Titre : La vie de ma mère !
Auteur : Magyd Cherfi
Editeur : Actes sud
Nombre de pages : 272
Date de parution : 3 janvier 2024

 

La mère, socle familial

Taos, émigrée marocaine, a passé sa vie au service des autres. Epouse d’un homme violent, mère de neuf enfants dont plusieurs morts-nés, elle vit désormais seule dans son petit appartement. Ses enfants hésitent à venir la voir tant elle les critique et se plaint de ses douleurs d’arthrose. Mais comment ne pas devenir une femme aigrie quand après avoir consacré sa vie aux autres, on se retrouve avec la douleur et la solitude.

Les remords de Slimane

Slimane, un des fils de Taos, avait tout pour être heureux. Marié avec Leïla et père de deux garçons, il était propriétaire d’un truck halal avec son ami Boris. Lorsque celui-ci l’entraîne à l’enterrement de son père, Slimane rencontre la veuve et comprend ce que représente l’effacement d’une mère et la solitude d’une veuve.

En somme, cette femme s’était fait ratatiner silencieusement, sans cri, sans plainte, sans coups visibles qu’on eût pu dénoncer.

Ce n’est pas aimer ou être aimé qui comptait dans la vie, mais être accompagné.

Séparé, au chômage, empêtré avec ses deux fils adolescents, Slimane ressent le besoin de retrouver sa mère qu’il n’a pas vue depuis huit mois. Pourtant, il redoute ce retour car il sait combien elle va le critiquer. Elle ne supporte pas que son fils soit cuisinier, un rôle de femme!

Elle a perdu trop de batailles, il lui faut des victimes pour aller mieux, désormais, alors va pour le tableau de chasse.

Être un bon fils

Malgré les plaintes et les remontrances, Slimane s’accroche à sa promesse. Et il essaie aussi de rallier ses frères et soeurs autour de la mère. Bravant la honte, il emmène cette vieille dame au bonnet afghan au restaurant, faire des courses. Et lui trouve un rendez-vous avec un spécialiste pour la faire opérer de son arthrose. Ensuite, retrouvant un peu de mobilité, oubliant ses douleurs et sa solitude, Taos s’ouvre à la vie.
Pour les enfants, il n’est pas toujours simple de constater que les parents puissent avoir une vie en dehors de la famille. Cette liberté qu’un parent hésite à laisser à son adolescent, un fils ne la concède pas davantage à sa mère.
Et pourtant, Taos a bien mérité un peu de liberté loin des tabous de sa religion, des contraintes de son mariage.

Une lecture en demi-teinte

J’ai beaucoup aimé le personnage de Taos. Et à travers elle, l’évolution d’une mère sacrificielle vers la libération des carcans de ses origines. Avec ces personnages de trois générations différentes, Magyd Cherfi montre comment la société évolue, comment les enfants d’émigrés s’adaptent mais se perdent aussi parfois entre traditions et intégration.
Si j’ai apprécié l’humour, le style et le mélange entre tendresse sous-jacente et acrimonie familiale ne m’ont pas totalement embarquée dans cette histoire.
Avec cette lecture, je découvre l’auteur, chanteur du groupe toulousain Zebda. En fait, il s’agit ici du premier roman de l’auteur, qui a par contre publié plusieurs récits. Il serait peut-être intéressant de continuer ma découverte avec un précédent titre.

Je remercie Babelio et Actes Sud pour l’attribution de ce livre lors de la dernière opération Masse Critique.

 

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Auteur

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Commentaires

Belaval/Florin
3 février 2024 à 17 h 17 min

J’aime! mais ça ne fonctionne pas
J’ai rencontré l’auteur avec Ma part de gaulois, il y a quelques années. Sa reconnaissance envers la France m’avait parue un peu forcée. Les autres sont dans ma pal qui est dans un désordre indescriptible



4 février 2024 à 8 h 21 min

Ma part de gaulois est adapté au cinéma par Malik Soulimane ( les aspérités de l’autofiction y sont gommees). Il vient de sortir.
J’ai aimé ce beau portrait de femme qui s’émancipe à 80 ans et son fils, lui aussi acariâtre et certainement bedonnant , qui retrouve l’amour de sa mère. Un roman très émouvant que j’ai trouvé très réussi !



Chantal
4 février 2024 à 14 h 55 min

Je pense que c’est son premier roman car ses autres livres n étaient pas classés en roman mais récit autobiographique.
Le lire c’est l’écouter parler.



    4 février 2024 à 17 h 25 min

    Oui tu as raison. Je ne comprenais pas pourquoi celui-ci était classifié en premier roman. Les précédents sont des récits. Subtil! J’avoue que j’ai abordé cette lecture sans connaître vraiment l’auteur et son univers. J’écouterai quelques vidéos 😉



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