orcelTitre : La nuit des terrasses
Auteur : Makenzy Orcel
Poésie, Littérature haïtienne
Éditeur : La Contre-Allée
Nombre de pages : 64
Date de parution : 5 mars 2015
Auteur :
Makenzy Orcel est né en Haïti en 1983. Aux lendemains du tremblement de terre qui a secoué Port-au-Prince avec la même force destructrice que la bombe d’Hiroshima, Makenzy Orcel a écrit Les Immortelles (Zulma 2012) pour dire la folie de vivre malgré l’épouvante autant que pour livrer le plus insolent témoignage face à l’apocalypse. Ce premier roman a reçu le Prix Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres. Il a participé en 2011, puis en 2012, au Festival des Étonnants voyageurs, à Saint-Malo.
Présentation de l’éditeur :
«  J’ai commencé à fréquenter les bars, donc boire, très tard dans ma vie. Pour une raison très simple, il faut payer après avoir consommé… Aujourd’hui dès que j’arrive dans une ville, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est d’aller faire la tournée des bars. Carrefour de toutes les occurrences. Des histoires, aussi banales soient-elles parfois, qui hantent toute une vie. Depuis bientôt une décennie c’est devenu un de mes endroits préférés. Et Dieu sait combien j’en ai fait dans mes voyages. J’ai voulu faire un livre pour habiter, aborder autrement ces vécus…
Tous les poèmes du recueil La nuit des terrasses forment ensemble une seule plongée à travers ces espaces réels ou imaginaires, pour combiner non seulement ces instantanés, ces souvenirs disparates, mais aussi inviter l’autre à sortir sa tête de son verre, à la convivialité. Le verbe « boire » ne se conjugue-t-il pas mieux ensemble ?
La nuit des terrasses célèbre l’instant, la rencontre des corps et l’amitié. » Makenzy Orcel
Mon avis :
J’ai découvert Makenzy Orcel avec Les immortelles, un roman qui met déjà en valeur la grande poésie de l’auteur.
Fabriche Luchini disait lundi dernier dans l’émission Boomerang, « La poésie, il faut accepter de ne pas la comprendre. »  » ce qui compte, c’est l’agencement des mots. »
La poésie de Makenzy Orcel est belle, violente, troublante et compréhensible même si plusieurs lectures permettent de mieux s’accorder avec la mélodie.
 » la rue de ton nouvel ailleurs
est traversée par tous les bars
toutes sortes de folies
d’où tu nous figes d’un regard
qui semble nous dire
bois
baise
même si le temps est assassin. »
Comme le titre du recueil le laisse supposer, l’auteur nous plonge dans le registre lexical de la nuit, de l’alcool et des voyages. « La nuit les conte à rebours. »
Les rencontres se font à Port-au-Prince, en Palestine, au Soudan, dans le quartier latin ou à Saint-Denis avec des cœurs cassés, des bâtards, des putains, des « noyés insoumis »
Même si l’univers est sombre, quelques petites notes d’optimisme pointent de-ci de-là.
 » Il faut laisser le nuit entrer dans sa vie
pour qu’il y ait un phare quelque part. »
 » Je jette mes mains au feu pour atteindre la lumière dans son point de chaleur. »
Le rêve est toujours là sous la brutalité du quotidien, « le rien qui fait rêver« . Et je vous laisse ce court extrait pour mesurer la beauté des textes.
 » quand tous les rêves
se mettront à nous plaquer
la nonchalance du souffle
ou les transes du paraître
quel que soit son nom
     le vide est total
quand nous n’aurons plus que le doute
pour seule attache
les marécages du poème
et l’insomnie du rêve
n’oublie jamais de le faire debout
s’il faut pleurer. »
L’auteur cite de grands poètes (Ribaud, Ferré, Baudelaire, Verlaine…) s’exprimant sur l’alcool en titre de ses poèmes.
« Buvons au temps qui passe, à la mort, à la vie! » Alfred de Musset
Je remercie et les Éditions La Contre Allée pour ces instants suspendus.
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Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

17 mars 2015 à 14 h 03 min

Je ne connaissais pas du tout, et voilà que cette chronique me rend curieuse! Je suis une amoureuse de poésie, donc je vais probablement aller le chercher. Merci 🙂



17 mars 2015 à 14 h 51 min

Je ne suis pas très poésie, de manière spontanée. Mais c’est toujours bien de s’intéresser à d’autres choses grâce aux autres 😉



17 mars 2015 à 15 h 50 min

J’ai du mal avec la poésie, j’avais beaucoup aimé Les immortelles…



    17 mars 2015 à 16 h 07 min

    Je ne suis pas non plus une spécialiste de poésie. Beaucoup de poèmes, surtout actuels, me semblent impénétrables.
    Mais celle-ci est accessible et belle.
    Si tu as aimé Les immortelles, tu peux tenter ce petit recueil.



17 mars 2015 à 20 h 57 min

J’aime beaucoup la poésie, il faut en parler et la faire connaître.



17 mars 2015 à 22 h 48 min

La poésie se déclame plus qu’elle ne se lit en silence. Je peine avec la lecture silencieuse.
Découvrir cet auteur me tente beaucoup. Entendu souvent parler des Immortelles



17 mars 2015 à 23 h 10 min

Je crois n’avoir jamais ouvert un livre de poésie (à part Baudelaire), mais là, waouh, j’ai envie, la présentation de l’éditeur, et puis ces quelques mots que tu mets là en forme. Et si en plus il faut accepter de ne pas comprendre la poésie, voilà donc un livre qui pourrait être pour moi ; l’alcool et la vie nocturne, des thèmes qui me sont chers… 🙂



    18 mars 2015 à 10 h 43 min

    Justement celle-ci est compréhensible. Enfin, elle me parle. Mais j’avais aimé cette phrase de Luchini…pour au moins me sentir moins coupable sur d’autres lectures poétiques plus impénétrables. Je ne suis pas une spécialiste de ce genre.
    En tout cas, ce recueil mérite de s’y attarder.



18 mars 2015 à 19 h 17 min

Bacchus n’est donc pas loin….



19 avril 2022 à 22 h 20 min

J’ai découvert par hasard et j’ai tout de suite adoré. Un vrai bijou dont je me délecte !



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