shriverTitre : Big brother
Auteur : Lionel Shriver
Littérature américaine
Traducteur : Laurence Richard
Éditeur : Belfond
Nombre de pages : 448
Date de parution : 21 août 2014
Auteur :
Lionel Shriver, née Margaret Ann Shriver le 18 mai 1957 à Gastonia en Caroline du Nord, est une femme de lettres et journaliste américaine. Élevée dans une famille dominée par les valeurs religieuses importantes, elle changea de nom à l’âge de 15 ans, forte de sa conviction selon laquelle les hommes avaient la vie plus facile que les femmes. Elle s’est installée à Londres en 1997.
Elle a écrit neuf romans mais elle s’est surtout fait connaître après le succès de Il faut qu’on parle de Kevin.
Présentation de l’éditeur :
Le grand retour de Lionel Shriver pour son meilleur livre depuis Il faut qu’on parle de Kevin. Toute sa verve sarcastique, sa profondeur d’analyse, son esprit de provocation dans un roman choc partiellement autobiographique sur un sujet brûlant d’actualité : notre rapport névrotique à la nourriture, et son corollaire, l’obésité alarmante dans nos sociétés occidentales.
Femme d’affaires en pleine réussite, mariée à Fletcher, un artiste ébéniste, belle-mère de deux ados, Pandora n’a pas vu son frère Edison depuis quatre ans quand elle accepte de l’héberger.
À son arrivée à l’aéroport, c’est le choc : Pandora avait quitté un jeune prodige du jazz, séduisant et hâbleur, elle découvre un homme obèse, contraint de se déplacer en fauteuil, négligé, capricieux et compulsif. Que s’est-il passé ? Comment Edison a-t-il pu se laisser aller à ce point ? Pandora a-t-elle une part de responsabilité ?
Entre le très psychorigide Fletcher et le très jouisseur Edison, la tension ne tarde pas à monter et c’est Pandora qui va en faire les frais. Jusqu’à se retrouver face au pire des dilemmes : choisir entre son époux et son frère.
Qui aura sa préférence ? Pourra-t-elle sortir son frère de la spirale dans laquelle il s’est enfermé ? Edison le veut-il seulement ? Peut-on sauver malgré eux ceux qu’on aime ?

Mon avis :
 » Même si les manques nous rongent, la satiété est pire encore. »
Lionel Shriver tire son inspiration de son entourage et surtout des travers de la société américaine. Big Brother est dédicacé à Greg, son frère qui a lutté contre l’obésité mais est décédé à cinquante cinq ans d’insuffisance respiratoire.
L’obésité est un fléau majeur de l’Amérique ( » je jure de me détourner de la graisse qui ridiculise le tour de taille de l’Amérique » ) mais il touche désormais les pays européens.
Pandora, après une enfance difficile dans le milieu de la télévision américaine puisque son père Travis était le père héros d’une série télé et confondait souvent le show et la réalité, s’est désormais taillée une belle place dans l’Iowa en tant que créatrice d’une entreprise florissante de marionnettes. Elle est mariée à Fletcher, un homme très tatillon, surtout sur son régime alimentaire, père de deux adolescents ( Tanner et Cody) d’un précédent mariage raté.
Lorsque Slack Muncie, un saxophoniste new-yorkais, appelle Pandora pour lui conseiller de s’occuper de son frère, elle convainc, non sans mal, son mari d’héberger Edison, ce frère musicien prétentieux et raté, quelques temps.
Quelle ne fut pas sa surprise de retrouver son playboy de frère, blondinet charmeur dans un corps de 176 kilos ! Au delà des moqueries des gens à l’aéroport ou ailleurs, des difficultés matérielles pour loger ou asseoir une telle corpulence, Pandora se demande très vite comment son frère a pu atteindre cet état extrême.
«  Edison était-il gros parce qu’il était en dépression ou en dépression parce qu’il était gros? »
La présence d’Edison va très vite faire éclater la fragile cellule familiale. Pandora, consciente du rôle de la fratrie,  » tiraillée entre deux loyautés, destinée à trahir les deux parties sans satisfaire personne, à commencer par soi  » ne peut renvoyer Edison à sa déchéance new-yorkaise et prend un appartement avec lui pour réussir le pari de lui faire retrouver les 75 kilos de sa jeunesse en un an…
Régime draconien basé sur l’affamement avec pour toute alimentation quatre sachets vitaminés par jour mais aussi et surtout réflexion sur ce qui remplit une vie, sur la vaine quête du désir et la nécessité de la maîtrise de soi.
Si le sujet principal est l’obésité, l’auteur élargit intelligemment la réflexion. Certains se jettent sur la nourriture par désœuvrement, par besoin de combler un vide mais d’autres abusent de l’alcool, de la drogue ou de la recherche de la célébrité, du pouvoir.
«  La réussite professionnelle n’avait finalement pas autant d’importance que ça. Ce n’est pas une raison de vivre. »
 » Quoi qu’il en soit, embrasser avec satisfaction une existence simple et discrète nécessite bien plus de maturité spirituelle que la poursuite insatiable de la célébrité. »
Dans notre société où les rencontres, les liens sociaux se font souvent autour d’un verre ou d’une table, il faut une volonté exceptionnelle pour mener de front une vie sociale et un régime.
Mais avec Lionel Shriver, les personnages sont complexes. A la fois victime et bourreau, chacun va densifier le scénario de cette aventure et le roman devient très vite passionnant.
D’autant plus que de nombreux sujets sur la cellule familiale sont traités en second plan.
Les différentes générations illustrent les différentes visions de l’éducation parentale et les comportements au sein de la fratrie.
 » Je ne veux pas qu’ils pensent qu’il existe un raccourci facile. Je veux des enfants que plus personne n’a aujourd’hui. Qui tiennent bon, font leur part, et n’attendent pas de piston, ni de coup de main. »
 » Petit à petit, on commence alors à comprendre que l’emploi auquel on aspire est plus dur à obtenir qu’on ne l’aurait cru, que l’offre en chair fraîche, en jeunes qui se pensent tout droit sortis de la cuisse de Jupiter, est inépuisable, et que le talent qu’on a n’est pas aussi unique qu’on le pensait. Cela procède sûrement d’un talent rare – réussir à doucher le sentiment de sa propre importance sans éteindre en soi le feu de la passion -, mais les jeunes qui y parviennent deviennent non seulement des cracks dans leur domaine, mais aussi des êtres humains supportables. »
Big Brother est un livre comme je les aime. Traitant d’un sujet important de société, Lionel Shriver m’embarque dans une histoire passionnante, rythmée, triste et drôle, sans oublier de me faire réfléchir. Et, en plus, elle me surprend par une fin inattendue, personnelle et cohérente.
Si j’ai eu un peu de mal à m’adapter au style un peu heurté ( effet de traduction ou patte de l’auteur), je me suis très vite passionnée pour le fond.
Très impressionnée par le film We need to talk about Kevin, je ne manquerai pas de continuer avec cette auteure. D’autant plus que Tout ça pour quoi m’attend dans ma PAL.
Je remercie LNO     pour le prêt de ce livre.

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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

20 novembre 2014 à 15 h 40 min

Encore une auteure que je n’ai pas lu même si je compte bien lire Il faut qu’on parle de Kevin. Le sujet de ce livre est très intéressant aussi, je note !



20 novembre 2014 à 18 h 15 min

j’ai trouvé qu’il ressemblait trop à « Tout çà pour quoi » (que j’avais adoré)



20 novembre 2014 à 20 h 38 min

Une lecture qui me tente beaucoup sachant que We need to talk about Kevin était un livre très prenant mais dont je n’arrivais pas à m’accrocher à la narratrice. Mais celui-ci me plairait plus je pense 🙂



20 novembre 2014 à 22 h 40 min

Il y a un article sur le thème de l’obésité et il est question de ce roman, entre autres (de La famille Middlestein aussi ) dans le Monde des Livres d’aujourd’hui…



24 novembre 2014 à 10 h 44 min

Je n’ai pas accroché.. hélas !



alexmotamots
29 novembre 2014 à 12 h 56 min

J’avais adoré le roman We need to talk about Kevin. Un peu moins le film. Alors ce nouveau roman me tente.



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