personneTitre : Personne
Auteur : Gwenaëlle Aubry
Éditeur : Mercure de France
Nombre de pages : 159

Le hasard des lectures m’a une nouvelle fois guidée vers un hommage d’une fille à un parent disparu.
Gwenaëlle Aubry retrace la mémoire de son père, François-Xavier Aubry, éminent juriste et professeur, en un abécédaire. C’est donc vingt-six facettes de sa vie, remémorée par la lecture et la
transmission des mémoires à romancer que son père a écrit tout au long de sa vie.
L’auteur reste vague sur la maladie de son père, qu’elle nomme « folie ». En fait, son père souffrait d’une psychose maniaco-dépressive qui l’a conduit à sa perte.
On comprend que son père est devenu « fou » par la dissonance entre sa nature et son état.Il refusait le côté bourgeois de sa famille, le sérieux de son métier d’avocat. Il a choisi de passer de l’autre côté, du côté des marginaux, de sombrer dans l’alcool et la malnutrition.
Il est resté figé à l’âge de cinq ans puis il s’est composé d’une multitude intime (« le troupeau de son âme« ) face « à son moi toujours échappé ».
L’auteur, en évoquant ses souvenirs « change l’absence en mémoire« . Elle évoque les différents « masques » (personna en latin) de son père.
Le style de l’auteur est très littéraire avec de longues phrases poétiques. C’est un écrit intelligent et admirable.

Extraits
 » J’ai porté pour différer sa mort, ce portrait en vingt-six angles et au moi échappé, mon père n’était pas comme les autres, il était les autres, il ne voulait pas s’en faire aimer, tous
l’habitaient simultanément…. »

« il ne lui reste alors qu’à regrouper le troupeau de son âme, tous, le mouton noir et le cheval blanc, le renard apprivoisé et les moineaux ivres, la mule harassée et les poissons volants, les
recueillir, les abriter, se dépouiller de leurs crocs, de leurs griffes.…. »

C’est un très bel hommage, intime et respectueux.

Auteur

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