Titre : Chien 51
Auteur : Laurent Gaudé
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 304
Date de parution : août 2022
Un polar dystopique
En 2008, la Grèce est au bord de la faillite. Laurent Gaudé s’empare de cette incroyable événement historique pour créer une dystopie percutante.
GoldTex, puissant consortium, rachète la Grèce après une mise à sac du pays et la récupération de main d’œuvre bon marché.
Zem Sparak fait partie des migrants. Arrivé à vingt-quatre ans à Magnapole, il fait partie de la section d’assaut qui matera les émeutes avant d’être affecté au service des enquêtes internes de la zone 3.
Magnapole
Magnapole est une immense ville séparée en trois zones. Les puissants, greffés pour gagner en longévité, vivent en zone 1. La zone 2 est le lieu de la classe moyenne. Un immense dôme climatique les protège des intempéries et pluies acides qui ruinent la zone 3.
Pourtant, partout, dans cette ville sans humanité, chacun se tire dans les pattes. Les Lovedays , journées de débauche organisée, ne suffisent plus à donner un sens à la vie des « cilariés ».
Pourtant, à l’image d’Ira Cuprack, les habitants de la zone 3 rêvent de passer en zone 2. Elle, vend son corps mais d’autres se ruinent en participant à la loterie Destiny.
Une enquête palpitante
En pleine campagne électorale pour élire le remplaçant d’El Fatong à la Commission directoire de GoldTex, Zem Sparak, flic « chien » trouve un corps éventré dans les décharges citoyennes de la zone 3.
Mais il se retrouve « verrouillé » avec Salia Malberg, flic du pôle d’intervention de la zone 2. Ce système de verrouillage a été mis en place par Barsok, candidat aux élections, afin de rapprocher les zones. Bien différents, ils vont devoir coopérer sur cette enquête à haut risque, impliquant les politiques en guerre électorale.
Des personnages percutants
Dans cette ville créée de toutes pièces, les habitants ont pourtant un passé.
Zem Sparak traîne une lourde culpabilité et se meurt de nostalgie pour le pays de son enfance. Heureusement, il peut parfois s’y replonger en se rendant à la salle de rêve. Là, sous l’effet de drogue puissante, armé d’un casque virtuel, il revit son passé. Nous comprendrons ainsi la signification du titre de ce roman.
Salia Malberg doit sa réussite en zone 2 au commissaire qui l’a sauvée de la zone 3 où elle est née. Elle garde en elle une volonté d’être humainement à la hauteur face à ses collègues masculins. Tenace, elle s’implique totalement aux côtés de son chien, tempérant son côté hargneux.
Avec ce roman noir dystopique, Laurent Gaudé sort de son univers. Mais son talent littéraire m’emporte une fois encore. Parce que dans ce monde imaginaire, l’auteur cible justement les dérives de notre société. Clivages sociaux, guerres politiques, dérèglements climatiques. Un monde qui court à sa perte sous l’aveuglement d’égoïstes avides de pouvoir, de profits et d’immortalité . Une lecture addictive et inspirée.