Titre : Les ombres blanches
Auteur : Dominique Fortier
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 256
Date de parution : 11 janvier 2023

 

Emily Dickinson

Chacun connaît aujourd’hui les poèmes d’Emily Dickinson (1830-1886). Mais cette poétesse recluse à Homestead, sa demeure d’Amherst, n’a pratiquement rien publié de son vivant. Quelques jours avant sa mort, elle demande à sa soeur Lavinia de brûler tous ses écrits. Si Lavinia détruit sa riche  correspondance et ses journaux intimes, elle ne peut se résoudre à brûler ses carnets, toutes ses pages noircies de poèmes aux formes étranges.

Ces poèmes sont des ombres blanches, des textes tissés à même les silences entre les mots, une maison faite de fenêtres.

Faire vivre Emily

Lavinia est une vieille fille, désormais seule avec ses chats et ses fantômes dans la demeure d’Homestead. Mais à Amherst vivent aussi son frère Austin et Susan, sa femme. Susan, la meilleure amie d’Emily, est désormais une femme éteinte. Brisée par le deuil d’un enfant, elle est trahie par son mari qui a une liaison avec la jeune Mabel, l’épouse d’un professeur d’astronomie du collège d’Amherst.
Lavinia souhaite faire publier les poèmes de sa soeur. Mais Thomas Higginson, écrivain et maître d’Emily, juge indéchiffrable les écrits disparates de la poétesse.

Ce que Mabel pressent et que Higginson se refusera toujours à voir, c’est qu’Emily n’a jamais écrit autre chose que des moitiés de poèmes : l’autre demi appartient à qui le lit, c’est la voix qui se lève en chacun pour lui répondre. Et il faut ces deux voix, la vivante et la morte, pour faire le poème entier.

Comme Susan, anéantie, ne peut prendre en charge ce travail de déchiffrage, elle confie cette lourde tâche à Mabel.

 

Des personnages qui s’ouvrent

Dominique Fortier crée une jolie atmosphère. Sous l’ombre des disparus, et la meurtrissure des vivants, nous découvrons toute la délicatesse des personnages. Au fil du travail, de l’émergence de la poésie, de la perception d’un héritage, les personnalités s’ouvrent à la vie. Amours naissantes, vocation révélée, maternité retrouvée sous le regard touchant d’une petite fille réceptive à la beauté du monde. Millicent, la petite fille de Mabel, curieuse de son environnement grâce au regard de son père, a cette formidable perception de voir le beau et de le transmettre.

On n’écoute pas assez les morts ni les enfants- ni les oiseaux.

En plus de découvrir comment l’oeuvre d’Emily Dickinson fut portée à l’immortalité, j’ai croisé ici des personnages d’une grande sensibilité. Une belle sensation qui donne envie de lire Les villes de papier, premier tome consacré à la vie d’Emily Dickinson.

 

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

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