Titre : La maison
Auteur : Emma Becker
Editeur : Flammarion
Nombre de pages : 384
Date de parution : 21 août 2019

« Et que Calaferte me pardonne de l’avoir si mal compris en le lisant à quinze ans; ce n’est ni un caprice ni un fantasme d’écrire sur les putes, c’est une nécessité. C’est le début de tout. Il faudrait écrire sur les putes avant que de pouvoir parler des femmes, ou d’amour, de vie ou de survie.  »

On parle mieux de ce qu’on a vécu. Mais quel courage insensé de rejoindre pendant plusieurs années une maison close afin de parler de ce qu’y vivent les femmes. A vingt-trois ans, auteure de deux romans, Emma Becker part à Berlin où la prostitution est encore légale. Elle commence à travailler au Manège, un endroit sans âme où le client est rare et les patrons inquiétants. C’est là qu’elle initie son livre.

« si j’étais restée au Manège aux côtés de Milo et de son harem aux yeux blessés, j’aurais écrit un livre terrible, déjà lu mille fois. »

Par contre, à la Maison, elle trouve une famille et y reste deux ans. Emma Becker nous parle de ces femmes, très jeunes ou mères de famille, sensuelles, sculpturales ou généreuses. L’idée est de découvrir quelle femme se cache derrière la prostituée.

« Ce sont les filles qui me retiennent ici, leur histoire. Je reste accrochée à l’envie de les déchiffrer. »

Les hommes, les clients sont moins à l’honneur. Laid, timide, père de famille en manque, habitués, violent, amoureux, chaque homme vient expulser ses fantasmes de violence, de domination  ou vivre ce qu’ils ne trouvent pas ailleurs.

« le bordel, au fond, ce n’est qu’un miroir grossissant où tous les défauts, tous les vices des hommes tempérés par le quotidien deviennent assourdissants.  »

Ce roman, sans faire l’apologie de la prostitution, reconnaît sa valeur de soupape de sécurité dans la société. Et on peut ici l’admettre tant les prostituées semblent épanouies et libres de choisir leur condition de travail. La violence et le non-choix sont largement édulcorés.

Fort heureusement, l’auteur précise bien que son roman « n’est pas une apologie de la prostitution. Si c’est une apologie, c’est celle de la Maison, celles des femmes qui y travaillaient, celle de la bienveillance. »

Avec quelques longueurs et un flou sur le passé amoureux d’Emma, ce roman reste un témoignage remarquable, « un livre où elles seront toutes belles, toutes héroïques, où l’ordure deviendra noblesse. »

La maison a obtenu les prix Blù Jean-Marc Roberts, Romannews Publicis drugstore 2019 et Prix du roman des Etudiants France Culture Telerama 2019.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

30 décembre 2019 à 20 h 00 min

j’aurais un peu de mal à lire ce livre je crois mais tu me rends curieuse tout de même…



31 décembre 2019 à 15 h 05 min

Je l’ai pris, j’ai lu quelques pages et je l’ai refermé…… Pas pour moi…. Je trouve très dérangeante la démarche 🙁



uneviedevantsoi
31 décembre 2019 à 17 h 19 min

Ma prochaine lecture…je suis très curieuse depuis son passage à la Grande Librairie. L’auteure était touchante même si la démarche est dérangeante.



2 janvier 2020 à 18 h 59 min

Oui, la démarche est dérangeante car je suppose que l’on ne sort pas d’une pareille exposition et expérience sans dommage



2 janvier 2020 à 20 h 31 min

Pourquoi pas. J’ai davantage envie de lire des romans plutôt que des autofictions ou des enquêtes… mais let’s see!



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