Titre : Dans une coque de noix
Auteur : Ian McEwan
Littérature anglaise
Titre original: Nutshell
Traducteur : France Camus Pichon
Éditeur : Gallimard
Nombre de pages : 212
Date de parution : 13 avril 2017
Dans son dernier roman, Ian McEwan nous questionnait, par l’intermédiaire d’une juge aux affaires familiales sur l’intérêt de l’enfant lors des bouleversements du couple . Avec Dans une coque de noix, celui-ci est complètement ignoré des parents.
Le narrateur, fœtus dans le ventre de sa mère, en est d’ailleurs fort contrarié. A quelques semaines de l’accouchement, le fœtus se retrouve en plein complot digne du chef d’œuvre de Shakespeare, Hamlet.
Sa mère, Trudy a quitté son père, John Cairncross, un grand gaillard, poète en mal de reconnaissance, pour vivre avec Claude, le frère de John, un promoteur immobilier au discours fade et ennuyeux. Vous l’avez compris, in utero, l’enfant voue une admiration à son père et déteste cet amant qui représente tout de même un quart de son génome.
D’autant plus que ce dernier envisage de tuer John afin de pouvoir vendre la propriété familiale et abandonner l’enfant à naître avec la complicité de Trudy.
Le fœtus a une grande maturité ( Amélie Nothomb serait ravie de constater qu’elle n’est pas seule à considérer le fœtus avec la conscience et l’intelligence d’un adulte). Bien sûr, il entend toutes les conversations mais il ressent aussi les émotions de sa mère traduites et propagées dans son corps. Il profite aussi de cet éveil au monde grâce aux émissions radiophoniques qu’écoute Trudy. Drôle de monde avec ses conflits mondiaux, cette crise existentielle européenne, le changement climatique, le terrorisme. Tableau bien pessimiste alors que l’humanité n’a jamais été aussi riche!
Un complot familial, un monde pessimiste, faut-il donc naître?
« Avoir une conscience est un cadeau empoisonné ».
Heureusement, protégé dans le ventre de sa mère, le fœtus perçoit aussi les bonnes choses de la vie et notamment la dégustation d’un bon vin ( sa mère lui permet de devenir un grand œnologue!), les extraits de poésie et même les plaisirs sexuels, quoique sentir le pénis de son oncle à quelques millimètres de son crâne est toutefois dérangeant.
Avec cet exercice assez singulier, Ian McEwan propose un récit qui ne manque pas d’humour. Transformant ce complot macabre de tentative d’assassinat du père en une farce qui hésite entre la tragédie et la comédie.
C’est un peu ce qui m’a gênée dans cette lecture. Je suis partie confiante, envoûtée par le style chaleureux de l’auteur, l’originalité du choix du narrateur, la conscience éveillée de ce fœtus qui a une grande lucidité sur son environnement proche et une analyse certes basique mais éclairée sur le monde actuel. Comment ne pas être charmée par ces descriptions voluptueuses de dégustation d’un Romanée-Conti ou amusée par les figures des ébats sexuels des amants?
Puis cette histoire de meurtre tourne un peu en rond, avec la valse des désirs et des regrets qui a toutefois le mérite de dévoiler les véritables caractères des personnages mais toujours avec cette légèreté de ton qui me séduit moins que la puissance de la tragédie.
Alors, comme d’habitude, l’écriture est superbe, l’exercice est original mais cela ne sera pas pour moi le meilleur de McEwan. Enfin celui que je préfère même si je n’ai pas boudé cette lecture.
Lu dans le cadre de la lecture commune sur l’auteur pour le Mois anglais.
Commentaires
L’histoire a l’air très particulière… Je ne suis pas certaine de me laisser tenter mais je suis très intriguée.
Un être pensant avant d’être né. Qui ressent des choses, sûrement
J’ai trouvé long le seul roman que j’ai lu de cet auteur. Mais cet exercice m’attire bien !
Il a son univers, parfois un peu scabreux et une vision assez « psychanalytique » ou un discours introspectif, plutôt, qui ne plaît pas à tout le monde
ça dépend peut-être aussi de ce qu’on recherche en lecture, il faut trouver le bon moment.
Ta chronique m’intrigue, bien envie de découvrir ce drôle de roman… c’est pour le moins original un foetus narrateur !!
Oui ce n’est pas courant. Amélie Nothomb donne souvent des pensées très matures aux bébés. Mais donner la parole à un foetus est effectivement original.
Oui! J’avais d’ailleurs adoré Métaphysique des tubes!
Tu as raison, pas le meilleur mais un bon moment quand même !
Là,je suis intéressée
Envie de savoir ce qui se passe dans la tête d’un foetus? Enfin, selon McEwan?
et bin tout un theme….et une drole de mere didonc…..cela pourrait etre interessant….une sorte de polar….
Oui ils tentent le crime parfait.
je suis assez d’accord avec toi, la fin était prévisible et j’ai trouvé qu’il se montrait presque pédant ici, ce Monsieur McEwan…
Cet auteur me fait de l’œil depuis longtemps…un jour, il faut que je me lance!
Oui, un auteur à lire
Des avis vraiment très mitigés sur ce roman. Je ne sais pas si je le lirai, finalement.
Selon moi, ce n’est pas le meilleur mais tout cela est question d’univers