lodgeTitre : Un homme de tempérament
Auteur : David Lodge
Éditeur : Rivages
Nombre de pages : 720
Date de parution : 4 janvier 2012

Présentation de l’Editeur :
« Le sexe pour [H. G. Wells] était idéalement une forme de récréation, comme le tennis et le badminton, quelque chose que l’on faisait quand on était avec satisfaction venu à bout d’une tâche, pour se défouler et exercer un moment son corps plutôt que son esprit… »
De sa plume claire, légère et souvent drôle, David Lodge brosse le portrait d’un homme qui voulait changer le monde : un fervent défenseur de l’Amour Libre dont le destin a été déterminé par de nombreuses aventures et mésaventures sexuelles qui non seulement compliquent sa vie privée mais nuisent à ses ambitions d’homme public.
Si cet ambitieux roman pose la question de l’éternelle dualité entre idéal amoureux et réalité du désir, il fait aussi découvrir toute une époque à travers l’un de ses meilleurs représentants, H.G. Wells, l’un des écrivains les plus créatifs et prophétiques de sa génération.
L’expansion du socialisme, la naissance des théories féministes, les deux guerres mondiales, les attaques aériennes, la bombe atomique… autant de thèmes d’un monde en pleine mutation qui ne sont pas sans résonance avec le nôtre.

Mon avis :
Le roman de David Lodge consacré à H.G. Wells porte bien son nom.

Le roman commence en 1944 sur un H.G. vieillissant et malade. Il est entouré de ses fils et de ses maîtresses. David Lodge va alors en initiant une interview revenir sur la vie de cet auteur prolifique et visionnaire, un homme d’action intelligent et charismatique.
L’auteur traite à la fois de ses créations littéraires, son investissement politique, notamment dans la société fabienne (berceau du parti travailliste) et ses aventures amoureuses. Et c’est ce mélange qui fait la richesse du livre.
Du point de vue littéraire, H.G. Wells évoque ses différents écrits qui témoignent de son esprit scientifique, de son idéal politique pour un gouvernement mondial et de sa conception très libre du couple. On retrouve dans ce roman des échanges épistolaires avec Henry James, sujet d’un précédent roman de Lodge, L’auteur! L’auteur!
Les deux écrivains ont des parcours différents. Si H.G. Wells connaît un grand succès littéraire de son vivant, James se vend mal. Par contre, James sera une référence littéraire après sa mort alors que l’on ne retiendra de Wells que quelques romans visionnaires sur la centaine d’oeuvres produites.
L’autre aspect du personnage est effectivement l’homme très apprécié des femmes de tous âges. Ses deux premières femmes ne le satisfont pas sur le plan sexuel et il cherche en permanence des « passades ». Jane, sa seconde femme le tolère avec beaucoup de classe, allant même jusqu’à se lier avec ses rivales. Ce sont
souvent des jeunes femmes qui se jettent dans ses bras, captivées par sa conversation, son intelligence et H.G.  ne   peut résister à de si belles tentations. Curieusement, il tombe souvent amoureux des plus jeunes mais s’esquive avec beaucoup de classe quand les ragots deviennent trop lourds. Il vit sa conception du couple libre mais la société anglaise ne supporte
pas encore tant de liberté.
.
« Avez-vous déjà dans votre vie su ce que c’était que de connaître une communauté de chair, de sang, de douleur et de
compréhension avec un autre être humain? On ne peut pas en terminer.
 »
Il choque souvent par ses propos (adultère, eugénisme)
.
Surtout, ne croyez pas que l’on ne parle que de sexe. Ses histoires d’amour sont belles et malgré ce libertinage H.G. Wells est très attachant (il pleure quelque fois ou revêt une grenouillère de bébé pour ses séances d’écriture).
David Lodge nous le décrit comme un passionné qui veut peut-être, selon une des proches de Wells, rattraper une enfance « un environnement pauvre à tous points de vue : matériel, spirituel, culturel, sexuel.« 
La notoriété de l’écrivain nous entraîne bien sûr en ces périodes troublées par deux guerres mondiales, auprès des plus grands. Wells rencontre Théodore Roosevelt, puis Gorki et Lénine.
Pourtant, en fin de vie, Wells m’étonne par son pessimisme, il ne croit plus en l’humanité. « Il avait écrit ces livres pour prévenir les conséquences inévitables de l’application des progrès scientifiques et technologiques au matériel de guerre. » La réalité d’Hiroshima a dépassé sa fiction imaginée dans le roman La guerre dans les airs.
On peut hésiter à entamer un roman de plus de 700 pages sur la vie d’un écrivain (peut-être après avoir lu celui sur Henry James qui était beaucoup moins romancé) mais la construction, le style, la richesse des évènements en font un roman passionnant. Grâce à David Lodge, j’ai découvert un homme complexe, joueur,
intelligent, sensible et séducteur, un homme de tempérament.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *