vuillardTitre : 14 juillet
Auteur : Eric Vuillard
  Éditeur: Actes Sud
Nombre de pages : 208
Date de parution : 17 août 2016
 » Pendant la nuit du 13 au 14 juillet, qui est, je crois la nuit des nuits, la Nativité, la plus terrible nuit de Noël, l’Événement, la canaille, comme on dit, les plus pauvres en somme, ceux que l’Histoire a jusqu’alors laisse croupir dans le caniveau, armés de fusils, de broches, de piques, se font ouvrir les portes des maisons, et se font servir à manger et à boire. Désormais la charité ne suffira plus. Ce sont des vagabonds d’une physionomie effrayante, disent les chroniqueurs. Des bandes de bourgeois circulent pour rétablir l’ordre; et on pendit aux lanternes quelques pauvres, ça et là, que l’on achevait à coups de fusil. »

Si dans les livres d’histoire, nous apprenons la Révolution avec les noms des grands hommes, il ne faut pas oublier « les hommes, les femmes, les ouvriers, les petits commerçants, les artisans,les bourgeois même, les étudiants, les pauvres » qui étaient dans la rue, dans cette foule immense et anonyme. Eric Vuillard souhaite les sortir de l’anonymat ces Adam, Aumassip, Béchamp….Legrand, Legriou…., Pyot, Raulot….Tinard…Wouasse, tous ces noms, métiers, villes d’origine qu’il cite par ordre alphabétique pendant des pages. Parce que le nom est important, il permet de toucher quelqu’un, de les sortir du néant.
Ce sont eux, la foule et la ville les personnages principaux de cet épisode historique qui commence ici avec la journée la plus meurtrière de la Révolution en avril 1789 lorsque les émeutiers mettent à sac la folie Titon, maison de Réveillon, le patron d’une manufacture de papier qui voulait diminuer les salaires de ses ouvriers.
 » Réveillon est le roi du papier peint, il en exporte dans le monde entier, mais la concurrence est vive; il souhaiterait que sa main d’oeuvre lui coûte moins cher. » L’histoire est un éternel recommencement…
Comment accepter le faste de Versailles quand le peuple meurt de faim, la misère de la France quand les ministres des impôts spéculent sur la dette des pays?
Le 13 juillet, les jeunes révolutionnaires prennent les armes en dévalisant le Mont de piété, les armureries, les tunnels des Invalides. Le 14 juillet, ils assiègent la Bastille.
 » On est là très loin de la rhétorique de l’honneur…et des grands épisodes ripolinés de la monarchie. »
Vuillard, qui n’a rien à envier à Michelet,  » nous enveloppe de mots, nous enivre de gloire » nous faisant vivre de formidables scènes. La richesse du style, la bravoure de certains épisodes, les scènes épiques parfois teintées d’humour font honneur à ces gens ordinaires qui se sont révoltés contre un pouvoir égoïste.
Dans cette version du plus grand jour de notre Histoire où le peuple devient un héros, j’ai surtout aimé faire des parallèles avec des situations actuelles. Un budget de l’Etat qui entretient des métiers absurdes. Necker, un ministre des Finances, ancien banquier qui vient redresser les finances et spécule en Bourse.
 » C’est à la Bourse, déjà, qu’on prenait la température du monde. »
Eric Vuillard insiste aussi sur la jeunesse des révolutionnaires. Et cette façon d’avoir besoin de nommer les victimes rappelle cruellement nos récents évènements.
Avec un discours final qui nous invite à « forcer les portes de nos Elysées dérisoires« , l’auteur s’inscrit en véritable révolutionnaire.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

25 août 2016 à 15 h 27 min

Encore un beau titre chez Actes Sud, que de tentations !



25 août 2016 à 19 h 20 min

J’ai déjà deux titres de cet auteur, que je connais pas encore, dans ma PAL : Tristesse de la terre et Conquistadors. J’ai repéré celui-ci et ton avis est tentant, mais je le mets de côté pour l’instant. Mais j’aime l’idée de traiter l’Histoire en la dépoussiérant… à suivre, donc !!



26 août 2016 à 7 h 57 min

J’ai adoré Tristesse de la terre, de la poésie, une écriture superbe. Très tentée par ce 14 Juillet



26 août 2016 à 9 h 55 min

Je suis passée à côté de Tristesse de la terre (une écriture un peu trop « grandiloquente » pour moi, j’aime le lyrisme mais là c’était juste .. trop poétique – qui m’avait tenu à l’écart de l’histoire, que je connaissais déjà également .. Bref, mais j’aime l’Histoire avec un grand H donc je suis quand même curieuse ! j’attendrai son arrivée à la BM



26 août 2016 à 12 h 38 min

Meci pour ta chronique…. Encore un livre à noter car tu donnes envie de découvrir cet auteur





Laure Micmelo
27 août 2016 à 10 h 33 min

J’ai tellement aimé ma dernière lecture de Vuillard, que je l’ai noté dans ma liste, et je suis ravie de lire ton avis, ça confirme grandement mon envie !



27 août 2016 à 11 h 13 min

Je garde un excellent souvenir de Tristesse de la terre et j’ai bien envie de continuer à découvrir cet auteur.



4 septembre 2016 à 21 h 26 min

Voilà un titre bien tentant !



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