Titre : Paradis
Auteur : Abdulrazak Gurnah
Littérature tanzanienne
Titre original : Paradise
Traducteur : Anne-Cécile Padoux
Editeur : Denoël 
Nombre de pages : 288
Date de parution : 1995 puis 12/2021

Roman d’apprentissage

Yusuf, douze ans quitte son village et sa famille pour suivre Oncle Aziz, un marchand prospère qui faisait commerce avec son père. Triste de quitter sa mère, il est toutefois enthousiaste à l’idée de partir découvrir le monde. Il ne se doute pas qu’il a été vendu par sa famille pour combler des dettes.
Logé dans le magasin tenu par Khalil, un adolescent esclave comme lui, Yusuf découvre l’amitié, la beauté du jardin d’Aziz, subit les avances de la vieille Ma Ajuza ou plus tard de la femme d’Aziz, visite la mosquée et se délecte des histoires des marchands et des vieillards.
Lors de la première expédition avec Aziz, l’enfant est laissé chez Hamid Suleiman. Là, il apprend le travail de la terre et suit l’enseignement du Coran. Il part dans les villages et les montagnes avec Hamid et son acolyte indien Kalasinga.  Il est submergé d’émotion face à une cascade.

Savais-tu que toutes les rivières de la terre prennent leur source des quatre rivières du Paradis?

La seconde expédition est plus difficile. Les tribus exigent de plus en plus de marchandises pour traverser leur sol. Beaucoup de porteurs sont tués ou meurent de maladie. Yusuf est capturé par un sauvage chef de village. Mais il apprend, grandit, devient conscient des dangers encourus par les marchands.

Tradition et colonisation

Abdulrazak Gurnah évoque toujours cette Afrique en pleine mutation. Forte de ses traditions et bouleversée par les diktats des colons. On retrouve ici la vie des marchands qui sillonnent le pays pour vendre tissus, épices et armes et acheter ivoire, cornes de rhinocéros.

Il n’y a pas plus intelligent que les marchands, ni de carrière plus noble que la leur. Le commerce maintient en vie.

Ils portent avec eux une certaine vision du monde, racontent des choses incroyables aux villageois. Avec eux, nous sillonnons un pays à la nature sauvage et belle.
La magie occupe une place importante. D’horribles cauchemars, potentielles prémonitions tourmentent Yusuf. Pour sa beauté, sa jeunesse, sa candeur, il est  un porte-bonheur et un présent convoité de tous.

Mais les Européens qui entendent bien prendre la place des marchands sont de plus en plus présents.

Nous allons tout perdre, et aussi notre manière de vivre. Les jeunes seront les grands perdants : il viendra un jour où les Européens les feront cracher tout ce que nous savons, et les obligeront à réciter leurs lois et leur histoire du monde comme si c’était la Parole sacrée . Quand un jour, ils écriront sur nous, que diront-ils ? Que nous avions des esclaves…

 

Un récit foisonnant

Yusuf est le personnage principal. Un enfant puis un adolescent très attachant. Avec lui, nous découvrons le pays, le travail des marchands, les liens sociaux.
Presque inconsciemment en exil, il est le symbole de ces enfants vendus comme esclave. Toutefois, en grandissant, il découvre la cupidité des marchands, l’ambition des colons, la place des femmes, l’islam, la beauté des jardins, la sauvagerie des tribus de la montagne.
Fort heureusement, il est un sympathique guide dans ce dédale d’aventures, dans ce monde en mouvement. Sa candeur offre un regard curieux, lucide, sans jugement sur ce monde et les turpitudes des humains.
Un monde, son monde bousculé par l’arrivée des soldats allemands. La fin est un peu abrupte. Yusuf trouvera-t-il la liberté?

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

belavalflorin
28 octobre 2022 à 17 h 29 min

c’est l’auteur qui a obtenu le prix Nobel? Il a surtout vécu en GB. Il attend dans ma PAL



1 novembre 2022 à 16 h 33 min

J’avais lu un autre roman de cet auteur dont j’avais adoré la langue et le récit. (Finalement, j’aime aussi la littérature africaine parfois).



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