démarrer l’activité dont il rêve. Il est malheureusement né dans une famille sarthoise de brigands. Son père, secondé par Alphonse, le fils aîné l’oblige à faire le guet lorsqu’ils cambriolent des maisons bourgeoises.
Un jour, en attaquant un bourgeois à la sortie d’un café, l’affaire tourne mal. Alphonse égorge le pauvre homme. Pour le sauver de la guillotine, le père de famille s’accuse et va même jusqu’à ordonner à Victor de protéger Alphonse, père de famille, à ses dépens. Victor, seize ans, est condamné à neuf ans de déportation au bagne.
En mai 1889, il part pour le bagne de Toulon. Entouré d’escrocs, il sera aussi rejoint par des communards, prisonniers politiques particulièrement haïs par Lapierre, le chef des gardes.
La punition mène à la rédemption et la classe dont vous êtes issus doit être éduquée et remise sur le droit chemin.
Et en matière de punition, Lapierre est un maître. Les récalcitrants sont battus avec la ralingue, une corde goudronnée ou mis au cachot. Léopold, un jeune communard qui attire Victor va y perdre de sa beauté mais jamais de sa vaillance.
Les prisonniers en arriveraient presque à espérer embarquer pour rejoindre le bagne de Nouvelle Calédonie, leur lieu ultime de détention. Mais la traversée sur la Danaé avec Lapierre se révèle profondément inhumaine.
En juillet 1872, ils arrivent au bagne de Nouméa. Victor est séparé de son ami Léo, emprisonné à Ducos, un camp réservé aux politiques. Pour Victor, avec Gia, un corse devenu son ami, il s’agit de survivre en se faisant discret pour échapper aux sévices des gardes cruels. Beaucoup de prisonniers meurent d’épuisement, de faim ou de maladies quand ils ne préfèrent pas en finir en se jetant d’une falaise.
Victor, lui, observant de loin le camp des communards, espère toujours revoir Léo, cet homme naturellement bon qui croit toujours en l’humanité et mettra tout en oeuvre pour sortir de cet enfer.
Comme beaucoup d’entre vous, je connaissais Franck Chanloup pour ses choix de lectures et ses excellentes chroniques sur son blog Franck’s books. Lorsque j’ai eu connaissance de la publication de son premier roman, je n’ai pas hésité à le lire malgré le sujet ( une histoire de bagne au XIXe siècle). Et je ne regrette pas. Franck Chanloup sait raconter les histoires en campant des personnages bien travaillés, attachants dans un contexte maîtrisé. Dès le départ, il fait le choix d’émailler son récit de quelques mots d’argot. Ces premiers contacts m’ont surprise mais ils font partie de l’époque, du milieu. Et finalement, ils définissent parfaitement ces hommes, simples, emportés dans la tourmente souvent malgré eux.
En plus de cette histoire bien construite au souffle romanesque prenant, l’auteur nous accroche avec de très beaux portraits d’hommes. Victor bien sûr mais je me souviendrai aussi de Martin, Grégoire, Gia, Le Chacal, de tous ceux qui ont croisé la route de Victor.
Bien sûr, je vous recommande la lecture de ce roman. Une fois commencé, vous ne pourrez qu’accompagner avec beaucoup d’empathie le jeune Victor dans ces épreuves inhumaines, malheureusement communes pour les laissés pour compte d’un siècle où la misère et les guerres pouvaient briser les rêves des braves, jusqu’à un dénouement que Franck nimbe d’un certain flou, juste pour vous laisser l’impression de décider de ce qui est juste.
Commentaires
je note, je pense que cela m’interressera!
Oui je pense, c’est un très bon premier roman
il devrait m’intéresser je le note 🙂
Un sujet peu courant et des personnages qui rendent hommage à tous ces hommes perdus au bagne
On lit peu de chose sur le bagne de NOuvelle-Calédonie, alors pourquoi pas.
En plus c’est très bien écrit
Oui, moi aussi, j’ai bcp aimé ce premier roman à l’écriture bien maîtrisée ! Prometteur ! A suivre donc 😉
En attendant, on peut suivre ses chroniques sur son blog
Voilà qui est prometteur pour un premier roman, je note
Pas certaine que les bibliothèques connaissent mais glisse-leur ce message dans l’oreille 😉