Titre : Milwaukee blues
Auteur : Louis-Philippe Dalembert
Editeur : Sabine Wespieser
Nombre de pages : 288
Date de parution : août 2021

 

Chronique d’une mort annoncée

Dans le quartier de Franklin Heights ( Mikwaukee, Wisconsin), un gérant de supérette regrette d’avoir dénoncé un client muni d’un faux billet. L’homme noir accusé succombe par étouffement, asphyxié sous le genou d’un policier. Louis- Philippe Dalembert s’inspire du meurtre de George Floyd mais donne à son héros le nom d’Emmett, comme Emmett Till, un adolescent assassiné par des racistes du Sud en 1955. Dans un roman polyphonique, chacun s’exprime sur la vie d’Emmett. Né dans un quartier difficile mais promis à une belle carrière sportive, le jeune homme n’a pu échapper à son destin.

Les témoins d’un parcours

Depuis la récession des années Reagan, les jeunes des quartiers défavorisés n’ont plus aucun avenir. Une institutrice blanche, deux amis d’enfance témoignent de la difficulté d’être noirs dans un tel quartier.

C’est comme ça ici. Aux yeux des keufs, avant d’être un môme, t’es noir.

La parole est ensuite donnée à ceux qui ont connu le futur champion de football. Le coach accueillant, la petite amie témoigne d’un avenir possible malgré les difficultés d’insertion dans le monde des Blancs.

Du jour au lendemain, voilà le petit gars d’un ghetto noir de Milwaukee, élevé dans la foi pentecôtiste par sa mère, catapulté dans un univers de Blancs catholiques issus de classes moyennes élevées.

Emmett connaît le racisme qui oblige à raser les murs suite au seul regard de ceux qui n’ont même pas à l’insulter. Puis l’injustice du destin entrave les rêves du jeune homme, le ramenant vers son quartier natal.

On ne devrait pas revenir sur ses pas quand on a échoué à accrocher ses rêves à la hauteur de ses ambitions au moment du départ.

L’enterrement et la marche

A l’issue de ces témoignages aux différents styles, Ma Robinson, ancienne gardienne de prison devenue pasteure prend la direction du récit. Aidée des amis de jeunesse et de jeunes étudiants aguerris aux réseaux sociaux, elle prépare la cérémonie et la marche pour la justice. Tous veulent  un rassemblement sans frontières. Mais dans cette Amérique gouvernée par Donald Trump, peut-on déjà croire aux rêves de justice, d’humanité et d’égalité?

J’ai beaucoup aimé la construction de ce roman. En enchaînant les points de vue, l’auteur brosse le portrait d’un homme qui a cru à un autre destin. C’est bien sûr le constat impitoyable d’une impossibilité pour certains à accéder au rêve américain. Mais c’est surtout un hommage poignant à Georges Floyd et à tous ceux dont la vie compte quelque soit leur couleur de peau.

Auteur

contact@surlaroutedejostein.fr

Commentaires

11 octobre 2021 à 14 h 47 min

On voit beaucoup ce roman, sélectionné ici et là, on en connaît le sujet mais finalement je crois bien que c’est le premier avis que je lis. Ton avis me rassure ! 😉



    14 octobre 2021 à 9 h 37 min

    Il ne semble pas avoir séduit une majorité parmi le jury du Prix Landerneau mais tous ne commentent pas sur le groupe dédié. Pour moi, après la lecture de Mur Méditerranée ce fut une belle surprise



11 octobre 2021 à 15 h 25 min

Un rapport aussi avec Emett Till.





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