Titre : Où vivre
Auteur : Carole Zalberg
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 144
Date de parution : 3 octobre 2018
Quelque soit l’endroit où l’on vit, on reste profondément attaché à ses racines. Bien sûr, la distance géographique, l’environnement font percevoir les choses différemment, peut-être avec un semblant d’indifférence parfois. Mais, au fond de nous, les liens familiaux subsistent, les engagements des uns et des autres nous touchent.
Ils ont tous « une seule et même vie, enracinée dans la perte et tendue vers l’embellie. »
Lors de l’accident à Tel Aviv de son cousin Noam, Marie, parisienne, née en France se souvient de sa famille éloignée . C’est par ce corps fracassé sur un lit d’hôpital que la mémoire de Marie se fixe sur l’histoire de la famille de sa tante partie en Israël après la seconde guerre mondiale. Elle se rappelle vaguement ce cousin un peu grassouillet, plus jeune fils de Lena, la sœur de sa mère. Donnant la parole à chaque membre de la famille, avançant dans le temps de 1949 à nos jours, l’auteur reconstitue l’histoire de la famille, l’histoire d’un peuple.
Nées dans les années 30 en Pologne, Lena et Anna ont migré en France avec leurs parents. A la fin de la guerre, Lena est partie en Israël. Elle faisait partie des premiers couples, bâtisseurs d’un nouveau monde. Aussitôt divorcée, elle tombe amoureuse de Joachim, un des leaders du kibboutz.
« La question est d’être maître de son sort. Si je suis chez moi, si j’invente en cultivant, bâtissant, commerçant, le pays qui n’existait pas. Et ainsi devient mien, personne, jamais ne viendra un matin m’arrêter, personne ne nous emmènera, avec nos parents. »
Ils auront trois fils. Chacun nous parlera de son parcours par rapport au pays. Elie, l’aîné peine à admettre le traitement réservé aux Arabes avec lesquels il jouait enfant. Dov est le plus attaché à sa terre. Noam est le plus sensible, peu enclin à accepter le service armé pendant trois ans.
« Rien de glorieux, selon moi, dans cette guerre interminable que nous menons pour pouvoir rester ici. »
Anna, cachée par des fermiers pendant la guerre, était trop jeune pour partir au kibboutz. Elle fera des études et s’installera ensuite avec son mari à Paris. Elle qui, au départ, enviait sa sœur, à son insu, verra ensuite l’admiration s’inverser.
Dans ce roman choral, l’auteur montre l’enthousiasme et l’espoir des habitants du kibboutz puis tout ce que cette implantation implique. Chaque personnalité exprime sa perception, ses choix. Le récit reprend les espoirs de la poignée de mains entre Rabin et Arafat puis le chaos suite l’assassinat de Yitzhak Rabin.
Ce roman est sûrement le plus intime de l’auteur. Carole Zalberg est proche de Marie, la française qui cherche ses racines, tente de comprendre un pays difficile à appréhender. Dans cette fiction, sans aucun jugement, l’auteur évoque les étapes clé de la construction d’Israël, les espoirs, les rebondissements, les doutes. Et ce, toujours, dans une langue claire, mélodieuse et agréable à lire.
Commentaires
Ce titre-ci aussi me fait de l’œil. Il traite l’un de mes sujets de prédilection. Difficile de résister à certains thèmes…
Difficile de résister à cette auteure
Ce que tu dis de la langue de l’auteure me tente. En plus du récit.
Si tu n’as pas encore lu cette auteure, cours-y vite
Je ne peux pas passer à côté de ce roman, j’aime tellement la plume de cette auteure !
Nous sommes deux! Non, en fait, je crois que nous sommes beaucoup plus! Superbe écriture