Titre : Le ministère des sentiments blessés
Auteur : Altaf Tyrewala
Lettres indiennes
Titre original : Ministry of hurt sentiments
Traducteur : Bee Formentelli

Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 80
Date de parution :  7 novembre 2018

Ce court récit écrit en vers est un hommage à Mumbai, ville natale de Altaf Tyrewala, établi aujourd’hui aux États-Unis.  Dans ses écrits, il ne cesse de revenir dans cette ville à la fois oppressante et envoûtante.

Sur un rythme énergique, l’auteur dresse un portrait violent, choquant de cette métropole soumise à la mondialisation, l’invasion des touristes sous le regard misérable des natifs exploités par les multinationales.

D’un personnage à l’autre, l’auteur observe le choc entre la culture ancestrale et le monde moderne, impliquant la responsabilité de la religion, des politiques, du commerce international.

«  On prétend que cette culture est trop ancienne
Que son centre tiendra toujours bon
Même si ses sitaristes font vibrer le blues sur le rythme teen-tal
Et si les e-pandits exigent d’être payés par PayPal
Brillants avatars rétroéclairés des vieilles, vieilles habitudes
Plus les choses changent, plus elles restent semblables
Voilà un refrain usé jusqu’à la corde qui ne tient pas la route
Quand tous, grands-mères comprises, se ruent sur la console Dj
Transmettant leurs héritages à seul fin de les croiser
Et de les mixer
Injections de contreplaqué dans la moelle douloureuse
De la tradition
Capitulation totale devant les caprices de la jeunesse »

Cette chronique poétique ne manque pas d’attirer notre attention sur les implications de la mondialisation. C’est avec révolte et colère mais aussi avec une adoration latente que Altaf Tyrewala nous invite à parcourir les rues de cette ville impudique.
Images poétiques, expressions et noms indiens toutefois répertoriés en annexe, rendent complexe cette lecture. A laquelle il faut peut-être revenir.

Extrait du glossaire: « Ministère des sentiments blessés : le fait de blesser les sentiments religieux est, avec la sédition et la diffamation, l’une des trois limitations à la liberté d’expression en Inde, État séculariste prônant l’égalité entre toutes les religions. »

Un récit qui n’est pas sans me rappeler la poésie violente, urbaine de Mackenzy Orcel dans La nuit des terrasses.

 

Auteur

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