haneTitre : Des fourmis dans la bouche
Auteur : Khadi Hane
Editeur : Denoël
Nombre de pages : 150
Date de parution : 18 août 2011

Auteur:
Née à Dakar, Khadi Hane vit en France. Elle est l’auteur de romans et de pièces de théâtre, dont Sous le regard des étoiles (1998), Ma sale peau noire (2001) et Le Collier de paille (2010).

Présentation de l’éditeur :
Gratteurs d’écailles dans une poissonnerie, vendeurs ambulants de montres de pacotille ou de statuettes en bois, journaliers payés au noir pour décharger des sacs d’un camion, hommes à tout faire d’un commerçant pakistanais qui revendait des pots de crème à l’hydroquinone censés procurer aux nègres l’éclat d’une peau blanche, la leur ne faisant plus l’affaire. Sur le marché Dejean, on trouvait de tout… Née au Mali, Khadîja élève seule quatre enfants à Paris, dans le quartier de Château-Rouge. Pétrie de double culture, musulmane mais le doute chevillé au corps, elle se retrouve exclue de sa communauté du fait de sa liaison avec Jacques, le père de son fils métis. Cercle après cercle, depuis ses voisines maliennes jusqu’aux patriarches du foyer Sonacotra et à ses propres enfants, Khadîja passe en jugement. Mais cette absurde comparution, où Africains et Européens rivalisent dans la bêtise et l’injustice, réveille en elle une force et un humour inattendus. Tableau intense de Château-Rouge, Des fourmis dans la bouche est porté par une écriture inventive au ton très singulier, fondée sur la double appartenance. Un roman qui dit la difficile liberté d’une femme africaine en France.

Mon avis :
Des fourmis dans la bouche, c’est l’impression que donne la faim. Khadidja Cissé vit à Paris dans le XVIIIe arrondissement.
Elle élève seule ses cinq enfants, habite dans un immeuble d’immigrés et a perdu son travail à cause d’un homme blanc qui a profité d’elle et lui a laissé ce cinquième enfant.
Le ton est vif et grinçant car Khadidja n’en peut plus. Elle a voulu fuir la condition difficile du Mali, échapper à ce rôle de mère pondeuse attribuée à chaque femme. Mais en France, elle est aussi la risée de ses concitoyens en étant la maîtresse d’un blanc.
La faim omniprésente au Mali n’en est pas moins dure à Paris. Et Karim, le fils aîné tombe inévitablement dans le commerce de la drogue. Pourtant, Khadidja refuse cet argent sale et veut coûte que coûte vivre une vraie vie de femme et de mère.
Le récit montre parfaitement toute l’ambiguïté de l’immigration. La France, eldorado de nombreux africains, se révèle peu enclin à donner quelques bribes de la richesse tant attendue. Très justement, l’auteur montre sans complexe les deux faces du système.
D’une part, l’auteur dénonce la misère inévitable des immigrés, l’exploitation par le travail ou par les blancs car Jacques Lenoir, l’amant blanc n’hésite à profiter de la jeune immigrée, l’incapacité des services sociaux à gérer les cas désespérés.
Mais d’autre part, elle fait écho de la mentalité des femmes du pays, cette acceptation à n’être que l’outil de l’homme. Elle met en évidence la plainte des maliens en leur pays qui réclament toujours plus d’argent à ceux qui sont en France et l’inévitable fuite de l’argent des allocations vers le Mali. Elle évoque
cette absolue croyance en une religion qui ne peut honorer ce qu’elle promet. Les jeunes immigrés semblent être éduqués de manière à attendre la providence comme un dû et malheureusement l’adage
« Aide -toi et le ciel t’aidera » serait plus motivant.
L’auteur, au travers du déchirement de cette jeune malienne nous offre une vision complète des difficultés, avec une grande impartialité. Même si l’auteur ne le dit pas clairement, je comprends bien l’origine du problème ( pouvoir des religieux, éducation des filles, développement local nécessaire) et je trouve
admirable que l’auteur ose l’évoquer.

 » Dans mon pays, les enfants constituent la richesse de leur père, leur nombre manifeste l’étendue de ses biens. On procrée
pour se maintenir dans l’histoire clanique, par le biais de la continuité de son nom, dans un avenir indéfini. Ce qui hisse le garçon sur un piédestal car c’est lui qui perpétue le nom, tandis
que la fille reste un instrument de reproduction, un instrument indispensable à la multiplication des biens
. »

Le seul reproche est peut-être de rester sur un cas personnel, de jouer un peu sur les sentiments sans élargir au sujet général.

J’ai lu ce roman dans le cadre du océans

 

 

plume

 

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