Titre : La seule histoire
Auteur : Julian Barnes
Littérature anglaise
Titre original : The only story
Traducteur : Jean-Pierre Aoustin
Éditeur : Mercure de France
Nombre de pages : 272
Date de parution : 6 septembre 2018

Au crépuscule de sa vie, Paul se souvient de sa première histoire d’amour. Peut-être la seule, la véritable. En tout cas, celle qui a marqué sa vie, son destin. Il n’avait que dix-neuf ans lorsqu’il tomba sous le charme de la belle et sportive Susan, une femme mariée de quarante-huit ans, mère de deux grandes filles.

Les deux amants ont vécu une douzaine d’année ensemble. Paul, avec l’innocence et la fougue  de sa jeunesse. Susan avec la légèreté d’un bel amour mais la honte d’une femme écarlate, l’évidence d’un mariage raté.

Pendant la guerre, Susan s’est mariée sans passion à Gordon, un homme grincheux qui échappa aux combats parce qu’il bénéficiait « d’un emploi réservé ». Aujourd’hui, elle fait chambre à part avec cet homme médiocre plutôt violent et alcoolique.

Aux yeux de tous ceux qui les blâment, Paul et Susan vivent une belle histoire d’amour. En tout cas, c’est l’impression qu’il reste dans les souvenirs de Paul. La mémoire reconstruit le passé parfois avec optimisme pour embellir sa propre existence ou celle de sa partenaire. Paul estime qu’il est de son devoir de valoriser les premières années de son histoire d’amour. Il préfère retenir son innocence, sa légèreté plutôt que sa descente en enfer.

L’histoire d’amour est belle, allant de la légèreté au tragique. Paul reste pour moi un personnage assez froid, cérébral. Susan aurait pu avoir davantage de force mais sa fêlure est passée au crible de l’analyse du narrateur. Par contre, j’ai aimé le personnage de Joan, l’amie de Susan. Son expérience de la vie et de l’amour lui laisse un regard avisé sur les relations humaines.

L’auteur utilise le filtre du souvenir pour raconter cette histoire d’amour. Cette narration impose une distance, une obligation d’analyse. Ainsi, j’ai ressenti chez Paul un sentiment de culpabilité inavoué, des regrets. Un peu lâchement, il ne regrette pas d’avoir aimé Susan, mais peut-être d’avoir été trop jeune, trop innocent. 

Le champ lexical de la fin du roman me semble révéler l’hypocrisie de Paul. Tant de mots négatifs pour parler d’une histoire d’amour exceptionnelle.

«  A mon avis, tout amour, heureux ou malheureux, est un vrai désastre dès lorsqu’on s’y adonne entièrement. »

Finalement, contrairement à son récit, je me demande si Paul s’est engagé pleinement dans cette histoire. Et je finis ce roman avec un doute sur la sincérité du personnage, ce qui gâche mon plaisir de lecture.

Lisez l’avis de Nicole, bien plus enthousiaste que moi.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

18 septembre 2018 à 11 h 09 min

Oh j’avais très envie de le lire….



19 septembre 2018 à 10 h 47 min

Son précédent roman m’avait laissé un avis mitigé. Ce qui est le cas pour toi avec celui-ci aussi.



19 septembre 2018 à 10 h 50 min

c’est un auteur qui m’attire moyennement et en lisant ton billet, je ne change pas vraiment d’avis…



22 septembre 2018 à 18 h 55 min

J’avais aimé son « Histoire du Monde en 10 Leçons », déjà ancien. Avec une explication pleine d’intelligence du fameux tableau « Le Radeau de la Méduse ». Et puis, j’en ai essayé deux ou trois autres, mais comme vous dites, à chaque lecteur ses auteurs. Le thème de celui-ci (Le Pitch, comme on dit chez les Djeuns) m’attire moyennement. Ceci dit, si vous en sortez avec un doute, vous allez forcément vous en souvenir. Et un bon livre, c’est peut-être celui qui ne livre pas toutes ses clés. A voir, mais effectivement, votre chronique et mes « échecs » avec lui, comme Le Perroquet de Flaubert ne me donnent pas envie.



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