Titre : Les femmes sont occupées
Auteur : Samira El Ayachi
Éditeur : L’Aube
Nombre de pages : 248
Date de parution : 5 septembre 2019

 

Changement de décor. L’homme, le mari, le père est parti. Laissant seule la mère avec son Petit Chose. Samira El Ayachi dépeint avec humour et réalisme le quotidien d’une mère célibataire.
 » Que deviennent les rêves des femmes une fois passées du côté de la maternité? »
La narratrice, auteur et metteuse en scène, ne voit plus aucune issue possible à sa vie personnelle.

Le jour de ses 33 ans, elle reçoit en lettre recommandée la demande de divorce. La répartition des charges ne prend en compte que l’argent. Le père, grand seigneur, laisse la garde de l’enfant à la mère. Ses engagements professionnels ne lui permettent même pas d’assurer un week-end sur deux. Pense-t-on aux ambitions professionnelles de la mère?

La justice est un homme et en plus l’absent sera glorifié par l’enfant grandissant. La mère rêve de s’accorder une soirée de repos. Comment danser, travailler, vivre, son enfant collé au corps. Sans dame de secours, sans aide sociale, sans épaule secourable pour se reposer.

Ce récit n’est pas celui du désespoir car l’auteur a beaucoup d’humour. Un humour qui n’en cache pas moins quelques vérités.

 » La femme moderne a une petite fenêtre de temps pour réaliser le quartet gagnant. 1) Réussir sa vie professionnelle. 2) Trouver le bon mec. 3) faire un ou deux enfants. 4) rentrer quand même dans un 36 avec des fesses super bombées. s’épanouir, dit-on. Se réaliser. S’émanciper. Le tout en très peu de  temps. »

Samira El Ayachi évoque toute la complexité du rôle de la femme moderne. Le besoin de se reposer sur une épaule forte, le conditionnement des femmes à rester dans leur rôle ancestral, la force de cette nouvelle génération qui fait peur aux hommes, l’envie légitime de maintenir ses jardins secrets ou de s’engager professionnellement sans culpabiliser sur l’instinct maternel, la peur du qu’en dira-t-on face au divorce. Il y a bien sûr, la difficulté de tout assumer pour les mères célibataires mais elle n’oublie pas que bon nombre de femmes en couple portent la famille sur leurs frêles épaules.

A l’heure où les femmes osent enfin mettre sur la table leur sac de linge sale sur les réseaux sociaux depuis l’affaire Weinstein, il est temps de faire évoluer la société, de crever le mythe de la famille normale. Les femmes sont-elles prêtes à assumer qu’elles n’ont à se soumettre à personne, même pas à leur enfant?

Un roman en apparence léger, qui soulève pourtant bien, non sans humour, la problématique actuelle.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

3 octobre 2019 à 15 h 13 min

Une lecture qui me tentait. Ton avis me donne envie de le lire.



belavalflorin
3 octobre 2019 à 15 h 26 min

Je l’ai lu et ai rencontré Samira toujours charmante; la réflexion est juste et le style vif et ironique; mais je ne peux que rapprocher ce livre de celui de sa copine Carole Fives: Tenir jusqu’à l’aube sorti l’an dernier. Les deux autrices ont des problèmes similaires comme toutes les mères « solo » et même comme toutes les femmes, bien que ça bouge. La justice en ce domaine (divorce, garde d’enfant) est encore faite par des hommes et pour les hommes (malheureusement les juristes femmes vivent encore trop souvent sur les mêmes clichés)



    5 octobre 2019 à 8 h 20 min

    Je n’avais ps lu le roman de Carole Fives mais j’en avais beaucoup entendu parler. Je suppose qu’il est plus « dramatique ». L’ironie aide parfois ( quand elle est bien utilisée) à toucher davantage



Ariane daphné
4 octobre 2019 à 22 h 20 min

Un sujet qui m’intéresse beaucoup! Je le lirais bien.
Daphné



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